In Flames + Five Finger Death Punch @Paris
Olympia - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Ce lundi 4 décembre 2017, la salle mythique de l'Olympia accueillait une tournée pour le moins étonnante rassemblant les Suédois d'In Flames et les Américans de Five Finger Death Punch, deux groupes dont on peine à saisir les points communs si ce n'est d'être tous les deux signés chez Nuclear Blast Records.
Surtout, je n'ai jamais été très convaincu par les co-headlining tour. Si de telles affiches peuvent avoir pour intérêt de remplir des salles et de faire découvrir aux fans de l'une des têtes d'affiche la musique de l'autre, elle a le plus souvent pour conséquence de frustrer tout le monde avec des shows très réduits. Et tel aura été encore le cas ce soir, outre le fait que les billets mentionnaient un début de concert à 20h si bien que la majorité du public a raté la prestation d'Of Mice & Men qui a joué une poignée de morceaux à 19h30..
Quoi qu'il en soit, les groupes présents ce soir ont livré des prestations résolument solides qui méritaient le détour.
In Flames :
Depuis la date de l'Alhambra et le show un peu spécial qui y avait été joué par les Suédois, on avait hâte de revoir le groupe sur une grande scène. On avait en revanche un peu moins hâte d'écouter plusieurs titres de Battles qui nous a très franchement laissé de marbre (même s'il s'avère en live bien plus réussi que son prédécesseur), mais passons.
Les premiers doutes s'effacent assez vite lorsque l'on voit les éléments de scène être installés, dont des écrans géants un peu partout, la présence en hauteur de la batterie et des claviers ainsi qu'un grand rideau devant la scène, comme à l'époque de la tournée d'A Sense of Purpose. On sent que les Suédois ont vu les choses en grand et qu'un show de qualité se trame, si bien qu'on en oublie un peu la setlist qui nous attend.
Et même si ce n'est pas A Chosen Pessimist qui démarre le show d'In Flames comme à l'époque, le rendu de Drained est plutôt pas mal pour lancer les hostilités. Surtout, dès les premières minutes, le constat est évident : non seulement les musiciens sont très en forme sur scène avec un Anders et un Bjorn ultra-souriants, mais le son est vraiment excellent. La pression dans la fosse commence alors à monter jusqu'à atteindre très vite son maximum lorsque le groupe décide d'enchainer Take This life et Trigger. Cette dernière chanson est et restera l'une des meilleurs d'In Flames en live. C'est sur des bases très solides que le groupe commence sa prestation parisienne.
Et, à vrai dire, la pression ne retombera pas tellement. Peut-être parce que, contrairement à ses habitudes et compte tenu du timing très serré de la soirée, Anders ne raconte pas sa vie - et accessoirement pas mal de conneries - entre deux morceaux ? Plus probablement parce que le choix des titres joués par le groupe s'avère très intelligent. Alors, certes, je ne vais pas me réjouir outre mesure d'entendre Save Me ou Here Until Forever mais le show a le mérite d'être cohérent.
Dans l'interview qu'Anders m'avait accordé lors de la tournée de promotion de Battles, il avait indiqué que l'heure n'était pas à faire des shows en mode best-of, mais bien de concevoir des setlists cohérentes avec certaines dynamiques et certaines ambiances communes, quel que soit l'album des titres choisis.Et tel fut bien le cas ce soir avec un mix plutôt parfait entre des titres comme The Truth, Alias ou bien encore The Mirror's Truth. Et il en va de même de l'enchainement Moonshield / The Jester's Dance qui est du plus bel effet.
Ce qui est assez dingue, en réalité, c'est que lorsqu'In Flames joue un titre comme The Quiet Place (qui est génial, soit dit en passant), on a l'impression d'écouter un vieux titre du groupe. Et ce qui est d'autant plus dingue c'est que certains titres de Sounds of A Playground Fading m'ont manqué. Where The Dead Ships Dwell, All For Me, Deliver Us, Ropes sont autant de titres savoureux en live auxquels le groupe nous avait habitué ces derniers temps... Au final, cet album a fait son chemin et je finis par l'apprécier énormément, surtout en live. Du coup, puisqu'on l'on sait que le groupe ne nous ressortira pas une setlist vintage à grands renforts de Jotun, Pinball Map, Colony ou autres The Hive et Food For The Gods, l'idée de pouvoir écouter des titres de Sounds Of a Playground Fading ou de A Sense of Purpose fait de moi un homme heureux. Qui l'eut cru ?!
Mais ne tournons pas le dos au présent pour autant, car force est de constater que la prestation des Suédois sur The Truth ou The End nous démontre à quel point il est difficile de juger un album uniquement sur son écoute, en faisant abstraction du rendu live. Les titres de Battles s'avèrent en réalité bien plus réussis en live que ceux de Siren Charms, alors que mes premières impressions sur cd étaient radicalement différentes. The Truth, The End et même Save Me sont plutôt bonnes, portées par un Anders pas si mauvais en chant clair (sauf peut-être sur le break de The End...).
Et c'est au terme d'un tout petit peu plus d'une heure de show que les Suédois annoncent la fin de leur prestation sur The End (ce qui était quelque part une évidence même si l'on regrette toujours l'absence de My Sweet Shadow en guise de final). Des visuels en veux-tu en voilà, du mouvement sur scène et dans la fosse, de longues minutes d'applaudissement d'un public qui aura répondu très largement présent pendant tout le show, ont couronné une prestation vraiment réussie.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant vibré lors d'un concert d'In Flames, alors que je ne m'y attendais certainement pas vu la setlist des dates précédentes. On a désormais plus qu'à attendre une vraie tournée en tête d'affiche pour que le groupe puisse piocher un peu plus dans sa discographie et offrir à toutes les générations de fans d'In Flames de quoi se mettre sous la dent.
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Five Finger Death Punch :
Du fond de la salle, j'ai pu apprécier qu'une grande partie du public n'était là que pour les Américains. Ce n'est pas particlièrement surprenant compte tenu de la popularité grandissante du groupe en Europe et dans l'Hexagone, mais également compte tenu de ce que j'avais pu observer au Hellfest l'été dernier. Et il suffit de sentir le sol vibrer dès les premières notes de Lift Me Up jouées pour comprendre que le public est là pour en découdre sur les rythmes entraînants des cinq Américains.
Sur scène, c'est du grand classique pour Five Finger Death Punch : un Jason Hook assez insipide, un Zoltan Bathory très souriant, un Chris Kael qui pose à tout va et un Ivan Moody qui... oh, tiens, Ivan est là ! Il n'avait pas pourtant quitté un concert au beau milieu de la prestation du groupe il y a quelques mois pour ensuite balancer des punchlines dans les médias ? On sait que le bonhomme a un tempérament de feu et qu'il est assez imprévisible, mais on ne peut certainement pas lui enlever son charisme sur scène. Il ne cesse de bouger, d'haranguer la foule, le tout sans rien remettre en cause de sa performance vocale qui est toujours solide. Un type fantasque, certes, mais sans lequel le groupe perd toute identité.
Côté setlist, rien de très original non plus, mais un enchainement de tous les tubes du groupe avec notamment Got your Six, Jekyll and Hyde et Under and Over It. Le son est propre, la prestation est carrée, le show est ultra lisse comme les Américains savent si bien le faire, mais la patte Five Finger Death Punch est là. Et il suffit de voir l'énergie qui se dégage de la scène et du public pour comprendre le phénomène. A noter également que Wrong Side of heaven et Remember Everything ont été jouées en version acoustique. On aurait aimé que le groupe ait un peu plus de temps pour jouer Coming Down, American Capitalist ou bien encore Burn MF, mais tant pis.
On en vient également à regretter que les shows soient si millimétrés. Ce fut peut-être le cas compte tenu du timing de la soirée - le groupe a joué une heure tout juste -, mais mes souvenirs des précédentes prestations du groupe sont assez identiques. Sous des aspects de rebelles amoureux de gros son, d'armes à feu et de visuels explicites, se cache un groupe où absolument rien n'est laissé au hasard. Quoi qu'il en soit, c'est sous un tonnerre d'applaudissements que le groupe quitte la scène, même si là encore c'est résolument frustré qu'une partie du public quittera la salle après avoir vu tout au plus une heure de show de son groupe préféré. Cette pratique des co-headliner tour doit cesser.
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Merci à Valérie, Nuclear Blast Records et à l'Olympia.