Entropia
Marie Rouyer (chant) & Jérome Bougaret (guitare)
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Les jeunes loups aux dents longues ; ne jamais les laisser de côté. Car au delà des immenses arbres qui cachent bien souvent les forêts se terre un undergound souvent empreint de talent et d’envie musicale qui parfois serait à même d’aller déloger de leurs étoiles prétentieuses certaines formations devenant quelques peu arrivistes. Jeune combo français, Entropia entreprend de créer comme il le souhaite une musique épique extrême, à la frontière entre le lyrisme à chant féminin et un métal bien plus extrême et rugueux. Après un second ep plus que convaincant, c’est avec Marie (chant) et Jérome (guitare) que nous avons été en savoir un peu plus sur un possible espoir des prochaines années en matière de musique hybride. Place aux créateurs.
[Par Eternalis]
1 – Question d’usage pour débuter cet entretien. Vous êtes encore un jeune groupe donc peux-tu présenter Entropia à ceux qui vous découvre ?
Marie : Entropia est un groupe d'extrême metal symphonique qui a vu le jour en 2006, avec notre premier album autoproduit « From Chaos Born ». Il s'en est suivi le tournage du clip de la chanson « Beyond the Veil », réalisé par Alexandre LECAS. Le groupe est composé d'un batteur, Olivier, un bassiste, Laurent, un guitariste, Jérôme, qui par ailleurs compose la plupart des morceaux et moi même au chant. Je me dois également de citer Laurent l'Infame qui signe bon nombre des arrangements de notre dernier EP, « Obscure Rising », même s'il ne répète pas avec nous ni ne nous rejoint en concert. Dernièrement, nous avons accueilli Jordan l'Ecklesiast, guitariste de Frater Sinister, comme second guitariste. Les influences de Jordan et ses capacités en termes de composition nous laissent penser que nous allons de plus en plus vers un métal extrême.
2 – Vous revenez avec un nouvel ep après « The Dark Pages ». Pourquoi ce choix du mini album à la place d’un produit longue durée ?
Marie : Nous avions testé les morceaux d' « Obscure Rising » en concert et nous avions envie de les enregistrer dans de bonnes conditions. C'est notre première expérience d'enregistrement en studio. Le but était de promouvoir notre musique et lui apporter un son un peu plus professionnel pour faire un maximum de concerts. L'album ce sera après, car il faut des moyens financiers que nous n'avons pas actuellement.
Jérome : C'est un problème budgétaire tout simplement ! Pour enregistrer un album complet il nous faudra désormais le soutien d'un label.
3 – On ressent une nouvelle direction musicale avec « Obscure Rising », qui porte relativement bien son nom ! Une atmosphère plus noire et dangereuse, ainsi que l’implication de vocaux et riffs plus brutaux. Comment est venu ce changement ?
Jérome : Nous avons toujours allié le metal extrême et le heavy symphonique mais il est vrai que notre son s'est radicalisé avec le temps. Ce changement c'est fait progressivement au grès des compositions et des rencontres d'autres groupes plus brutaux avec qui nous avons tourné.
Marie : Plus le groupe évolue avec l'arrivée de nouveaux membres et le départ d'autres, plus notre son évolue, même si depuis 2006, nous avons la chance d'avoir le même line up. La rencontre avec le groupe Roannais Frater Sinister n'est pas étrangère à ce tournant musical. Olivier et Laurent ont aussi clairement posé leur emprunte sur les compositions de Jérôme. Et les rencontres en concert de groupes comme Adrana et Seelentod ont été source d'inspiration.
Pour les vocaux, je suis très classique de formation et de goût au départ. Mais en 2008, à la sortie de « Communion » de Septic Flesh, j'ai eu un coup de foudre. Je n'arrêtais pas de le fredonner dans ma voiture. De fil en aiguille c'est devenu un de mes modes d'expression.
4 – L’ambiance est plus lourde et chargée qu’auparavant. Est-ce une direction plus proche de tes gouts musicaux actuels ou une simple envie de sonner plus sombre tragique ?
Jérome : J'ai toujours écouté du heavy et du black. Mais il est vrai que j'ai élargi ma culture du metal extreme au côté du groupe Frater Sinister dont le claviériste Laurent « Infame » Chavignon a signé la moitié des arrangements d' « Obscure Rising ». Notre musique va d'ailleurs poursuivre dans cette voie car le guitariste de Farter Sinister (Jordan « Eclkesiast » Chevreton) vient de rejoindre Entropia et amène avec lui tout son bagage technique et ses influences black metal. De plus, le fait que les autres membres du groupe recherchent un son imposant et que Marie assume désormais complètement sa part d'ombre en interprétant toutes les voix gutturales me pousse à aller vers des harmonies plus sombres et des riffs plus tranchants.
5 – Tu incorpores justement des parties de chant death à l’intérieure de tes lignes vocales claires, à la manière d’une Angela Gossow pour ne citer qu’elle. Comment t’es venue cette envie et est-il difficile pour toi d’aboutir à un tel résultat ?
Marie : Le but est de jouer avec toutes les facettes (que je connais pour l'instant, car il me reste encore plein de sonorités à découvrir et à travailler) de ma voix pour servir une atmosphère ou une intention. En concert, cela demande une grande souplesse mais cela provoque un certain effet sur l'auditoire. C'est aussi comme une signature, pour qu'on se rappelle qu'Entropia c'est le groupe où la chanteuse ne se contente pas de chanter en voix claire.
6 – Quelles sont vos influences musinterview Entropia (FRA)icales et, plus personnellement, les vocalistes qui influencent ton approche vocale ?
Marie : J'ai commencé à écouter du métal avec Rhapsody of Fire et The Gathering, c'était il y a un certain nombre d'années maintenant. Je suis sensible aux groupes que j'écoute sur CD et que je vais voir en concert, je pourrais en citer beaucoup. Mais en fait je suis d'avantage influencée par les chanteurs et les musiciens avec lesquels je suis amenée à travailler. Mon professeur de chant, Inta Kovalevskaya, est russe. Elle est violoncelliste concertiste et m'a énormément apporté ces 2 dernières années, dans l'interprétation et les nuances. La rencontre avec Anae d'Adrana a également changé ma façon d'aborder le chant classique en métal. Jérôme écoute tout type de métal, du plus noir au plus léger mais aussi de la musique classique, du jazz,... Laurent écoute du trash et du pagan métal. Olivier quant à lui est plutôt hard core et death mélodique. Jordan le dernier venu écoute beaucoup de black.
7 – Jérome ; comment composes-tu ? Tes idées viennent-elles d’un riff ou greffes-tu des éléments à partir d’une mélodie ?
Jérome : Pour tout te dire il n'y a vraiment pas de règle en la matière. Toutefois en générale pour les parties heavy symphonique je pars souvent d'une mélodie, qui peut être une ligne de chant ou un thème musical, et immédiatement je vois ce que pourraient faire la batterie, les violons, les cuivres etc. Pour les parties black death je compose plus facilement à partir d'un riff de guitare. Mais comme je te l'ai dit précédemment il n'y a pas de règles. Par exemple, pour « Slave » qui est un des morceaux les plus symphoniques que j'ai écrit je suis parti d'un riff en tapping. Par la suite, après avoir rajouté le piano, les cordes et les cuivres le riff en tapping m'a semblé en trop et j'ai écrit pour les guitares une rythmique bien lourde qui suit la grosse caisse. Il y a un va et viens constant entre l'instrument dont tu joues et les mélodies que tu as dans la tête.
8 – Tu t’es occupé de l’enregistrement et la production d’ « Obscure Rising ». Comment as-tu travaillé l’approche sonore de l’ep et quels sont les améliorations à apporter à l’avenir selon toi ?
Jérome : Pour « Obscure Rising » nous avons fait un véritablement de mise en place avec tous les membres du groupe pour que tous le monde joue avec les mêmes intentions et rende les morceaux le plus efficace possible. Nous avons décortiqué les chansons mesure par mesure en choisissant à chaque fois la meilleure manière de faire sonner tel ou tel passage. Après pour le son nous avons fait confiance à Julien Robalo du « l'after you my friend » studio. Pour l'avenir nous enregistrerons dans un studio vraiment axé metal. « l'after you my friend » a fait réellement un bon travail mais ce n'est pas un studio qui a l’habitude de ce type de musique. Par exemple la batterie n'a pas été triggée ce qui affaiblit l'impact général des chansons.
9 – En tant que compositeur, que préfères-tu ? Composer, créer et enregistrer de nouveaux morceaux en studio ou jouer et t’exprimer sur scène ?
Jérome : Ce sont toutes des facettes excitantes de la musique. Composer est un geste créateur qui apporte une grande satisfaction et enregistrer c'est la concrétisation de ton inspiration originelle. Mais pour ma part rien n'est comparable à l'adrénaline et à l'euphorie que te procure un concert.
10 – On pourrait vous voire comme une savante alliance entre Nightwish, Cradle of Filth et Arch Enemy. Qu’en penses-tu et que t’inspirent les différentes étiquettes musicales que l’on tente de coller à un groupe dès que, comme vous, il tente de puiser son inspiration dans différents horizons musicaux ?
Marie : On aime tous les groupes que tu viens de citer et on ne peut pas nier qu'ils aient une influence sur nos compositions. Il faut bien nous comparer à des groupes connus pour que le lecteur ait envie de nous découvrir. Je veux bien toutes les étiquettes que l'on voudra bien nous prêter, tant qu'elles restent de cet acabit.
Jérome : Merci pour les comparaisons ! Nous aimons bien sûr les groupes que tu as cité. Je penses que c'est normal de vouloir nommer les choses mais il est vrai que notre musique brasse tellement de genres qu'il est difficile de trouver une appellation qui ne soit pas longue comme le bras ! Pour ma part j'aime bien le terme d'extrême metal symphonique. On nous a aussi décrit comme du black metal lyrique et je trouve la formule intéressante.
11 - Quelles sont vos influences musicales et, plus personnellement, les compositeurs ou guitaristes qui influencent ton jeu ?
Jérome : Comme tu as pu le deviner j'ai des infinterview Entropia (FRA)luences très éclectiques. Dans le metal, j'aime aussi bien le heavy, le progressif, le black, le death, le gothic, le symphonique. Mais j'écoute aussi pas mal de classique, de musique de film et de jazz. En fait j'aime la musique en général du moment que les mélodies me font ressentir quelques choses. Au point de vue guitaristique j'ai débuté dans un groupe de reprise de Metallica et d'Iron Maiden, je ne peux donc pas nier l'influence de James Hetfield et d'Adrian Smith sur mon jeu. Mais au fil du temps j'essaie de développer mon propre style. Bien sûr il y a des guitaristes qui me fascinent et qui m'influencent. J'adore le groove et la maîtrise de Michael Romeo (Symphony X), l'efficacité mélodique de Michael Amott (Arch Enemy), la créativité de Ihsahn ( Emperor), la brutalité de Nergal ( Behemoth)...
12 – « Sweet Little Sin » semble être l’étendard du nouveau style érigé par Entropia. Les futurs morceaux seront-ils dans cette veine ?
Jérome : Effectivement. L'arrivée de Jordan au poste de deuxième guitariste confirme cette prise de direction plus radicale et nous avons déjà composé ensemble de nouveaux morceaux qui font la part belle au black metal sans oublier le double chant classique/grunt, les arrangement orchestraux et les changements d'atmosphère qui définissent la musique d'Entropia.
Marie : Les nouveaux morceaux risquent de devenir de plus en plus brutaux et symphoniques à la fois. Nous sommes traversés par deux mouvements contraires : le ciel et l’enfer ; la lumière et l'obscurité. Nous allons continuer à explorer cette voie et aller un peu plus loin dans notre recherche musicale.
13 – A quoi ressemble un concert d’Entropia ?
Marie : Un concert d'Entropia c'est une débauche d'énergie et beaucoup de technique aussi. Des samplers se déclenchent au fil des morceaux, ce qui requiert une régularité et un jeu parfaitement mis en place. Quand je pense à nos concerts, je pense à SAINT AMAND MONTROND ou à LYON où le public était déchaîné. C'est l'occasion d'aller à la rencontre d'autres groupes et des auditeurs.
14 – Tu t’occupes des textes des compositions du groupe. Quelle est ton approche lyrique et que cherches-tu à exprimer à travers les mots que tu chantes ?
Marie : J'imagine les lignes de chant mais je n'écris pas les paroles, mon anglais laissant vraiment trop à désirer. Cela ne m'empêche pas de donner mon avis sur des thèmes que m'inspirent les compositions. Les thèmes qui reviennent souvent sont : la religion, la maternité ou la féminité, la part d'ombre que l'on porte en soi. Je préfère des chansons avec des thèmes généraux, sortes de paraboles où chacun peut se projeter plutôt que des chansons narratives.
15 – Quels sont les projets immédiats pour le groupe ?
Marie : Un show case au Centre culturel Leclerc de Bellerive sur Allier (03) le 17 septembre à 18h00, quelques surprises musicales vous attendent. Ensuite on enchaîne avec une date par mois si tout va bien jusqu'en décembre. De nouvelles compositions sont à mettre en place, à tester en concert... on ne manque pas d'activité.
Jérome : Nous avons pas mal de concert à la rentrée dans un show case acoustique en septembre à Vichy. C'est une première pour nous. Nous avons retravaillé intégralement les chansons avec deux guitares classiques. J'ai été aidé par Serge Boyer guitariste du groupe Mordiggan. Nous avons repensé la musique d'Entropia pour l'adapter au jeu typique de la guitare sèche. Il y aura donc de la bossa, du flamenco, du jazz manouche etc. Une expérience vraiment enrichissante et surprenante. Pour les premiers concerts avec notre nouveau guitariste nous jouerons vers Auxerre, à Clermont-Ferrand et nous finirons l'année en beauté par une date dans notre bonne ville natale de Moulins.
16 – Après deux ep, un véritable album est-il en préparation ?
Jérome : Nous avons déjà composé de nouveaux morceaux mais comme je te l'ai dit nous attendons maintenant d'être soutenus par un label pour pouvoir sortir un album digne de ce nom.
17 - Merci pour le temps accordé à cette interview. Je vous laisse les mots de la fin et vous souhaite bon courage pour la suite…
Marie : Merci de l'attention que tu nous portes. Venez nous découvrir en concert ou en vous procurant notre dernier EP, « Obscure Rising », tout juste sorti des ténèbres...
Jérome : Merci à toi pour ton soutien et merci à tous les internautes qui liront cet article. Nous avons eu un retour très positif des webzines et je pense que c'est grâce à vous que des groupes underground tel que le notre peuvent s'exprimer et toucher un public de plus en plus nombreux. Merci encore pour l'intérêt porté à notre musique.
A Marie et Jérome pour leurs disponibilités...