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mercredi 6 mars 2024

Eternal Champion + Sumerlands @ Eindhoven

Dynamo - Eindhoven

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Pour pousser des Belges à faire 2h de route, il en faut déjà beaucoup. Alors si en plus, c'est pour aller dans cette « ville » infernale qu'est Eindhoven, j'aime autant vous dire qu'il fallait bien une affiche Eternal Champion – Sumerlands. Mais pour une telle tournée, on aurait même été prêt à aller jusqu'à Hambourg, Munich ou Athènes (puisqu'elle snobe France comme Belgique).

Durant 7 dates, Arthur Rizk, la tête pensante des deux projets, et ses compères Brad Raub et John Powers vont donc fouler la scène deux fois par soir, seuls les batteurs et bien sûr les vocalistes étant distincts. Un sacré défi, mais les gars ont de la bouteille et en ont vu d'autres, on ne s'en fait pas pour eux. Après tout, la dernière fois que je croisais Rizk et Jason Tarpey, c'était à l'occasion d'un concert d'Eternal Champion... dans un abri de jardin (notre live report légendaire est toujours à lire ici, et l'interview ici). Leur premier et dernier concert en Belgique, jusqu'à l'Alcatraz Festival en août prochain. Un moment inoubliable, d'autant plus au vu de l'ampleur prise par EC, devenu cultissime au sein de la scène. L'excellence de Dreamkiller, second album de Sumerlands et premier avec Brendan Radigan (Pagan Altar, ex-Magic Circle) au chant, finit de nous persuader qu'on va vivre une grande soirée.

 

Sumerlands

Malice : Assez bizarrement, j'attendais Sumerlands avec encore plus d'impatience qu'Eternal Champion. « L'autre » groupe d'Arthur Rizk est encore plus rare en Europe, et Dreamkiller était sans la moindre contestation mon album de 2022 (ma chronique est ici, et c'est jusqu'à présent le seul 9,5/10 que j'ai jamais attribué). J'étais aussi très curieux de voir le rendu des titres du premier album avec Brendan Radigan au chant. Je serai servi : la setlist va emprunter à parts égales entre les deux opus. Un choix que je trouve très osé, mais j'y reviendrai. « Twilight Points the Way », le quasi-Scorpionesque « Heavens Above » et la tuerie « Dreamkiller » lancent le set ; après avoir un peu circulé dans la salle, la guitare de John Powers reste quasi-inaudible par moments. Heureusement, celle d'Arthur Rizk nous parvient parfaitement. Et bordel, quel guitariste que ce dernier. Dans un Sumerlands bien plus axé sur les soli qu'Eternal Champion, il joue les guitar hero avec sobriété, ses longs cheveux cachant son visage pendant qu'il détruit absolument tout. Avec en apothéose un duel de guitares entre Powers (qu'on entend enfin) et lui sur « Spiral Infinite », prolongé pour l'occasion.

La vraie star reste bien sûr Brendan Radigan. Sa voix sera par moments affectée par un son qui prendra une vingtaine de minutes à se mettre en place, mais une chose est sûre : il la maîtrise. Évitant intelligemment les montées trop piégeuses (c'est la première date de la tournée et on le sent encore « froid » par moments), il ne place globalement que très peu de notes à côté. Surtout, on sent sa bouteille dans sa façon d'investir la scène. Si Jason Tarpey a un côté très hardcore et « bestial » dans ses interactions avec le public, Radigan cabotine, presque maniéré, ce qui colle parfaitement à la musique par moments plus FM de Sumerlands. Enchaînant les prises de parole, il plaisante sur les difficultés d'une première date, comme quand il se trompe et annonce « Edge of the Knife » au lieu de l'excellent « Blind ». Un titre du premier album qu'il maîtrise très bien, comme la plupart, notamment « son titre préféré », « Seventh Seal » et son riff à la Van Halen. Seul bémol : un excès de réverb' quand viennent les titres du premier opus, façon de compenser l'absence du timbre très nasillard et si spécial de Phil Swanson.

Difficile de faire la fine bouche cependant, même si j'aurais adoré entendre par exemple la semi-ballade « Night Ride » ou le très « Eternal Champion-esque » « Death to Mercy » plutôt que 5 titres de Sumerlands. Ce sera peut-être pour une future date en tête d'affiche, que Sumerlands mérite vraiment.

 

Setlist :
Twilight Points the Way
Heavens Above
Dreamkiller
The Guardian
Haunted Forever
Blind
Edge of the Knife
Spiral Infinite
​Seventh Seal
Force of a Storm

 

Eternal Champion

Circé : Il est étrange de se dire que nous avons fait un certain nombre d'heures de route (et nous ne sommes pas les seuls, au vu d'autres francophones croisés pendant la soirée) pour se retrouver dans une petite salle qui ne sera même pas pleine. Le public se masse un peu plus cependant, en attendant Eternal Champion. J'étais assez curieuse de voir le type d'audience avec lequel nous serions, et c'est au final assez varié sur une petite salle : des t-shirts plus ou moins de niche, de heavy comme de metal extrême, et surtout des âges assez variés. Quelle heureuse surprise d'ailleurs, de me retrouver au premier rang avec une congénère féminine tout aussi à fond et connaisseuse des paroles que moi, et ce sur les deux concerts.

Après un set de Sumerlands quasi irréprochable, autant dire qu'on attendait Eternal Champion au tournant. Contrairement à Dreamkiller sorti l'an dernier, Ravening Iron, est lui paru il y a déjà 4 ans. Covid oblige, les Américains n'ont en revanche guère eu l'occasion de promouvoir l'album sur scène à sa sortie en Europe, et la tournée peut donc remplir ce rôle comme elle le fait pour Sumerlands. Et c'est d'ailleurs peut-être pour cela que j'attendais le deuxième groupe encore plus que le premier : l'attente fut plus longue et Ravening Iron a eu amplement le temps de se faire une place de choix dans mon cœur au côté de The Armor of Ire.

Changement d'ambiance radical, puisqu'on passe directement des entêtantes mélodies Hard FM de Sumerlands à une intro martiale signée Manowar. Jason Tarpey débarque sur scène, camail sur la tête pour entamer "War at the Edge of the End". On sera d'ailleurs bien servi en morceaux du dernier album, car seuls "A Face in the Glare" et "Banners of Arhai" ne seront pas joués (à mon grand désarroi). Le groupe jouera en fait la quasi-intégralité de leurs deux albums, même si j'avoue être fortement déçue de ne pas avoir entendu le calme et intriguant “Invoker” qui aurait donné une bonne variation d'ambiance au set. Celui-ci durera au final moins d'une heure, il est donc dommage d'avoir un morceau d'un split que peu connaissent ainsi qu'une cover (bien que je sois en train de poncer Legend grâce à celle-ci). Enfin, je pinaille vraiment lorsque le groupe offre un show puissant et carré. On sent quelques incertitudes de début de tournée, que ce soit sur un chant par moment faiblard en début de set ou quelques problèmes de son vite réglés - ils ne gâcheront en rien la performance du groupe. Jason est tout aussi communicatif entre les morceaux, et vient chercher le public de manière beaucoup plus directe, comme l'univers du groupe le demande. On sent aussi fortement le côté scène hardcore dans son attitude authentique et frontale. Dans un genre qui peut rapidement se regarder le nombril en se demandant s'il est assez culte, ce genre de fraîcheur, de passion communicative fait du bien – en particulier venant d'un groupe reprenant autrement tous les codes de la NWTHM. Jason vient scander avec nous le refrain de "I am the Hammer" et manque à plusieurs reprises de basculer dans la fosse - il éclipse presque ses compères.

Heureusement que ceux-ci sont également des bêtes de scène. Bien qu'Eternal Champion réserve moins de passages démonstratifs aux guitares, il y a tout de même pléthore de soli et autres envolées épiques sur des morceaux comme "The Armor of Ire" ou "Ravening Iron". Stoïques et imposants, ils ne mettront pas une seule note à côté. Reste plus qu'à le faire deux fois par soir sur chaque date de la tournée, mais on ne s'inquiète pas trop pour eux.

Bref, le concert passe bien vite, le public se chauffe de plus en plus, scande les refrains des morceaux les plus connus, jusqu'à ouvrir un bref pit sur "I am the Hammer". À ma grande surprise, celui-ci ne clôturera cependant pas le concert, puisqu'il est suivi de "Soulseeker" et son mid-tempo plus posé et imposant. Un dernier coup de masse d'arme en quelque sorte. On en ressort les cervicales endolories et les cordes vocales éraillées – et on redemande déjà.

Setlist :
War at the Edge of the End
Coward's Keep
The Armor of Ire 
The Last King of Pictdom
Retaliator
Destroyer (Legend Cover)
Ravening Iron
Worms of the Earth
​I Am the Hammer
Skullseeker

Merci à l'orga et aux groupes pour cette belle soirée. Subir Eindhoven et quelques heures de route en valaient bien la peine. Et vu qu'Eternal Champion passe en Belgique au mois d'août (à l'Alcatraz Festival), mais que Jason Tarpey nous a également promis qu'il tenterait de placer d'autres dates aux alentours, on ne va pas laisser s'écouler 7 ans avant de se saluer à nouveau.