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Les Pays Bas savent faire des groupes symphonique à chanteuse, les Finlandais sont les rois du Death Mélodique (la Suède est finie) et les Portugais qu'est ce qu'il font ? Et bien je vais vous le dire, des groupes Metal Gothique et Symphonique. Tout le monde connaît la référence Moonspell et peut être un peu moins, Ava Inferi, le groupe du subtil Rune Erikssen A.K.A. Blasphemer, l'ancien de Mayhem, qui est bien basé au Portugal. Cette fois-ci, c'est un vieux groupe un peu passé entre les mailles du filet Heavenwood mais qui signé chez Listenable Records, ne peut plus rester anonyme en France.
Heavenwood, c'est un trio composé d'un chanteur, Ernesto Guerra, d'un guitariste chanteur, Ricardo Dias et d'un autre guitariste, Bruno Silva. Les Portugais avaient créé un petit buzz en 2008 avec son troisième album, Redemption, sorti dix ans après son prédécesseur, Swallow. On y retrouvait en effet de grands invités tels Jeff Waters d'Annihilator, Tijs Vanneste d'Oceans Of Sadness et le guitariste qui monte, Gus G. sorti tout droit de Firewind ainsi que de la nouvelle troupe d'Ozzy Osbourne. Du beau monde qui a donné un petit coup de pub à ce groupe dont Listenable qui a flairé le bon filon pour leur faire sortir leur nouvel album aussi accrocheur qu'énigmatique, Abyss Masterpiece. Un bien bel oxymore.
Cet album n'a rien d'un chef d'œuvre mais se rapproche plus de ce terme que de celui d'abysse. Le groupe dispose d'un maîtrise technique intéressante qui lui fait mener sereinement des compositions qui ne sont pas des modèles d'homogénéité. Malgré un style et une nationalité qui ne plaide pas en sa faveur, Heavenwood n'est pas un clone de Moonspell, loin de là. Pourtant, les premières leads de guitare sur « The Arcadia Order » avaient de quoi effrayer avec ses rythmiques en béton que l'on ne peut s'empêcher de comparer aux récents tubes de Moonspell comme « At Tragic Heights » ou « Memento Mori », le groove imparable en moins mais sur le reste des morceaux, ce n'est pas vraiment la même chose. En fait, le seul groupe où l'influence est présente sur chacun des titres, c'est Paradise Lost dans la première moitié des années 90, les jeux entre les voix claire et hurlée en plus. Les voix sous toutes leurs formes sont proches de celles que Nick Holmes a pu avoir tout au long de sa carrière. La ressemblance est par moment frappante et c'est à se demander si le monsieur n'est pas invité sur l'album. J'espère tout de même que le groupe nous aurait mis un minimum au courant.
Les mélodies belles et noires recherchées rappellent la pâte de la paire Mackintosh-Aedy. Ce sont d'ailleurs souvent elles qui font mouche (« Goddess Presiding Over Solitude ») et décoller un album composé peut être un brin trop sagement. Le groupe n'a pas pris de risques en sortant cet Abyss Masterpiece et l'ensemble manque cruellement de folie furieuse. On sent le groupe un peu en roue libre ne faisant que ce qu'il sait faire de mieux alors qu'on sent qu'il a la matière pour creuser un peu plus. Je m'emporte peut être un peu mais je vois bien ce groupe pondre quelque chose de bien plus ambitieux avec des morceaux plus longs et plus alambiqués et des orchestres mieux utilisées car sur cet album le potentiel de l'orchestre n'est pas utilisé à son maximum. Il se fait même plutôt discret ne nous matraquant pas de virtuosité et reste toujours secondaire aux guitares qui sont les éléments majeurs de la musique du groupe avec les voix. Cette production très froide et synthétique de Jens Bogren (Opeth, Soilwork) n'aide pas forcément à combler cette déficience de folie.
Pourtant, tous les morceaux sont bons et il arrive même assez souvent qu'Abyss Masterpiece, au lieu de tomber, décolle. « Morning Glory Clouds » et « Like Yesterday » font office de tubes incontournables de l'album. Le dernier nommé nous émeut même avec la voix si pure du chanteur (un invité ?), son clavier envoutant et ses belles mélodies. « Winter Slave » est aussi excellente dans son contraste entre ses mélodies et ses riffs hachoirs à la limite du Death Metal d'un Morbid Angel. Il y a également « Léonor », le seul titre avec un chant féminin mais sans aucun relent Néo ou Pop et ça, ça fait plaisir. J'ai noté sur mon calepin l'outro « Her Lament » purement symphonique mais très jolie et parfaite pour initier les gens voulant franchir le palier de la Musique Classique.
Abyss Masterpiece est un bon album catchy que je ne saurai trop conseiller à tous les mordus de Metal Symphonique et Gothique mais ce manque criant de folie l'empêche de s'éloigner de la masse des sorties du moment et ne lui donne qu'une durée de vie assez limitée.
1. The Arcacia Order
2. Morning Glory Clouds
3. Goddes Presiding Over Solitude
4. Once A Burden
5. Winter Slave
6. Leonor
7. Poem For Matilde
8. Fading Sun
9. September Blood
10. Sudden Scars
11. Like Yesterday
12. Her Lament