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Une des sorties majeure de cette année 2009, on ne peut nier que le come-back de la bande de Cleveland était attendu au tournant. On ne les présente plus, souvent comparés à des grands noms tel que Slayer ou encore Metallica, Chimaira était un groupe dont on attendait beaucoup et qui s’est fait remarquer avec la sortie de son excellent deuxième opus « The Impossibility Of Reason » en mai 2003 sur Roadrunner Records. Chimaira répond aux attentes en sortant son troisième album (qui pour moi est le meilleur) en août 2005 et effectue déjà un virage plus ou moins surprenant avec des compositions marqués par un côté plus extrême, des morceaux moins prévisibles, en bref Chimaira se renouvelle et s’écarte de plus en plus de l’étiquette « metalcore » qui lui était salement attribuée.
Les américains avaient alors toutes les cartes en main qui leur permettraient de gravir une marche de plus et faire exploser leur popularité. Bien que « Resurrection » ne soit pas un album foncièrement mauvais, il est clairement en dessous des deux dernières sorties du combo. Se contentant de reprendre plus ou moins ce qui avait déjà été fait avec « The Impossibility Of Reason » et « Chimaira », « Resurrection » manque d’un truc, la mayonnaise ne prend pas, une réelle déception en ce qui me concerne.
Mais où en est donc Chimaira aujourd’hui ?
L’image que j’ai de ce groupe est devenu péjorative avec le temps, « Resurrection » était pour moi la réponse à la question que tout le monde se posait, « Chimaira fera t-il parti du futur ? ». Mais avant d’enterrer le combo, j’attendais tout de même un nouvel album qui m’aurait fait regretter mes propos.
« The Infection » allait-il être l’album du sursaut ? En tout cas, Chimaira voulait attirer l’attention avec tout un plan promotionnel digne de Metallica avec son « Death Magnetic », jugez plutôt : dévoilage de l’artwork par petits bouts, mise en place d’un site Internet où l’on pouvait écouter quelques extraits grâce à un code disponible facilement en trifouillant un peu sur la toile… Les américains n’en font-ils pas un peu trop ?!
Une chose est sûre c’est que ce nouvel opus risque d’un dérouter plus d’un, c’est pour cela que je diviserai ma chronique en deux parties : premièrement un avis après seulement quelques écoutes et secondement un avis plus poussé après un certain nombre d’écoutes intensives.
1) « The Infection » : mes premières impressions.
Les courts extraits disponibles sur le net montraient encore un nouveau visage de la chimère, une évolution bien plus extrême qui semblait certes logique aux vues de certaines compositions assez sombres, on se souvient d’ailleurs de « Empire » sur « Resurrection » qui avait pour le moins divisé les fans avec des riffs et une ambiance très inspirés par le black metal. La mise en ligne du morceau « Secrets Of The Dead » confirmait clairement que se cinquième opus de Chimaira allait être… Différent.
Je ne vous cache pas l’impatience que j’avais d’écouter ce nouvel opus, même si la déception me rongeait de peur. La galette enfin entre les mains, j’appuie sur play et c’est parti ! Chimaira nous avait habitué à des « burners » tout bonnement jouissif comme « Nothing Remains » ou encore « Cleansation » tout deux des titres efficaces qui rentraient dans le vif du sujet. Ici c’est « The Venom Inside » qui détient le lourd rôle d’ouvrir ce nouvel opus, et contrairement aux albums précédents, « The Venom Inside » ne débute pas sur les chapeaux de roues, mais bel et bien par une introduction mélodique qui nous amène à un mid-tempo plutôt entraînant et très lourd jusqu’à ce qu’arrive le refrain où le groupe passe la cinquième et devient très étonnamment brutal où Mark Hunter nous montre ici une nouvelle fois l’entendue de sa voix avec un chant beaucoup plus guttural.
Premier titre sympathique bien que déroutant, on se demande où l’on met les pieds… Nous enchaînons directement avec « Frozen In Time » qui me laisse de marbre.
Pourquoi me direz-vous ? Comme je le craignais avec « Secrets Of The Dead », Chimaira se veut beaucoup plus sombre et extrême, on se retrouve donc avec les clichés du style : des intros en arpège, du mid-tempo, encore du mid-tempo, des riffs saccadés… d’un ennui à mourir ! Les titres se suivent et se ressemblant, il n’y a rien à faire ça ne décolle pas même si « Impending Doom » se démarque un peu plus du reste, ainsi que « On Broken Glass » qui le suit, seul morceau qui a le mérite d’être plus efficace que le reste… Ni même « The Heart Of It All », instrumentale concluant l’album, est intéressante, elle est juste chiante et à des années lumières d’ « Implements Of Destruction » sur « The Impossibility Of Reason ».
Après 3 écoutes, le constat est le même, toujours rien. J’aurai pu m’arrêter ici même, et conclure sur une mauvaise note. Mais décidé à comprendre où a voulu en venir Chimaira, j’ai approfondi les écoutes ce qui nous amène donc à notre deuxième partie…
2) Une quinzaine d’écoutes plus tard.
Certains morceaux se sont révélés et passent largement mieux, je pense à « Frozen In Time » ou encore « Coming Alive » où Mark Hunter n’hésite pas à utiliser un chant guttural à plusieurs reprises. Hélas à trop vouloir se donner l’image d’un groupe extrême, Chimaira sous exploite son talent surtout lorsqu’on voit ce qu’un Rob Arnold est capable de faire. « The Infection » a un arrière goût de manque d’inspiration, comme l’atteste « Try To Survive » dont le riff d’intro est quasiment le même que celui d’ « Inside The Horror », sur l’éponyme, en beaucoup plus lent.
Néanmoins, « The Infection » n’est pas un album mauvais et comporte quelques bons points : Chris Spicuzza est toujours au top en proposant des samples d’ambiances toujours aussi bien travaillés et trouvés.
Cette nouvelle orientation n’est pas une mauvaise idée au contraire, elle a juste été mal gérée, « Impending Doom » est à mes yeux le meilleur titre de l’album et un des meilleurs du répertoire de la chimère. Ce morceau est la preuve que Chimaira aurait pu faire bien mieux. « Impending Doom » est une chanson très prenante et mélancolique où Mark Hunter ira même jusqu’à ce servir d’un vocodeur pour certaines parties de chant. A noter l’énorme break à 3 minutes 37 qui est très certainement le meilleur passage de l’album. Hélas « Impeding Doom » est réellement le seul titre qui vaille le coup.
Pour conclure, « The Infection » aurait pu être un excellent album, hélas les américains ne se seraient-ils pas trop précipités pour enregistrer ce nouvel opus ? Puisque « Resurrection » n’a qu’à peine deux ans ? On a trop souvent l’impression d’un manque d’inspiration. J’avoue avoir toujours un peu de mal à saisir la démarche de Chimaira, une envie de se démarquer des autres groupes ? J’avoue rester un peu perplexe. On dit souvent que le troisième album est celui de la maturité et pourtant on a l’impression que Chimaira se cherche encore une identité en essayant de rester grand public mais tout en voulant toucher un public plus extrême…
Et pour répondre à la question de notre cher Elegy en commentaire de la chronique de l’album éponyme : « Chimaira fait-il parti du futur du Metal ? », je serai tenté de lui répondre, hélas, non. Chimaira a gâché sa dernière cartouche et la descente en enfer continue pour le groupe dont je n’attends maintenant plus rien.
1. The Venom Inside
2. Frozen In Time
3. Coming Alive
4. Secrets Of The Dead
5. The Disappearing Sun
6. Impending Doom
7. On Broken Glass
8. Destroy And Dominate
9. Try To Survive
10. The Heart Of It All