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Album

15 décembre 2016 - Pamalach

Eternal Champion

The Armor of Ire

LabelNo Remorse
styleHeavy Metal
formatAlbum
paysUSA
sortieseptembre 2016
La note de
Pamalach
8.5/10


Pamalach

"Les vrais savent, les vrais font".

Eternal Champion est un groupe étonnant à bien des aspects. Malgré de jeunes années et un unique album studio sous le coude, le combo affiche déjà une maturité musicale impressionnante et un savoir-faire absolument remarquable. Que cela soit au niveau de la composition, de la technique instrumentale ou de l'atmosphère générale, "The Armor of Ire" s’impose d’ores et déjà comme un must have, la pierre angulaire des meilleures productions Metal sorties en 2016… Oui, rien que ça et peut être même plus encore ! 
Sans orienter son propos pour créer une œuvre « clé en main » calibrée pour vaincre, Eternal Champion accentue au contraire ses spécificités, le chant et la production démontrant que le groupe a une personnalité qu’il tient à afficher et à revendiquer. La marque des grands bitch ! Sans tomber dans les gimmicks éculés mais tout en respectant l’univers dans lequel ils évoluent, les musiciens arrivent à doser ce difficile mélange entre émotion et recherche musicale, leur talent éclatant dans des compositions époustouflantes de talent où le mot épique semble avoir été marqué au fer rouge sur chacune de leurs chansons. Cela vous semble dithyrambique ? J'y vais mollo pourtant croyez moi...

Pour tout vous dire, j’ai pris cet album comme on subit un enchaînement « pied/poing/projection ». Au départ, tu crois que tu vas pouvoir encaisser les coups portés, et puis tu te retrouves au sol, étouffé par l'avalanche de marmites qui te tombent sur le coin de la gueule. Ce n'est pourtant pas en regardant le background des musiciens que l'on imagine un tel savoir faire (certains officiaient dans des groupes aux univers très différents) mais il évident que cet album est aussi addictif qu'il est bien construit et aussi trippant qu'il semble totalement naturel. Pourtant, et comme je le disais plus haut, Eternal Champion ne se prive pas d'utiliser des armes qu'il a retaillé à sa mesure en les utilisant d'une brillante façon et sans que cela ne sonne comme de vaines tentatives de s’extirper de la masse en faisant "genre".

En effet dès le départ, et mis à part la qualité des chansons, ce qui interpelle c’est la voix et les riffs. Ces derniers sont pourtant plutôt classiques, assez simple dans leurs architectures et pas spécialement gonflés aux hormones comme cela peut être parfois le cas dans le Heavy. Ce qui fait la différence, c’est leur caractère véritablement irrésistible et la force qui s’en dégage. Toute la simplicité d'un poing fermé qui t'arrive directement dans la gueule et qui va te faire voir plein d'étoiles. L'évidence frappe, totalement naturelle et dénuée de frime, le prédateur Alpha dominant sa jungle de prétendants. De « I am the Hammer » à « Sing a last song of Valdese » il n’y absolument rien à jeter, c’est un véritable festival jubilatoire où chaque note est une invitation à péter une durite. Les solos sont suffisamment épars et de qualité pour amener un vrai plus à l’ensemble et les barbares s’amusent de manière discrète à étoffer leur son avec des gris-gris sonores, des harmonisations inattendues et quelques accélérations échevelées. Essayez un peu de ne pas vous prendre à rêver d’aventure sur le riff de « The last king of pictdom » ou de ne pas avoir de velléités de basse vengeance en écoutant « The cold sword ». On est d'accord, "The Armor of Ire" est un démultiplicateur de motivation, une énorme paire de couilles velues à chausser en cas d'urgence.

L’autre point particulièrement audible dès la première écoute, c’est la voix et la façon dont elle est traitée et mise en avant. Enveloppée dans un drap de reverb’, la voix de Jarson Tarpey a aussi cela de particulier qu’elle ne se laisse pas aller à des démonstrations techniques et à des tours de force où finalement elle se met plus en avant que réellement au service de la musique. Ici, l'équipe de musiciens jouent à armes égales et tirent de cette virile cohabitation une force de frappe bien plus que percutante que s'ils avaient voulu mettre le plus balèze en avant en le laissant jouer des coudes. Le reste de la section rythmique assure bien son rôle, le batteur faisant un boulot de très bon goût où il arrive à équilibrer intelligemment ses breaks bien sentis à ses beats économiques qui offrent un superbe plateau à ses collègues architectes de la mélodie.

Mais en bon architecte, Eternal Champion fait un boulot plus chiadé qu'il n'y parait de prime abord. Plus on écoute, et plus la richesse des chansons se révèle, plus le caractère addictif met en place son travail de sape et plus les détails s’affichent et démontrent de leur pertinence. A bien des égards, cet album colle parfaitement à son cahier des charges, mais il le fait à sa façon, en empruntant quelques esthétiques personnelles et des moyens d’expressions variés. Et ça marche, ça marche fort quand on se surprend à revenir encore et encore sur tout ces titres. Vociférer comme un animal sur « Sing a last song of Valdese » (je pense que cela sera ma chanson 2016), se munir de son Mjöllnir imaginaire sur « I am the hammer », seller sa monture sur « Invoker » et aiguiser son épée à double tranchant sur « The cold sword ». Formé depuis seulement quatre petites années, Eternal Champion se prépare un bel avenir si on en juge la qualité de ce qu'ils ont proposé jusqu’à présent. Intense et d'une implacable efficacité, "The Armor of Ire" n'attend que de lancer l'assaut sur vos faibles défenses pour les faire voler en éclats et imposer la majesté d'un règne glorieux ne souffrant pas le partage... incroyable !

 

Tracklist :

1 - I am the hammer
2 - The armor of ire
3 - The last kind of pictdom
3 - Blood of ice
4 - The cold sword
5 - Invoker
6 - Sing a last song of valdese
7 - Shade gate

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