Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Après un Venomqui nous avait régalé il y a trois ans en réussissant à combiner énergie et puissance sans remettre en cause l’essence même de la musique du groupe, les Gallois de Bullet For My Valentine reviennent sur le devant de la scène avec un nouvel album intitulé Gravity. A vrai dire, on avait de quoi avoir l’eau à la bouche après la sortie fin 2016 du single Don’t Need You qui est immédiatement devenu un hit auprès des fans du groupe. Dynamique, mélodique et particulièrement bien pensé, ce titre a tout pour devenir culte et à se retrouver dans toutes les setlists live du groupe. On s’était alors dit que la signature chez Spinefarm Records allait faire du bien au groupe en apportant un vent de fraîcheur.
Et, au final, on reste un peu sur notre faim.
Pour faire simple, exit les solos systématiques, les breakdowns et autres gimmicks que l’on retrouvait quasiment dans chaque titre du groupe, pour aboutir à des compositions bien plus directes et sans fioritures. Le groupe s’était déjà hasardé à une telle politique du Less Is More dans l’album Temper Temper - qui fut une catastrophe sans nom. Cette fois-ci, le cocktail s’avère beaucoup moins doucereux grâce à des compositions ayant bien plus de caractère et un apport évident de Jason Bowld à la batterie qui nous dispense quelques passages bien groovys dont il a le secret (on pense notamment à Piece of Me).
C’est ainsi que les titres vedettes de l’album, Over It, Piece Of Me ou bien encore Letting You Go sont très réussis et apporte un poids de plus à la discographie du groupe. Certes, il n’y a pas la grandiloquence des précédents albums ou le caractère démonstratif de certains solos dans le reste de l'album, mais on retrouve aisément cette combinaison de dynamisme et d’émotions qui a fait le succès du groupe (le tout renforcé par le fait que le groupe a laissé aux placards les growls sur plusieurs titres au profit des seules voix "claires" de Matt et Jamie). Sont également à noter quelques nouveautés telles que l'omniprésence des sons de clavier (sur Leap of Faith ou Gravity notamment, mais également Not Dead Yet et Letting You Go) et un son de guitare un peu plus sec que par le passé.
On ne peut s’enlever de l’idée (et ça s’est d’ailleurs vérifié dès la tournée des festivals d’été 2018) que le groupe a créé cet album pour le live. Tous les refrains sont des sing along, il y a dans chaque titre ce petit soupçon de violence qui va pouvoir permettre aux foules de bouger en live, et le tout reste distillé dans un format de chanson relativement court et sans pauses. Le résultat est immédiat : des titres catchys, très faciles d’écoute qui réussiront à coup sûr à fédérer en live le très large public de Bullet For My Valentine.
En revanche, l’album contient plusieurs titres parfaitement dispensables (Under Again ou bien encore Breathe Underwater) qui nous font en réalité douter de la durée de vie d’un tel album. Ne va-t-on pas se lasser très vite d’écouter des titres très faciles d’écoute comme Piece of Me ? Ces titres ne manquent-ils pas un peu de profondeur pour devenir des inoubliables du groupe ? Rien n’est moins sûr. Ce qui l’est, en revanche, c’est que les performances de Matthew Tuck et Jason Bowld sont excellentes.
En somme, l’album nous a laissé une impression mitigée : d’une part, des titres excellents (Don’t Need You, Letting You Go et Over It, surtout) et une certaine prise de risque du groupe qui se retrouvait il est vrai dans une situation nouvelle (nouveaux membres, nouveau label, etc.) mais également, d’autre part, la sensation d’une évolution non encore pleinement aboutie. Reste à savoir si l’alchimie entre les nouveaux membres du groupe permettra in fine d’aboutir au chef d’œuvre tant attendu depuis Fever.
Tracklist :
1. Leap of Faith
2. Over It
3. Letting You Go
4. Not Dead Yet
5. The Very Last Time
6. Piece of Me
7. Under Again
8. Gravity
9. Coma
10. Don't Need You
11. Breathe Underwater
