Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Nombreux sont ceux qui persistent à penser que le Death Metal mélodique est mort ; qu’il a vécu ses heures de gloire dans les années 1990 et, depuis lors, qu’il ne fait que vivoter au gré des sorties de quelques groupes qui continuent à tenir le cap, écoutés par une poignée de nostalgiques dont les cheveux commencent à se clairsemer. Loin d’user de recettes éculées, nombreux sont pourtant les groupes qui continuent à offrir une diversité de compositions et une richesse musicale dans le genre. Rien qu’en 2020, nous sommes nombreux à être tombés sous le charme des derniers albums de Mors Principium Est, Dark Tranquility ou Orbit Culture. Et à cette liste s’ajoute le retour sur le devant de la scène de Countless Skies, groupe né des cendres de Hatespire en 2012. Après un EP éponyme sorti en 2014 et un premier album, New Dawn, qui nous avait annoncé de belles choses, les Britanniques reviennent avec un nouvel album intitulé Glow, qui nous a laissé rêveur à bien des égards.
Rêveur car même si j'avais déjà aimé - le très imparfait - New Dawn, Countless Skies revient avec un album encore plus travaillé, mélodique, doté de très beaux arrangements progressifs et, surtout, mettant en lumière un son aussi singulier que plaisant. Certes, les influences d’Omnium Gatherum, Be'lakor ou bien encore Insomnium demeurent, mais à aucun moment le sentiment que l’influence devient copie n'apparaît, contrairement au premier opus. Bien au contraire, le groupe développe une forte identité, dans les titres aériens (Moon ; Tempest) comme ceux qui sont plus telluriques (Summit et Glow Part 1 : Revolution).
Rêveur car le groupe manie à la perfection le sentiment paradoxal d’écouter des titres qui nous semblent à la fois très complexes et très simples. En usant savamment de refrains très mélodiques et d’une multitude d’ambiances et d’instruments, l’auditeur est porté par des titres structurellement assez simples, mais riches dans le contenu. On ne perd jamais le fil du propos ; on ne s'ennuie jamais.
Rêveur également car le mélange de puissance et d’émotion, à la limite de la catharsis, donne un caractère singulier à cet album. Cela tient évidemment aux multiples orchestrations (qui ne prennent jamais le dessus) mais aussi aux compositions, et notamment au rôle prépondérant des lignes de guitares et des leads simples mais enivrants. Mais cela tient surtout, en réalité, à l’alternance de growls/voix claires du plus bel effet. La dynamique de ce duo est aussi simple qu’efficace. Les voix ne se chevauchent que très rarement ; elles sont le plus souvent portées par des riffs et mélodies plus violentes ou plus douces, selon la voix utilisée, comme par exemple sur Glow Part 1 : Resolution, Tempest ou Summit.
Rêveur car avec une production et un mix particulièrement réussis, le groupe nous abreuve de cette subtile combinaison de douces mélodies et de riffs violents. Le point d’orgue de cet album est certainement le titre Tempest, porté par une introduction invitant à la méditation et des mélodies entraînantes. Il fait montre de la qualité de composition du groupe, qui a su trouver le parfait équilibre entre growls et voix claire, cette dernière venant de la plus belle des manières sur le refrain, avant d’être accompagnée par un plan en tapping. Il est difficile de sortir indemne de ce titre et de ne pas reprendre à tue-tête les lignes « If I fall away / Release me / Will you hear my cries / Through the dark? ». C’est divinement beau, tout simplement.
Rêveur, enfin, par son artwork. Magnifiquement réalisé et doté de couleurs chaudes, il est une invitation au voyage ; son caractère onirique se marie parfaitement avec la musique du groupe, qui sait être planante, légère, aérienne. Rarement ai-je trouvé une pochette aussi en corrélation avec la musique d’un groupe. Une réussite absolue.
De la courte mais intense Tempest, à la brillante Glow Part 1 : Resolution en passant par l’hyper mélodique Moon, cet album est formidable. L’on pourrait regretter ici ou là quelques transitions brutales (notamment sur Glow Part 2 : Awakening) ou bien encore que la basse soit trop en retrait, mais le tout est si beau, presque chimérique, que l’on fait grâce à Countless Skies pour ces quelques errances.
Tracklist :
1. Tempest
2. Summit
3. Moon
4. Zephyr
5. Glow Part 1: Resolution
6. Glow Part 2: Awakening
7. Glow Part 3: Reflection