L'année 2020 vue par Circé
samedi 23 janvier 2021hell god baby damn no!
Beaucoup trop d'éditos et autres commentaires de fin d'année se sont chargés de revenir sur les évènements de 2020 et leurs implications – et je ne jouerai pas la carte de la nouvelle année, nouveau départ, car rien n'a magiquement changé la nuit du 31 décembre. Il est en tout cas certain que notre rapport à la musique, notre manière de la vivre et de la consommer, ont été forcés d'évoluer. C'est au moins mon cas. Il me semble donc bien utile de faire une pause, de se repasser les albums qui nous ont accompagné le plus, les claques musicales attendues ou non. Car 2020 aura été une année riche, et 2021 le sera sûrement tout autant alors que l'absence du live semble avoir mené pas mal de groupes en studio.
Une partie des albums ici ont déjà été mentionnés dans nos pages, qu'ils aient été chroniqués ou inclus dans notre bilan 2020 collectif. Je ne m'y attarderai donc pas trop – mais il m'est bien impossible de dresser ce petit bilan personnel sans au moins les mentionner.
Albums
Hällas – Conundrum (Gramofon/Napalm Records / Chronique par Dolorès)
Jamais Hällas n'a aussi bien donné du sens à son étiquette “adventure rock”, et Conundrum fut un fidèle compagnon tout au long de cette année. Un son commençant à devenir bien reconnaissable plein de nostalgie et d'héroïsme, un chant toujours aussi singulier et touchant, Hällas se fait définitivement sa place dans les noms à suivre et c'est plus que mérité.
Oranssi Pazuzu – Mestarin Kynsi (Nuclear Blast / Chronique)
On n'a pas manqué de vous parler des finlandais à plusieurs reprises cette année sur Horns Up, et il semblerait bien que ce Mestarin Kynsi ait marqué nombre d'entre nous. Plus que jamais en roue libre, Oranssi Pazuzu achève définitivement toute règle établie pour nous plonger dans un bad trip aussi cauchemardesque qu'hypnotique. Il y a quelque chose d'indescriptible dans cet album qui me pousse toujours à y revenir et à m'y enfoncer un peu plus profondément. Mestarin Kynsi est le résultat du long chemin parcouru par les finnois depuis leurs débuts vers une expression artistique toujours plus affranchie.
King Gizzard & the Lizard Wizard – K.G. (Fightless)
Il est rare que je pense à mentionner un album sorti fin novembre lorsqu'on me demande mes favoris d'une année. Mais le petit dernier des prolifiques King Gizzard and the Lizard Wizard est tellement efficace qu'il a tourné en boucle depuis sa sortie, une dose de bonne humeur et de motivation pour surmonter les dernières semaines de travail. Après les influences thrashy d'Infest the rats' nest, les Australiens repartent vers des horizons plus rock psyché avec des compositions toujours aussi riches qu'inattendues, mais surtout diablement accrocheuses.
Fluisteraars – Bloem (Eisenwald / Chronique par Dolorès)
La scène Black Metal néerlandaise aura été plutôt prolifique cette année. Après un split déjà prometteur avec Turia, Fluisteraars vole enfin de ses propre ailes et semble avoir trouvé sa voie. En donnant une ambiance champêtre et lumineuse à des riffs de BM mélodique en soi plutôt typiques, Fluisteraars offre ici des compositions de haute volée. Et j'ai hâte de voir la suite.
Turia – Degen van licht (Eisenwald / Chronique)
Autant se diriger directement vers l'autre album néerlandais de cette sélection, avec ce qu'on peut qualifier d'antithèse à Bloem. Abyssal, composé de cris noyés dans la réverb et de rythmiques entêtantes, Degen Van Licht est ce que j'ai pu écouter de plus prenant dans les sorties 2020 pour tout ce qui touche au Post-Black, Black Atmo et affiliés.
Eternal Champion – Ravening Iron (No Remorse Records / Chronique par Matthias)
Bien que n'ayant sorti jusque là qu'un seul véritable album, Eternal Champion est déjà l'un des gros noms de la fameuse New Wave of True Heavy Metal. Ce deuxième album semble en tout cas avoir quelque peu divisé, mais j'ai pour ma part vite adhéré après quelques écoutes. Certes, Ravening Iron est moins direct, il ne balance pas autant d'hymnes qui se retiennent dès la première fois comme pouvait le faire son prédecesseur. Il fait au final office d'album plus mature, ayant quelque peu délaissé son impatience juvénile pour une assurance mid-tempo. Au milieu se dissimulent pourtant bien des morceaux que l'on chantera avec joie le poing levé en concert, tel le titre éponyme. Ravening Iron en demande donc peut être un peu plus de son auditeur mais cela en vaut la peine.
Havukruunu – Uinuos Syömein Sota (Naturmacht Productions / Chronique par Varulven)
Une leçon de Black Metal épique dont j'ai déjà parlé dans le bilan commun. Tant dans le travail de composition que les ambiances créées, Havukruunu place la barre haute en se permettant même des solos heavy et des passages très rock'n'roll dans la plus grande maîtrise.
Imha Tarikat – Sternenberster (Lupus Lounge)
Le duo allemand sortait cette année son deuxième album ; un Black Metal plutôt direct et agressif, un côté rock'n'roll servi par une production parfaitement organique. A cela s'ajoute pourtant une ambiance occulte assez marquée, grâce à un côté assez mélodique et des vocaux typés Bölzer. Ajoutez à cela une durée courte de 40 minutes, on obtient un des albums les plus carrés du genre sortis en 2020, sans fioritures, misant sur l'efficacité sans délaisser l'atmosphère.
Meurtrières – Meurtrières (Gates of Hell Records)
Je triche un peu en plaçant un EP au milieu de tous ces albums, mais Meurtrières offre un vrai coup de fraîcheur en abordant des aspects jusque là peu exploités dans les thématiques médiévales du Heavy. Le chant féminin, bien loin des clichés, est parfait pour faire revivre ces femmes si différentes et pourtant animées d'une même impétuosité face à une société hostile. Bien loin de contes héroïques et fantastiques, le feeling fortement punk des français donne à cet EP un côté plus réaliste, plus coup de poing, à travers cinq pistes parfaites de bout en bout.
Triptykon – Requiem (Century Media Records)
Deuxième (et dernier) petit coup de triche, puisqu'il s'agit là d'un album live. Mais la plus grosse partie de ce live étant une nouvelle composition faite pour l'occasion, Requiem reste dans la logique de ce bilan. Tom Gabriel Warrior clôt (enfin) son fameux triptyique commencé sur Into the Pandemonium en 1987 avec une performance au Roadburn pour laquelle il a composé “Grave Eternal”, gros pavé de 32 min. Avec un orchestre, ce qui semble être le passage obligé pour beaucoup de groupes ces dernières années. Le résultat sonne certes relativement pédant, extrêment dramatique et expérimental, mais c'est tout cet excès qui en fait un monument à part entière, une manière symbolique forte de clore une bonne partie de la carrière du leader de Triptykon.
Un petit name-dropping pour aborder quelques sorties qui auraient tout aussi bien pu finir ci-dessus et autres pépites de l'année que je n'ai pas encore eu assez le temps d'écouter :
Odraza - Rzeczom (Godz Ov War Productions)
Afsky - Ofte jeg drømmer mig død (Vendetta Records)
Almyrkvi & The Ruins of Beverast - Split (Van Records)
Hexecutor - Beyond Any Human Conception of Knowledge (Dying Victims Productions)
Darkenhöld - Arcanes et Sortilèges (Les Acteurs de l'Ombre)
Grift - Budet (Nordvis / Chronique)
Wytch Hazel - III: Pentecost (Bad Omen Records)
Ulcerate - Stare Into Death and Be Still (Debemur Morti)
The Committee - Utopian Deception (Folter Records)
Esoctrilihum - The Eternity of Shaog (I, Voidhanger)
Bien sûr, quelques déceptions avec en particulier les derniers Solstafir, Cult Of Fire, Witchcraft, Hail Spirit Noir et Secrets of the Moon.
Pochettes
N'y voyez pas un top à proprement parler, mais juste quelques albums qui m'ont marqué visuellement. Avec le Lewandowski de l'année, qui malheureusement ne me rend toujours pas capable d'écouter un album de funeral doom en entier malgré la beauté de son travail. Et je me suis retenue de mettre des sorties dont j'ai déjà parlé ici, histoire de diversifier un peu
At the altar of the Horned God – Through Doors of Moonlight (Orryelle Defenestrate-Bascule, "Time and Fate")
Atramentus – Stygian (Mariusz Lewandowski)
Malokarpatan - Krupinské ohne (Matúš S. Ďurčík)
Lives
Pour mettre un peu de positif et se rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, on pouvait encore s'enjailler en regardant des gens jouer de leurs instruments sur une scène, voici un petit bilan live. Je me suis tout de même rendue compte que j'avais pu faire 8 concerts – 6 avant mars, puis 2 en configuration assise l'été. Voici les trois qui, sans trop de surprise, me restent le plus en tête aujourd'hui :
Opeth @ Sentrum Scene, Oslo
Hällas & Tusmørke @ Jakobkirke, Oslo
Moonsorrow @ Olympia, Tampere
Playlist