Draconian + Nailed To Obscurity + Fragment Soul @Paris
Backstage by The Mill - Paris
"The sound of falling, when the pictures are moving"
Alors que les tops de fin d’année ne vont pas tarder à fleurir, nous terminons la nôtre sur les chapeaux de roue en vous abreuvant de live reports en veux-tu en voilà. Après l’impressionnant spectacle de Wardruna et l’énergie de Moonspell et Dark Tranquillity, on se retrouve un vendredi soir de novembre, pour une soirée sous le signe du romantisme gothique de Draconian, de la lourdeur de Nailed To Obscurity et des atmosphères vaporeuses de Fragment Soul !
Fragment Soul
Encore une fois pour un concert au Backstage y The Mill, je dois faire face à un énième problème de transport qui me fait rater une partie de Fragment Soul, projet d’origine grecque qui ouvre la soirée. Arrivé en cours de set, je n’assisterai donc qu’aux cinq dernières chansons. Mais compte tenu d’un temps de jeu assez court (première partie oblige), ce fut amplement suffisant pour 1- avoir une bonne idée de l’univers du groupe. Et 2- trouver cela assez intéressant pour aller creuser plus tard. Décrit comme du « progressive doom » par ses membres, on a plutôt affaire à de la musique atmosphérique aux teintes nocturnes et intimistes, qui rappellent un Katatonia, mais sans son aspect metal. Point de riffs ici, puisque les guitares se contentent de créer des boucles aériennes et des nappes d’ambiance très réussies. Mêlées aux voix aériennes du chanteur et de la chanteuse, ces dernières réussissent à nous saisir et à nous garder réceptifs. Et cela, malgré une dose de doom et de riffs metal assez résiduelle, ce qui contrastera pas mal avec la suite de la soirée. Une donnée d’autant plus profitable qu’elle permet à Fragment Soul de quitter la scène en nous laissant apaisés et sereins. Et il faut au moins cela quand on voit ce qui va suivre…
Nailed To Obscurity
Car ce qui suit, c’est le doom death imposant de Nailed To Obscurity. Depuis leur signature chez Nuclear Blast, les Allemands ont fait leur trou dans la sphère doom death mélodique, pour en devenir une valeur recommandable et carré dans la manière qu’ils ont de pratiquer leur art. Et cela, tout en réunissant la plupart des ingrédients issus des différentes chapelles du doom extrême. Deux choses que l’on retrouvera assez tôt dans leur set. Aidé par une mise en son ronde et parfaite, les vingt premières minutes permettent au groupe de nous dévoiler tout son éventail musical. Des rythmiques implacables, enrichies par des leads lancinants propres au doom/death anglais des 90‘s et appuyées avec des growls d’une pureté et d’une précision assez impressionnante.
Tout ce que fait Nailed To Obscurity suinte le professionnalisme et l’application. Et c’est peut-être là où se situe le gros défaut du concert. Car passé la première demi-heure, on est progressivement gagné par un sentiment d’ennui et de lassitude, face à une musique qui, bien que parfaitement jouée, ressemble trop à du déjà entendu chez beaucoup d’autres groupes de la même scène. Une habitude dans ce genre de musique, me direz-vous. Sauf que, contrairement à notre bande teutonne ce soir, la plupart des copycats de Swallow The Sun, My Dying Bride ou Draconian possèdent au moins une chose pour compenser leur manque de créativité : une émotivité toujours sur le fil et qui prend aux tripes. Une chose que Nailed To Obscurity n’a pas réussi à atteindre, en dépit de la rigueur et de la minutie apportée à sa prestation. Dommage.
Setlist :
King Delusion
Clouded Frame
Resonance
The Aberrant Host
Liquid Mourning
Protean
Deadening
Road to Perdition
Draconian
Si certains groupes finissent par nous lasser à force de les voir sur scène, il y en a d’autres que l’on pourrait revoir au moins dix fois sans éprouver le moindre ennui. Me concernant, Draconian fait partie de ceux -là. Si les Suédois sont habitués des rythmes de croisière sur album, leurs prestations live demeurent elles aussi d’une qualité constante. Comme Nailed To Obscurity, c’est très professionnel, carré, propre et massif en terme de son, mais avec ce qu’il faut d’émotionnel et de poésie noire pour ne pas décrocher du concert. De retour à Paris un an et demi après sa tournée avec Swallow The Sun, le groupe célèbre ici ses 30 ans d’existence. Trente ans au service d’un doom death mélodique à l'esthétique gothique, où la nature plombée du style côtoie la fragilité la plus pure et angélique. Trente ans que Draconian va balayer en piochant au moins 1 titre issu de ses six albums. Et je pourrais presque m’arrêter là. Car dans le fond, je n’ai pas grand chose à rajouter à mon laïus du début. Pendant 1h30, Lisa Johansson et les siens vont donner une leçon de doom death, où toutes leurs facettes vont se côtoyer dans un océan de rythmes monolithiques.
On passe de l’ambiance sinueuse de « The Cry of Silence » aux hymnes doom de Sovran, pour enchaîner sur les rêveries à fleur de peau que sont « Morphine Cloud » et « Bloodflower ». Le duo Lisa/Anders fonctionne toujours aussi bien, et j’oserai même dire bien plus que sur album. Car je n’ai jamais été très fan de ce qu’elle pouvait proposer sur disque, et encore moins du fait qu’elle soit malheureusement souvent reléguée au second plan par rapport aux growls d’Anders. Sur scène, en revanche, c’est tout le contraire. Elle n’hésite pas à s’imposer aux côtés de son homologue, pour nous offrir des lignes vocales habitées. On pense à celles de l’hymne « Bloodflower » et de la déchirante « Pale Tortured Blue ». Les deux exraits de Under a Godless Veil joués se chargent d'envelopper l'audience dans le même concon sonore cotonneux qui caractérise aussi l'album. Et c'est d'ailleurs sur l'évocateur « The Sethian » que Draconian concluera son set comme pour faire honneur à sa nature bipolaire. Entre puissance, émotion et subtilité. Merci et vivement la prochaine fois !
Setlist :
The Cry of Silence
Heavy Lies The Crown
Deadlight
Heaven Laid in Tears
Morphine Cloud
Bloodflower
Night Visitor
Earthbound
Daylight Misery
Pale Tortured Blue
Death, Come Near Me
The Sethian
Un grand merci à Garmonbozia pour l'organisation du concert et pour l'accréditation !