Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Mayan

Quarterpast

LabelNuclear Blast
styleDeath Prog' Symphonique
formatAlbum
paysPays-Bas
sortiemai 2011
La note de
U-Zine
5.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

La fin des temps, l’apocalypse moderne sous fond d’écologie politique et mystique.
L’utilisation abusive du calendrier maya pour appuyer des thèses pessimistes et alarmistes est devenu une monnaie courante de ces dernières années, invitant autant à la psychose qu’au rejet pur et simple d’ancienne civilisations au savoir et à la sagesse dépassant le monde moderne.
Mark Jansen, en 2005, avait déjà, quelques mois avant que cela ne devienne un sujet d’actualité (autant cinématographique que littéraire), évoqué le sujet à travers un ambitieux concept. Encore jeune groupe à l’époque, Epica, né après le relatif split d’After Forever, donnait naissance à un impressionnant "Consign to Oblivion" aux éléments appartenant à la culture sud-américaine tout en gardant une forte empreinte continentale et occidentale (notamment liée au concept "Embrace That Smothers").

Cependant, l’envie d’en faire un projet à part entière, concret et unique, sans le sceau d’un groupe qui en amenuisait l’impact, était resté ancré dans l’esprit du guitariste et compositeur hollandais.
Suite à "Design Your Universe", quatrième opus d’Epica, qui rejetait très loin les barrières de la brutalité dans le domaine du métal lyrique à chant féminin, il était écrit (de la plume de Mark) que le groupe ne pourrait pas aller plus loin dans cette dimension, démesurément épique, intense et filmique, de plus agrémenté de nombreux blasts-beat et autres parties vocales extrême. Néanmoins, cela ne signifiait pas invariablement que le compositeur ne voudrait plus composer dans cette veine… Simplement que le patronyme d’Epica ne correspondrait plus. C’est alors qu’un nouveau projet naquit… Et avec lui, l’idée d’enfin le lier à ce concept maya à part entière. Sans prise de risque ni surprise, Mark offrit comme appellation à cette nouvelle entité Mayan.

Griffé de l’étiquette alléchante et intrigante de « Death Metal Opera », "Quarterpast" se présente comme un projet dantesque aux multiples invités, et probablement réservé à un travail plus studio que scénique. Car entre un line up rythmique reprenant celui d’Epica (guitare/batterie) et le bassiste d’Obscura et Pestilence (Jeroen Paul Thesseling), s’ajoute à la liste l’inévitable Floor Jansen (qui n’a jamais été aussi omniprésente que depuis qu'After Forever appartient au passé), Henning Basse (Metalium, Sons of Seasons), l’évidente Simone Simons et une jeune chanteuse d’opéra italien : Laura Macrì.
Ainsi, l’album s’annonce on ne peut plus épique et ambitieux, et présenté à la manière d’une œuvre immense à la Septic Flesh. Pourtant, il n’en sera rien, ou presque…

La première grande déception de Mayan se situe au niveau de la production, étouffée et curieusement creuse, loin de la densité de "Design Your Universe" pour se rapprocher du côté cru et finalement mal opportun de "The Divine Conspiracy", cassant avec la grandeur musicale.
La seconde déception, bien plus cruciale et dépendante de la qualité globale : le manque flagrant d’inspiration. Alors que l’on était légitimement en droit de s’attendre à une suite logique du dernier Epica, mais cette fois sans frontières ni barrières, on se retrouve avec un métal symphonique sclérosé et bateau, aux riffs et constructions désespérément linéaires. La diversité vocale manque cruellement d’accroche et surtout de cohérence, loin de projet typiquement conceptuel que peuvent être Ayreon ou Avantasia (le terme « opera » apparaissant comme un peu usurpé).

Certes, certaines envolées symphoniques sont bluffantes, celles de "Bite the Bullet" ou "Symphony of Agression" pour ne citer qu’elles, mais on ne pourra s’empêcher de penser à un manque de recul sur cette œuvre semblant avoir été fait dans l’excitation la plus complète. Mayan mélange autant le black symphonique à la Dimmu Borgir sur l’imposant (et très réussi) "Course of Life" que le métal lyrique à la Epica (et avec Simone, ce qui n’aide pas à offrir une identité à Mayan) sur "Mainstay of Society" (aux riffs death d’une grande mollesse, et aux claviers d’une niaiserie très décevante).
Il est difficile de voir où Mark à cherché à en venir ici, tant le groupe mélange tout à tort et à travers, comme un melting-pot des influences du guitariste sans lui avoir offert au préalable une âme propre. Certes, un moment comme "Essenza Di Te" reste magique et onirique, notamment pour le talent de la soprano italienne, mais il ne dure malheureusement pas plus de deux minutes…

Étrangement, "Drown the Demon" et sa symphonie inquiétante fera furieusement penser à "The Wicked Symphony" d’Avantasia, malgré un aspect « Burtonnien » dans les claviers un peu ratés, manquant l’onirisme pour, une nouvelle fois, un manque de cohérence entre les parties instrumentales.
Pour ajouter au bilan des plus infructueux à ce disque, on ajoutera que le grunt de Mark retombera dans ses travers d’antan ; à savoir une monotonie de ton majeur, alors que le chanteur avait trouvé une variété salutaire dans le dernier Epica.

Reste une maitrise technique parfaite (quelle performance d’Ariën Van Weesenbeek derrière les futs), un Henning Basse fidèle à lui-même et très bon au chant clair ("Celibate Aphrodite" où il survole une composition pourtant bien terne) et des chanteuses toujours aussi exceptionnelles vocalement. Malencontreusement, cela ne suffit plus aujourd’hui pour faire un bon album, et Mayan souffre visiblement d’une grande précipitation et il fort probable que Nuclear Blast n’aurait pas signé un projet pareil sans le casting d’exception qu’il pourra apposer en sticker promotionnel sur la pochette. L’identité était grande et noble, le résultat décevant et banal…
Peut-être une prochaine fois… Et en espérant que ça ne stoppe pas la marche en avant du groupe principal de ce compositeur ayant déjà apporté, malgré son jeune âge, certaines des plus belles lettres de noblesse au metal lyrique actuel.

1. Symphony of Aggression
2. Mainstay of Society
3. Quarterpast
4. Course of Life
5. The Savage Massacre
6. Essenza Di Te
7. Bite the Bullet
8. Drown the Demon
9. Celibate Aphrodite
10. War on Terror
11. Tithe
 

Les autres chroniques