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Une année musicale ne peut être qualifiée de bonne s'il n'y a pas eu une bonne sortie Doom Death. J'étais donc déçu mais, en réalité, j'étais passé complètement à coté de celle-ci. Pourtant ce n'est pas la faute du groupe qui a signé sur le label Season of Mist pour sortir son nouvel album. Nous venant du Chili, Mar De Grises était un des grands noms de la scène Doom Death underground, il faudra désormais s'attendre à en entendre plus parler surtout que Swallow The Sun a pas mal déçu avec son dernier album, New Moon. Mar De Grises, lui, n'a pas laissé sa chance avec Streams Inwards.
Si je parle de Swallow The Sun dans l'introduction, ce n'est pas un hasard car les Finlandais restent la plus grande influence de Mar De Grises avec Saturnus et My Dying Bride. On est donc plongé dans un Doom Death Mélodique pendant plus de cinquante six minutes en comptant le titre bonus « Aphelion Aura ». Mar De Grises arrive tout de même à se forger sa propre identité même si les spectres ne sont pas loin en créant un univers d'introspection cosmique.
C'est d'ailleurs par un riff et un titre on ne peut plus Swallow The Sun-esque que Streams Inwards démarre. « Starmaker » et même le titre qui suit, « Shining Human Skin » ne peuvent pas sonner plus finlandais... Mais des Finlandais qui seraient en très grande forme, ce qui n'était pas le cas sur New Moon. Sur ces deux morceaux, Mar De Grises reprend une recette vieille comme le Monde (enfin presque...). Globalement la première partie de l’album (jusqu’à « Sensing The New Orbit » inclus) est dans un registre violent et mélodique. Ce sont les claviers qui font la différence et développent l’univers spatial avec ses sons électroniques rappelant Ulver. A l’exception faite de « The Bell And The Solar Gust » et son riff presque Thrash qui fait nous fait nous élever tel un décollage de fusée. Mais cette moitié d’album, aussi bonne soit elle, n’est qu’une mise en bouche.
C’est avec la seconde partie de Streams Inwards que l'expression introspection cosmique prend tout son sens. Au travers des quatre derniers morceaux, on sent enfin la sensation de néant. Et ça, peu de formations ont su le faire ressentir jusqu’à présent. On se retrouve dans la peau d’un astronaute dérivant dans l’espace infini au milieu du vide voyant toutes sortes de beautés mais qui sent sa mort arriver. Sa vie, faîte de bons et surtout de mauvais moments, défile devant lui et c’est dans un profond chagrin que son corps s’éteint.
Autrement dit, les morceaux ralentissent et durent plus longtemps. De ce fait, les ambiances sont encore plus profonde et prennent vraiment aux tripes. « Catatonic North », « Knotted Delirium », « A Sea Of Dead Comets » et « Aphelion Aura », aussi différentes soient elles, deviennent des références du genre.
« Catatonic North » est le premier titre à commencer calmement avec guitare acoustique, piano et chant clair avant un refrain des plus torturés. Ce titre est sûrement celui où la voix claire est le mieux mise en valeur car il faut bien avouer que sur les premiers titres, ce chant est quelque peu brouillon.
« Knotted Delirium » est le titre le plus psychédélique de l’album et le plus novateur dans le son. Comme si Sverd, le claviériste d’Arcturus faisait une incursion dans la musique du groupe. Le clavier est au premier plan et couplé aux violentes guitares, cela donne un résultat ravageur.
« A Sea Of Dead Comets » revient à un Doom Death plus classique mais là encore, terriblement prenant qui conclut à merveille cet album avec ce riff final absolument fabuleux et bouleversant.
N’oublions pas le titre bonus « Aphelion Aura », une perdition cosmique où un très beau chant féminin prend la place de celui de Juan. La musique n’est plus du tout violente et on est presque dans une atmosphère Trip Hop où la basse prend le pas sur les guitares. Un morceau qui aurait mérité mieux que d’être un simple bonus mais où pouvait-il le mettre sur cet album ? Il fait vraiment office d’ovni.
Streams Inwards dévoilent, au mieux, les deux personnalités de Mar De Grises. L’une violente, brutal et accessible mais encore trop influencé par Swallow The Sun et l’autre plus posée, contemplative, profonde et intéressante. Un album entier de titres de cette qualité donnerait lieu à un monument du genre. En attendant, on a seulement un très bon album mais encore de qualité trop inégale.
1. Starmaker
2. Shining Human Skin
3. The Bell And The Solar Gust
4. Spectral Ocean
5. Sensing The New Orbit
6. Catatonic North
7. Knotted Delirium
8. A Sea Of Dead Comets
9. Aphelion Aura