3 albums pour (re)découvrir Unearth
mardi 26 juillet 2022Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Le pic de popularité - et de qualité ? - du Metalcore est passé depuis longtemps. Tout le monde a un peu sa théorie sur les raisons qui justifient que ce genre n’a plus autant le vent en poupe qu’il a pu l’avoir du milieu des années 2000 jusqu’au milieu de la dernière décennie. Ce mouvement, popularisé par ceux qui souhaitaient une musique plus "heavy" que du hardcore et autres transfuges du Nu Metal, trouve ses racines dans la fin des années 80. Il a ensuite grandi dans les années 90 (Earth Crisis, Hatebreed, Converge dans une certaine mesure, Disembodied, etc.) puis clairement pris son envol populaire au début des années 2000, sous la houlette de groupes essentiellement américains comme Killswitch Engage, As I Lay Dying, Shadows Fall ou bien encore All That Remains. Cela a continué par la suite avec des groupes comme August Burns Red, Asking Alexandria, Of Mice & Men, Parkway Drive ou We Came As Romans.
Parmi toutes les raisons du désenchantement actuel du genre, on pourrait en citer trois principales. Premièrement, la popularité du genre a conduit à une sorte d’affaiblissement de la masse globale, avec de plus en plus de groupes proposant une musique équivalente. Le combo couplets avec growls, refrains un peu mielleux en voix claire et breakdowns ayant fini par lasser. We Came As Romans en est l’exemple le plus flagrant, avec des titres ponçant les mêmes structures jusqu'à épuisement. Deuxièmement, la popularité du genre a certainement conduit aussi à ce qu’il soit vivement critiqué et, partant, qu’il finisse par perdre son aspect glorieux aux yeux du public, vieillissant. Même aujourd'hui, nombreux sont ceux qui ne prennent pas au sérieux les groupes qui perdurent dans le genre. Enfin et surtout, les groupes concernés n’ont que rarement su se renouveler ou s’ouvrir vers des genres adjacents (Deathcore, Death metal mélodique, post-Hardcore) pour tenter de glaner un nouveau public ou tout simplement d’enrichir leur musique. Et ce alors même que plusieurs genres ont vu leur popularité - et leur qualité - croître considérablement en parallèle, siphonnant ainsi la fanbase, comme le Deathcore depuis les années 2000 ou le post-Hardcore par la suite.
Rares sont les groupes de Metalcore qui, aujourd’hui encore, peuvent se targuer de jouir d’une popularité grandissante ou, a minima, constante. As I Lay Dying fait clairement partie du gratin, malgré les raisons que l’on connait, de même que Parkway Drive ou bien encore Killswitch Engage, dans une certaine mesure pour ce dernier. On pourrait également citer les excellents Trivium, même s'il est permis de douter du maintien de la qualification de Metalcore pour ces derniers.
L’effet de mode est très clairement retombé, emportant essentiellement sur son passage les groupes qui ont usé et abusé de cette alternance de voix claire et growls. Et il y a les groupes qui, depuis l’origine, quelle que soit la popularité du genre et ce que l’on pouvait penser de leur musique, sont restés fidèles à leurs racines. Et c’est précisément sur l’un de ces groupes sur lequel je reviens aujourd'hui : Unearth. J’aurais pu l’appeler « Unearth ou l’apologie de la constance », tant le groupe américain n’est jamais réellement sorti de sa ligne de conduite d’un Metalcore exigeant, confinant au Death metal mélodique en raison d’un jeu de guitare très largement mis en avant. Constance également dans le line up avec trois des cinq membres originaux qui sont là depuis 1998, à savoir le Triumvirat Trevor Phipps, Ken Susi et Buz McGrath.
Je suis ce groupe depuis de nombreuses années et, m’en suis jamais lassé. J’avais donc envie de faire un bref retour sur leurs albums qui m’ont le plus marqué. De quoi rafraîchir la mémoire de certains ou, sait-on jamais, de faire découvrir le groupe à d’autres.
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On commence notre parcours dans la carrière de Unearth avec le deuxième album du groupe : The Oncoming Storm sorti en juin 2004 chez Metalblade Records.
Assurément l’album qui a fait connaitre le groupe et qui continue d’inonder les setlists du groupe en live. Au programme de cet album, des riffs de guitare hyper efficaces et parfois même groovys (Lie to Purify, This Lying World, The Great Dividers), des soli pas forcément très techniques mais souvent inspirés (Zombie Autopilot, notamment), des breakdowns vraiment sales (Endless, This Lying World) et déjà une signature vocale bien présente pour Trevor (avec quelques tentatives de voix claire que le groupe abandonnera globalement par la suite).
Produit par Adam de Killswitch Engage, on retrouve déjà à l’époque ce son massif et hyper défini qui fait vibrer les fans de Metalcore - et de Deathcore - mais qui rebute souvent complètement les fans de Death plus old school. "Surproduit", disent-ils ; je dis "bien produit", en ce qui me concerne. Mais ce qui m’a toujours le plus captivé dans la musique du groupe, c’est ce talent pour faire des breaks de qualité qui permettent de redonner une dynamique certaines à leurs titres, comme sur This Lying World. A cette époque et, depuis lors, le groupe a également maintenu une vibe très Mélodeath, que l'on retrouve notamment sur une Zombie Autopilot très In Flames-ienne par moments. Il n'est d'ailleurs pas rare de constater que les aficionados du groupe proviennent davantage de la scène Mélodeath que Metalcore pur jus.
Quoi qu'il en soit, cet album a clairement été celui qui a propulsé le groupe sur le devant de la scène et qui continue d'être écouté et joué continuellement. Il méritait sans aucun conteste d'être présent dans cet article, qui a vocation à vous guider dans la (re)découverte de ce groupe.
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Le chemin se poursuit avec l'album The March, cinquième album du groupe, sorti en octobre 2011 toujours chez Metalblade Records. L'hésitation a été de mise avec Darkness in the Light, sorti en 2011 ; album qui a certainement davantage montré que même en conservant sa ligne, le groupe a continué à progresser et à enrichir sa musique. Il me semble toutefois que The March a davantage marqué l'histoire du groupe, en scellant certainement leur rôle prépondérant dans ce lourant Metalcore mélodique.
Plusieurs points saillants ressortent de cet album. Déjà, on remarque sur plusieurs titres l'utilisation d'un chant plus Hardcore par Trevor, en alternance avec des growls auxquels il nous avait davantage habitué. C'est notamment flagrant sur My Will be Done et Grave of Opportunity. Pas nécessairement un détail tant cela vient enrichir des compositions déjà bien ficelées et mettre en lumière l'héritage Hardcore que le groupe a toujours souhaité porter. Ensuite, cet album met en lumière la volonté d'Unearth d'ajouter un peu de technicité à ses titres, avec des soli bien plus peaufinés et constants que par le passé. Il n'y a jamais eu de leads ou de soli affreux dans la discographie du groupe, mais certains auraient pu être évités ou en tous cas améliorés. Là tout est solide, comme en témoigne cette introduction de My Will be Done pas piquée des hannetons. Enfin, la production est toujours aussi massive mais peut être un poil plus naturelle, notamment pour les guitares. Le son est un peu plus brut, moins poli, et ce n'est pas pour nous déplaire, même quand on aime le gros son.
Les breakdowns sont également un peu moins légion et certainement un peu moins téléphonés. Cela participe à la vibe assez naturelle qui ressort des compositions de cet album, à l'exception peut-être de la très générique Letting Go qui n'est pas sans nous faire penser au début de carrière de Parkway Drive.
En bref, Unearth poursuit dans cet album son bonhomme de chemin de la plus belle des façons : enrichir sa musique sans jamais renier ce qui a fait son succès.
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Terminons par le septième album du groupe intitulé Watchers of the Rule, lequel est sorti en 2014 chez Century Media Records.
Unearth a toujours été plus « metal » que « core » ; et cet album en est la plus grande expression. Résolument moins tourné vers le live et l’effet que peut procurer une telle musique sur les cervicales du public, Unearth s’est ici lancé dans un album plus technique (l’introduction en sweep picking de The Swarm en est le témoignage) et en empruntant certainement beaucoup plus d’éléments au Death metal (mélodique, en l’occurrence) dans l’ambiance, la voix, la rapidité des riffs et du jeu de batterie, mais également et plus généralement dans la structure des compositions.
Alors il ne faut pas s’y méprendre, cela reste toujours un album de Metalcore et on retrouve très clairement la patte du groupe dans les sonorités et les intentions (les breaks de Lifetime in Ruins et de Never Cease se chargeront de vous le rappeler). Et si la basse est un peu plus en retrait - il s’agit du premier album sans John Maggard, qui a quitté le groupe à ce moment - le jeu des guitares est quant à lui toujours autant mis en avant. Mais avec seulement 35 minutes au compteur et des titres plus dynamiques les uns que les autres, il est évident que le groupe a voulu composer un album monolithique, tout en ne s’écartant jamais trop du fil rouge qui est le sien depuis le début de sa carrière.
Il est du reste amusant de voir le groupe jouer Spirit in Black de Slayer (dont il sait qu’ils sont de grands fans), alors qu’Unhearth a souvent été appelé le Slayer du Metalcore, du fait que le groupe a toujours tenu le cap, contre vents et marées à l’encontre du genre dans lequel il évolue.
Cet ablum est une gifle en bonne et due forme qui avait été appréciée sur nos pages sur cd comme en live.
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En résumé, vous l'aurez compris, Unearth est fait pour les amoureux de Metalcore confinant au Death mélodique. Là où de nombreux groupes du genre ont périclité et où d'autres ont modifié leur approche musicale au fil des années, Unearth est toujours resté sur la même voie, tracée depuis les deux premiers albums. Tout en enrichissant sa musique d'éléments un peu plus Death et en musclant les compositions, le groupe n'a jamais réellement fait d'écart et encore moins de sorties de route ; il est d'ailleurs régulièrement cité comme exemple de constance.
C'est en tous cas un groupe cruellement sous-évalué qui a marqué mon évolution musicale et qui continue de le faire. Je me devais donc de lui consacrer cet article, en attendant de les revoir avec grand plaisir sur scène.