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Plus on avance dans la discographie de Black Sabbath et moins les albums ont marqué les esprits du grand public comme les deux premiers albums ont su le faire (à l’exception de Sabbath Bloody Sabbath, peut être). Alors qu’au contraire, Plus Black Sabbath avance (jusqu’à un certain point), plus il se rapproche de la perfection.
La formation d’Ozzy continue sa route avec la suite logique de Master Of Reality. Elle puise toujours dans la lourdeur, le noir et le malsain. Néanmoins, elle va encore plus loin et propose un album un brin meilleur que son prédécesseur. Comme lui, Vol. 4 est tout sauf immédiat, peut être même encore moins. Master Of Reality avait encore pour lui ce « Sweet Leaf » d’entrée qui faisait mouche dès la première écoute. Ici tous les titres se révèlent au fil des écoutes pour ne plus vous lâcher. Encore faut-il faire l’effort de disséquer ce monstre.
Black Sabbath est réputé pour commencer ses albums par un titre marquant, devenant très vite un classique. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cet album est l’exception qui confirme la règle avec les huit minutes de « Wheels Of Confusion/The Straightener » débutant par un solo tout au toucher de maître Iommi. Choix surprenant tant Black Sabbath nous avait habitué à nous plaquer par terre avec un gros riff de derrière les fagots mais pas là, le groupe fait, ainsi, preuve d’un raffinement certains. Et ce n’est pas la bouleversante ballade au piano « Changes » qui fera passer ce groupe pour une bande de gros boeufs le nez plein de poudre. Ce qu’il est pourtant (on dit, par ailleurs, que cet album a coûté plus cher en cocaïne qu’en production). Black Sabbath Vol. 4 devait s’appeler à la base Snowblind à cause de la chanson du même nom, véritable ode à la cocaïne. Etrangement, le label a refusé. Pourtant, ce titre est tout à fait dans l’élan de grâce que Black Sabbath veut nous montrer sur cet album notamment avec ce solo fabuleux qui le conclue.
Vol. 4 est la parfaite combinaison de ce que Black Sabbath a fait sur ses trois premiers albums. Un mix entre les sons Heavy, Stoner, Doom et Blues. Le groupe n’est pas du tout en phase avec son époque, il est largement en avance et le fait de se droguer de plus en plus ne le sort pas de sa bulle remplie d’inspiration. On n’a sûrement pas vu Black Sabbath afficher une aussi bonne santé musicale depuis ses débuts. Tout se révèle et devient évident au fur et à mesure des écoutes. La folie est parfaitement canalisé mais est bien présente et se fait même un peu plus ressentir que sur Master of Reality. Est-ce le travail sur la basse et sa manière de sonner (le bong bong sur «Supernaut» faisant toute la différence) ou encore un Tony Iommy inspiré comme il ne l’a jamais été ?
Quoi qu’il en soit, Vol. 4 contient des titres parmi les plus sous estimés de la carrière du groupe à commencer par « Supernaut » et son riff Heavy ravageur. Cet album, c’est aussi des morceaux d'une noirceur comme Black Sabbath n’en avait plus composé depuis « Black Sabbath » à l’instar de « Cornucopia » et surtout « Under The Sun/Every Day Comes And Goes » franchement malsaine. Cette noirceur que l’on retrouvera plus tard dans les groupes de Doom Traditionnel comme Saint Vitus. Tiens, n’y a t-il d’ailleurs pas un morceau du nom de «St. Vitus Dance » sur Vol. 4 ? Encore une fois, étrange. C’est sur cet album que Black Sabbath va le plus influencer les scènes Doom Metal et Stoner des années 80 et 90 comme Witchfinder General, plus célèbre descendant des Sab’.
Ceci, dit, dans toutes cette noirceur, on trouve toujours des passages lumineux, gracieux. Je ne vais pas vous reciter les morceaux susnommés dans le troisième paragraphe mais j’ai plutôt envie de parler cette superbe manière dont Black Sabbath met un point d’honneur à conclure cet album. « Under The Sun/Every Day Comes And Goes » finit par un riff mélodique annonciateur d’espoir dans ce monde très sombre. La lumière au bout du tunnel.
Black Sabbath Vol. 4, c’est le plus sous-estimé des albums du quatuor britannique alors qu’il est justement, son album le plus profond et le plus réussi de la période Ozzy. Malheureusement, beaucoup préfère la spontanéité de Paranoid et oublie de se plonger dans le reste de la discographie avec le lourd tribut de passer à coté de cette merveille.
1. Wheels of Confusion / The Straightener
2. Tomorrow’s Dream
3. Changes
4. FX
5. Supernaut
6. Snowblind
7. Cornucopia
8. Laguna Sunrise
9. St. Vitus’ Dance
10. Under the Sun / Every Day Comes & Goes