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Album

26 novembre 2024 - Circé

Devin Townsend

PowerNerd

LabelHevyDevy / InsideOut Music
styleMetal Progressif
formatAlbum
paysCanada
sortienovembre 2024
La note de
Circé
6.5/10


Circé

hell god baby damn no!

Devin Townsend n'a pas sorti d'album depuis 2022. Deux ans sans album, pour notre canadian hyperactif ? Ça fait tout de même beaucoup. Vous le savez peut-être si vous le suivez un peu, il travaille depuis un bon moment déjà sur le fameux projet The Moth, qu'il décrit comme l'oeuvre musicale d'une vie, et qui verra le jour sous la forme d'une performance unique aux Pays-Bas en mars 2025 avec orchestre symphonique. Malgré cet énorme chantier, il semblerait que Devin ait tout de même trouvé le temps de composer, enregistrer et sortir un nouvel album, PowerNerd. Un album qui a apparemment été fait avec une deadline très serrée du label, et composé de son côté en... 12 jours.

Après un Lightwork si calme, appaisé et lumineux, on se doutait bien que ce prochain album irait dans une direction totalement opposée. C'est en tout cas ce qu'annonçait l'artiste : un album simple et efficace, rentre dedans et fun, avec l'idée d'un hommage au vieux hard rock des 80s qui l'a formé dans sa jeunesse.

Ça, c'était sur le papier.

PowerNerd tient plus du bingo des clichés de Devin Townsend que de l'hommage aux 80s. Morceaux sur-saturés de murs de son, arrangements dans tous les sens si bien que tous les éléments y semblent noyés... On passe des morceaux épiques et surchargés à la Transcendence, comme « Jainism », aux ballades mielleuses et positivistes comme « Gratitude », en passant par des petits interludes aériens à la Terria sur « Glacier » ou « Ubelia ». Ces moments sont d'ailleurs vécus comme des respirations avant de nouvelles montées en puissance qui... justement, manquent de vraie puissance. D'originalité, de mélodie, de quelque chose qui accroche l'oreille et fait palpiter. « Gratitude » ou « Falling Appart » pourraient bien être touchantes, si tout n'était pas autant saturé d'effets et si elles n'étaient pas entourées de morceaux défouloirs comme « Knuckledragger » ou « PowerNerd ». De plus, on a l'impression de ne jamais vraiment entendre l'homme chanter : sa voix est constamment boostée d'effets, encore plus que d'habitude. Et sur les rares passsages où son chant est « au naturel », il est si doux et faible qu'il se retrouve noyé dans le reste.

Pour donner un peu plus de contexte, Devin explique, dans la version commentée de l'album, que ce qui devait être un projet simple s'est transformé en mental breakdown du fait de plein d'événements personnels arrivés en parallèle de la composition. Et oui, ça explique cette inconsistance dans la musique, cette volonté de faire des morceaux très explosifs et démonstratifs qui se prennent le mur en changeant de ton d'un titre à l'autre, et surtout, en se repliant sur les plus gros tics de composition de sa carrière. PowerNerd devient un peu un entre deux, ni l'album fun et défouloir qu'on nous avait promis, ni un album personnel, intime et sentimental en phase avec ce qu'il semble vouloir communiquer lorsqu'il parle du résultat. Il est dur de ressentir grand chose, en particulier comparé à la tornade d'émotions diverses que peuvent être nombre de ses oeuvres. On a ici juste l'impression de se noyer dans une marée de distortion. On en retiendra tout de même le dernier morceau « Ruby Quaker », réellement drôle, comme on nous l'avait promis. On a l'impression d'y entendre un peu plus de rock'n'roll, et surtout d'entendre Devin chanter et jouer de la guitare. Et pour la touche d'extravagance en plus, sachez que le titre fait référence au nom du vaisseau spatial construit par Devin pour The Moth.

 

 

Si savoir que l'écriture a été rushée et ne s'est pas passée dans les meilleures conditions explique certes le résultat, cela ne change pas le fait que PowerNerd ne fonctionne pas. Il tombe à plat, froid, synthétique comme le gros mur de son et de choeurs qui occupe la majeure partie de son temps d'écoute. Forcément, personne n'arrivera jamais à aimer toute la discographie d'un artiste aussi éclectique et prolifique que Devin Townsend, et peut être que PowerNerd saura ainsi trouver son public. Mais il sonne à mes oreilles comme du réchauffé tiède. Ni dans l'excès, la folie et l'originalité d'un Empath, ni dans la beauté lumineuse de Lightwork. Loin du fun d'Addicted! ou de la violence de Deconstruction. On dirait qu'il tente d'être tout cela à la fois pour se retrouver nulle part.
Reste à savoir ce que donnera The Moth.

 

Tracklist :

1. PowerNerd
2. Falling Apart
3. Knuckledragger
4. Gratitude
5. Dreams of Light
6. Ubelia
7. Jainism
8. Younger Lover
9. Glacier
10. Goodbye
11. Ruby Quacker

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