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Il est des albums et par la même occasion, des groupes dont on peut passer à coté pour des conneries. J’en suis, d’ailleurs, le parfait exemple. En effet, je suis trop longtemps passé à coté de Therion dont les différentes chroniques élogieuses à son sujet ne m’avaient pourtant pas laissé indifférent. Sauf que le groupe était classé dans le Heavy SYMPHONIQUE et ayant fait une overdose, plus jeune, de Nightwish et notamment son mauvais Once, ce style me sortait un peu par les trous de nez. Toutefois, avec les tonnes d’éloges après leur prestation au Hellfest (Je les avais d’ailleurs lamentablement ratés pour les raisons expliquées plus haut) et avec l’annonce de la tournée pour leur vingtième anniversaire, je me suis enfin décidé à tendre une oreille à leur musique et notamment à ce Theli joué en entier pour l’occasion.
Et pour ce grand album, qui d’autre qu’un invité de luxe au chant. Nous sommes en 1996 et qui dit sortie d’un album suédois, dit Dan Swanö (ou presque…). Je rappelle qu’à cette époque on le retrouvait aussi avec de petites figures oubliées telles que Opeth et son modeste Orchid sur lequel il assure la production et bien entendu Edge Of Sanity et son ridicule Crimson avec encore Mikael Akerfeldt dans les parages. Cette fois, ce dernier n’est pas présent. Ce qui n’entrave nullement à la qualité de Theli.
Dans le cas présent, le père assure certaines parties à tour de rôle avec Christofer Johnsson à coté du talentueux chanteur – qui officie également à la batterie - Piotr Wawrzeniuk qui montre à la face du monde, ses immenses qualités dans ce domaine et théâtralise encore un peu plus la musique qui rappelle quand même pas mal le Metal avant-garde des Norvégiens d’Arcturus sur La Masquerade Infernale, tout aussi grandiloquent, moins décadent mais dans les deux cas grandiose.
Théâtralisé ou mieux encore : Operatisé (cela n’existe pas et alors ?). Oui, Therion va au bout des choses et en plus du chant « normal », on retrouve plusieurs chanteurs d’Opéra, masculins et féminins. Seulement, ils ne sont pas là simplement pour assurer les chœurs comme dans n’importe quel autre groupe mais bien pour être mis en avant. Pour preuve, on retrouve sur Theli presque autant de chant dit « normal » que de barytons et autres soprani.
C’est bien sur cela qui choque dans la musique de Therion (avec la très grande présence des claviers) mais quand on y réfléchie un peu, Le chant Opera n’est-il pas aussi ridicule (ou aussi bon, c’est selon) que le chant gueulé ou le growl ?
J’aurai tendance à répondre par l’affirmative.
Christofer Johnsson a donc eu enfin les moyens pour créer l’album qu’il avait en tête depuis déjà quelques temps. Il s’est ainsi entouré d’un grand nombre de musiciens (en plus de ses trois compères du groupe) avec seize invités dont un grand nombre pour les chœurs. On est encore très éloigné de la centaine d’invités ayant travaillé sur Lemuria/Sirus B mais ça fait quand même du monde. D’autant plus pour un « simple » groupe de Metal.
Therion ne renie cependant pas entièrement son passé. Ainsi sur « Invocation Of Naamah », vous retrouverez Chris et son chant Death pour un mélange surprenant mais pas dérangeant et qui vous rappellera (ou vous apprendra) que les Suédois pratiquaient un tout autre style de musique avant Theli.
« The Siren Of The Woods » est elle aussi surprenante pour une raison différente. Cette chanson est déjà plus longue qu’à l’accoutumé mais est surtout plus mélancolique et moins pompeuse que le reste. La voix féminine est très belle et touchante tout comme la partie instrumentale tout bonnement génial à l’image de l’album de ce coté là.
Mais ce qui est frappant c’est la cohésion de l’ensemble. On a ainsi un monolithe qui est difficile pour ne pas dire impossible à prendre pièce par pièce de « Preludium » à « Postludium ». De plus chacune d’entres elles à son charme, son passage marquant (même si certaines traînent en longueur comme « Cults Of The Shadows ») quand ce n’est pas l’ensemble du morceau qui est parfait comme le « Number Of The Beast » (mais en mieux) de Therion à savoir « To Mega Therion ». C’est bien sur plus facile quand on a un génie comme Chris à la composition et d’excellents musiciens pour tout assurer derrière.
Ainsi, les deux guitaristes (Chris Johnsson encore lui et Jonas Mellberg) sont un régal à écouter jouer avec des soli tout au feeling à tomber. Je ne sais pas lequel choisir comme exemple tellement le choix est vaste.
En revanche certaines plages de clavier (assuré d’ailleurs par les deux guitaristes et deux invités) ont retenu particulièrement mon attention : Celle de « Cults Of The Shadows » très médiéval et celles de « Grand Finale/Postludium » (ça, c’est du final intense) qui font parti des plus belles lignes jamais écrites dans l’histoire de la musique. Oui, rien que cela.
La basse est, elle, très peu mise en avant mais quand elle est, elle donne encore un plus d’intensité à la musique.
Theli est donc en 1996 une sacrée révolution qui va pas mal faire bouger les choses et qui va commencer de forger à Therion une nouvelle réputation. C’est à partir d’ici que le groupe va prendre son envol pour ne plus redescendre.
Onze ans après sa sortie, c’est toujours aussi rafraîchissant et ça n’a pas pris une ride même s’il continuera longtemps à partager les foules. Du moins, mon choix est fait : Theli, en posant les bases d’un style unique, est une des pièces maîtresses du style et plus largement du Metal tout simplement. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le groupe l’a joué en entier sur scène pour la tournée célébrant le vingtième anniversaire du groupe.
01. Preludium
02. To Mega Therion
03. Cults Of The Shadows
04. In The Desert Of Set
05. Interludium
06. Nightside Of Eden
07. Opus Eclipse
08. Invocation Of Naamah
09. The Siren Of The Woods
10. Grand Finale/Postludium
