L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
Arthur Rizk est ce qu'on appelle un bourreau de travail. Depuis quelques années, l'homme est devenu l'un des producteurs les plus en vue de la scène. Dans son studio se sont succédés des noms aussi variés que Cavalera Conspiracy, Kreator, Power Trip (pour lesquels il a brièvement joué live), Spectral Wound, Tomb Mold ou encore Crypt Sermon. En tout, ce sont des dizaines et des dizaines d'albums mixés, (re)masterisés ou produits par Rizk...qui est également la tête pensante de deux des meilleur groupes de heavy « traditionnel » à l'américaine à l'heure actuelle : Eternal Champion et Sumerlands. Tous deux sortaient en 2016 leur premier album, et si Eternal Champion a peut-être un peu plus fait le buzz, Sumerlands n'avait pas à rougir dans un style moins épique, moins efficace peut-être. Depuis, EC a sorti un second album (le toujours excellent Ravening Iron), mais on attendait toujours la suite pour l'autre groupe d'un Rizk de plus en plus actif en coulisses.
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On ne peut pas dire que l'optimisme était de mise car en plus de cette (hyper)activité parallèle, Sumerlands a perdu son chanteur, Phil Swanson, dont le timbre à part, très nasillard, avait marqué le premier opus. Mais voilà donc Dreamkiller, successeur tant attendu, avec au chant Brendan Radigan, un gars bien connu dans la région de Boston pour son implication...dans la scène hardcore, où il est souvent fourré avec un certain Justin DeTore, batteur de Sumerlands. Oui, l'album de heavy de 2022 a été composé par une poignée de coreux, et il faut vous y faire. Car c'est bien ce qu'est Dreamkiller : un seau de tubes, imparable, de A à Z. Arthur Rizk a visiblement décidé de se faire plaisir et d'assumer totalement ses références les plus catchy, abandonnant presque complètement le côté plus doomesque et dramaturgique de l'opus éponyme.
Pas question, bien sûr, de prétendre que Sumerlands n'a jamais joué la carte des 80's auparavant : après tout, Sumerlands (l'album) s'ouvrait sur une resucée de « Aint Talkin' Bout Love » de Van Halen. Mais le rythme, plutôt mid-tempo par le passé, s'accélère : « Twilight Points the Way » et son riff qui s'incruste immédiatement en tête lance l'album avec un côté power metal, dont les influences sont récurrentes. « Dreamkiller » fait immédiatement référence, sur son pont en twin guitars, à celui du « Exciter » de Judas Priest. Les refrains sont absolument contagieux, d'un « Heavens Above » presque digne de la période Blackout de Scorpions à un « Edge of the Knife » putassier à souhait. La voix de Radigan, plus haute que celle de son prédécesseur, amène un ton plutôt différent, mais Sumerlands sait toujours se faire un peu plus menaçant (« The Savior's Lie »), ou aérien : le classieux « Night Ride » aurait pu se retrouver sur un album de Hällas.
Difficile de lister tout ce qui passe par la tête à l'écoute de Dreamkiller tant c'est par moments presque un bingo – Ozzy Osbourne et Dokken y passent aussi immanquablement. Manque de personnalité ? On a plutôt envie de parler d'un hommage décomplexé aux années les plus enivrantes du heavy « de stade ». Un hommage génial, qui plus est. À peine passé le final « Death to Mercy » et ses notes de clavier subtiles en arrière-plan, une seule envie : se remettre ce bonbon pour amoureux du genre. Dreamkiller est parfait, à peu de choses près. Et à trois mois de 2023, difficile d'imaginer un autre album le détrôner dans mon classement annuel.
Tracklist :
1. Twilight Points the Way (4:19)
2. Heavens Above (4:23)
3. Dreamkiller (5:11)
4. Night Ride (4:14)
5. Edge of the Knife (4:11)
6. Force of a Storm (2:58)
7. The Savior's Lie (5:01)
8. Death to Mercy (4:41)