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lundi 31 octobre 2022

Leather Terror Tour : Carpenter Brut + Sierra

Ancienne Belgique - Bruxelles

Matthias

Punkach' renégat hellénophile.

Dans mes pérégrinations bruxello-musicales, j'ai présenté en long et en large la moitié des antres à punks de la capitale, mais je n'ai jamais écrit quoi que ce soit sur l'Ancienne Belgique. Il faut dire que j'associe à l'endroit une certaine image de « salle à papa », où se produisent des artistes d'une certaine renommée pour un prix certain, ce que j'ai tendance à inconsciemment éviter sauf quand c'est un oncle fan de hard rock qui paie la place, en somme. Pourtant l'endroit accueille quand même pas mal de dates qui ont tout pour me plaire ; j'ai juste la mauvaise habitude de ne pas assez me tenir au courant. D'ailleurs j'aurais très bien pu rater ce show de Carpenter Brut ; tant pis pour les potes du Hellhole Project et leur concert de Stillbirth le même soir, je suis bien plus d'humeur à danser toute la nuit sous les néons d'une époque que je n'ai pas connue plutôt que d'endurer du gru-gru. Même si dans les deux cas mon QI risque d'en souffrir.

Sierra

Il y a du monde, mais l'événement n'est pas sold out ; c'est l'occasion de détailler un peu l'AB. Le lobby, entre bar et vestiaire, n'est pas bien grand et on s'y sent vite compressé, mais l'endroit n'est pas fait pour s'y attarder. On se retrouve vite dans la grande salle de l'Ancienne Belgique – il en existe une seconde, plus petite – et ses 1.750 places dans la fosse, auxquelles s'ajoutent deux galeries soutenues de colonnes et de balustrades d'un fer forgé rouge qui n'est pas dénué de charme, ainsi que des gradins à l'étage avec 250 places assises. Une salle plutôt bien conçue à la réflexion, qui permet aisément d'apprécier la musique dans les conditions qu'on estime les plus agréables.

L'audience est déjà compacte pour la première partie, Sierra, projet que je ne connaissais pas du tout mais qu'on me décrit comme une synthwave plus dark que celle de la tête d'affiche, et qui semble se tailler une certaine réputation dans le milieu des amateurs de néons. Alors, les musiques électroniques en live c'est quitte ou double, mais pour le coup la musicienne, seule en scène, nous offre ce que ce genre peut faire de plus énergique. Elle tournoie entre ses consoles et son micro dans une marée de lumières bleutées, marque le rythme de sa gestuelle ultra rodée et ultra communicative entre deux passages de spoken words (ce « Gone » absolument génial), bref, elle donne clairement de sa personne, et ça marche. L'audience, au début simplement curieuse, va se laisser progressivement happer par la dark électro ultra soignée de Sierra, et plonger la tête la première et le corps frémissant dans ce night trip dystopique à Neon City. Je découvre par après que l'artiste, parisienne, ouvre en fait sur toute la tournée pour Carpenter Brut. C'est là une occasion de se faire mieux connaître qu'elle mérite amplement, et nous serons quelques-uns à l'ajouter sur notre liste « à revoir de toute urgence ».

 

Carpenter Brut

Place maintenant au maître de cérémonie. La tournée est consacrée au dernier album de Carpenter Brut, Leather Terror, qui honnêtement n'est pas mon préféré, mais fichtre ; le type est un monstre sur scène et on est tous là pour se vider la tête neurone par neurone comme devant un bon actionner en mode munitions illimitées et promo sur le napalm. Il ne faudra pas longtemps pour que les premiers mouvements désordonnés de la foule ne mutent en une joyeuse et gigantesque empoignade. Ce sont quelques centaines d'excité.e.s au backround musical varié mais ayant tous des néons dans les yeux qui comment à sautiller et se chauffer les coudes contre les côtes sur « The Widow Maker » et son gimmick Just a Girl absolument vintage et tout aussi jouissif. Les galeries et le Foyer, le second bar de l'AB, permettront de souffler un peu et d'admirer le pugilat généralisé avec un peu de hauteur. Au passage, le son est excellentissime et j'en suis le premier surpris, à la fois car ce genre de musique ne doit pas être simple à mixer, et car c'est loin d'être généralisé dans les « grandes » salles de Bruxelles ; là j'entends littéralement toutes les nuances de composition d'un « Imaginary Fire », que ce soit tout à l'arrière de la salle ou les dents dans la barrière. Au passage, on pouvait s'y attendre : les nombreux passages vocaux présents sur Leather Terror sont tous samplés. Toute autre méthode aurait été bien compliquée.

Dans la fosse c'est la bagarre dans ce qu'elle a de plus débile et de plus jouissive, et on y retourne quand le morceau-titre « Leather Terror » explose en un wall of death aller et retour, dont il faut bien souligner que le premier trajet fut quelque peu brouillon – la charge est partie de trois côtés à la fois – ce qui m'a laissé pantois comme un percheron confronté à un vindicatif « bonjour » en flamand en 1302. Le concert s'achevera dans de derniers regains de folie et sur une superbe reprise de « Maniac » de Michael Sembello, reprise en choeur par une bonne partie de la foule. Et puis rideau.

Pas de rappel, malgré l'insistance de quelques irréductibles qui réclament encore le Charpentier violent - c'est visiblement son surnom local - mais aurait-ce été seulement nécessaire ?  Il est temps de revenir au XXIe siècle et son mois d'ocobre à 25 foutus degrés. Waow.

Setlist :

Straight Outta Hell

The Widow Maker

Roller Mobster

Meet Matt Stryker

Paradise Warfare

Run, Sally, Run!

Day Stalker

Night Prowler

Lipstick Masquerade

Inferno Galore

Imaginary Fire

Color Me Blood

Monday Hunt

Hairspray Hurricane

Leather Terror

Turbo Killer

Le Perv

Maniac