Punkach' renégat hellénophile.
Entre l'époque où les océans ont bu l'Atlantide et l’avènement des fils d'Arius, il y eu un âge qui défia l'imagination ; un âge où Conan accomplit les exploits qui le conduisirent comme chacun sait sur le trône d'Aquilonia. Mais le Cimmérien n'était pas le seul héros à parcourir ce monde en proie au chaos, et grâce au fameux scalde Jason Tarpey, nous pouvons encore entendre les chants dédiés aux plus glorieux exploits et aux plus immondes maléfices de cette époque lointaine et troublée.
S'il y a bien une péripétie de la fin des années 2010 à laquelle personne ne s'attendait, c'est le retour en grâce du heavy metal épique, et ce dans une interprétation au sérieux le plus total, faisant fi de tout esprit parodique ! Une recette qui aurait pu aisément tourner à l'aigre et à la resucée de Manowar du pauvre, mais qui nous offre au contraire toute une horde de nouveaux groupes, basés dans le Nouveau Monde pour la plupart, et tous capables de nous brosser des fresques épiques inspirées des meilleurs romans de fantasy à grands coups de riffs ravageurs et de montées aux aigus. Dans cette nouvelle vague, Eternal Champion fait un peu office d'avant-garde, avec son The Armor of Ire sorti en 2016 et qui a véritablement conquis tous les amateurs de heavy épique aux muscles huilés et aux épées brandies vers le ciel avec défiance et virilité.
Un album aussi réussi appelle à une suite, attendue avec autant d'impatience que d'appréhension, et qui nous est enfin parvenue après quatre ans de travail au plus profond des donjons qui parsèment les forêts mystérieuses et les landes maudites du Texas. Disons le tout de suite : ce Ravening Iron, toute la rédaction ou presque l'attendait au tournant pour lui faire passer une sévère ordalie ! L'enjeu était trop important pour tolérer l'à-peu-près, c'était la gloire ou le cul-de-basse-fosse pour le dernier avatar du Champion Eternel ! Et bien les guerriers d'Austin ont savamment relevé le gant : sous ce visuel si kitschissime qu'il en dégage un charme certain et ces dames qui cachent les leurs avec encore moins de conviction que l'héroïne du Fire and Ice de Ralph Bakshi, se cache un des meilleurs albums de l'année !
La musique ne s'éloigne certes pas des canons du genre, mais elle les cultive et les élève à un niveau qui aurait pu paraître bancal chez nombre d'autres groupes ; dès le chœur final du morceau-titre, Eternal Champion nous plonge bel et bien dans un voyage épique, entre combats acharnés, paysages hallucinés et mages décadents, là ou certaines formations n'auraient pu proposer mieux qu'un GN en Corrèze au mois d'août. L'album n'a donc plus qu'à se promener en terrain conquis avec un "Skullseeker" qui s'essaie aux ambiances presque 70's et, surtout, l'ultra-tubesque "War at the Edge of the End" au travail de composition hallucinant de justesse ! En un seul morceau, Jason Tarpey fait démonstration de toutes les prouesses vocales dont il est capable, et qu'on saupoudre habituellement sur un album entier.
Ravening Iron perd sans doute un peu du potentiel marquant qu'avait The Armor of Ire en son temps, avec la diction si particulière qui rendaient inimitables des morceaux comme "I Am the Hammer" ou "The Last King of Pictdom", malgré quelques réminiscences sur "Coward's Keep". Mais ce second album bénéficie d'une production exceptionnellement juste qui insuffle une vigueur nouvelle dans les soli de guitare de Nujon Powers, déjà couvert de gloire pour son rôle dans Sumerlands. Pour la seconde fois Eternal Champion nous offre un album sans le moindre défaut, dont les huit titres pour un total de seulement 37 minutes évitent la moindre longueur, et sauront donner à votre abri de jardin la majesté d'une imprenable citadelle, théâtre des faits d'armes les plus sanglants et les plus mémorables ! Crom !
Setlist:
A Face in the Glare
Ravening Iron
Skullseeker
War at the Edge of the End
Coward's Keep
Worms of the Earth
The Godblade
Banners of Arhai