The Haunted
Peter Dolving
U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Venus dans les bagages de Cradle Of Filth, les rois du thrash The Haunted étaient à Paris en ce 2 Avril 2005, c'est donc avec un enthousiasme non dissimulé qu'U-Zine est allé interviewer le chanteur du groupe, revenu depuis peu dans la formation. C'est donc dans un parc aux abords de l'Elysée Montmartre (Oui, vous avez bien lu !) qu'eut lieu l'interview avec un Peter Dolving (maitrisant à merveille la langue de bois) légèrement agacé de ne pas savoir si Cradle les laisseraient jouer ce soir !
U-zine.net : Comment se passe votre tournée avec Cradle Of Filth ?
Peter Dolving (chant) : C’est très irrégulier… Je pense que leur crew est surmené et sous payé, ils sont donc extrêmement schizophrénique. Un jour, ils feront donc de l’excellent boulot et le lendemain, que des conneries.
Et puis je pense que le public a joué un grand rôle dans cette tournée, car ils n’ont pas toujours été aussi réactif que Cradle le souhaitait et Dani (ndr – Filth, chanteur de Cradle Of Fith) était de mauvaise humeur !
Mais la tournée se passe bien, mis à part ça. Cependant nos fans sont très souvent déçu car nous ne jouons pas assez longtemps et il y a pire… Sur les billets, il est écrit que le concert débute à 9 heures par exemple et en réalité, on joue à 8 heures. Mais pour les gens qui ont réussi à nous voir, ils en sont ressortis contents !
Mais pourquoi avez-vous tourné avec des groupes qui n’ont rien à voir avec votre thrash ?
Car c’est super de pouvoir jouer devant un public complètement différent. Et puis, je ne pense pas qu’il faille se cantonner à notre style de musique, c’est donc une bonne chose pour nous cette tournée. Cela nous donne l’opportunité de jouer devant des gens qui n’avaient jamais entendu parler de nous…
Et pourquoi n’avez-vous pas fait une tournée en tête d’affiche ? Surtout que vous faites quelques dates off en tant que tête d’affiche !!!
On fera une grande tournée cet été qui devrait durer 9 ou 10 semaines et qui passera dans le monde entier. On devrait tourner en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Australie… Mais là, juste après cette tournée, nous ferons la première partie de Machine Head aux Etats-Unis avant de revenir en Europe pour les festivals d’été…
(le coupant) Un retour au Fury Fest est-il envisageable ?
J’aimerai tellement ! Je ne sais pas si ça se fera, mais nous adorions revenir… D’ailleurs, organisateur du Fury Fest, si vous lisez cette interview, nous adorerions revenir (rires).
Une fois les festivals passés, nous ferons l’Ozzfest aux Etats-Unis qui durera deux mois. Et pendant les jours off de l’Ozzfest nous devrions jouer, je pense, avec Shadows Fall et (il réfléchit) Black Dahlia Murder ! C’est l’un de mes groupes favoris…
Après tout ça, on prendra quelques semaines de repos avant de partir pour l’Australie !
Pour en revenir à la tournée, pourquoi Jensen a-t-il quitté la tournée ?
Son père est malade… Voilà donc la raison pour laquelle il est rentré chez lui…
Tu es de retour dans The Haunted, n’était-ce pas trop dur de devoir apprendre les nouveaux morceaux de Marco Aro ?
Non, je suis un grand garçon… Je peux m’habiller comme un grand sans aucune aide (rires).
Non, ce n’était pas dur car les chansons étaient bonnes ! Je dois reconnaître que j’adore les morceaux qui ont été composé pendant mon absence.
Quand je disais ‘dur’, je voulais dire dans le sens frustrant !
Non… Pas tant que c’est avec The Haunted, car The Haunted n’est pas un groupe qui fait passer l’ego avant tout ! Ce fut donc une très bonne expérience…
rEVOLVEr est dans les bacs depuis 6 mois maintenant, quel est ton sentiment aujourd’hui sur cet album ?
J’en suis très content. Avec cet album, The Haunted a acquis une plus grande réputation, ce qui est vraiment cool. Le public de nos concerts ne cesse de s’accroître et nous jouons des titres de notre premier album, du second, du troisième et de ce petit dernier et elles passent très bien ! On se fait plaisir et on fait plaisir à nos auditeurs, ce qui est génial !
Comment s’est passée la composition des morceaux ?
Tout s’est fait très simplement. Nous avons beaucoup jammé, il arrivait également que l’un d’entre nous arrive avec une idée de riffs, puis nous cherchions à créer une harmonie qui allait avec. D’autres fois, on arrivait avec seulement des idées, qu’on essayait d’exploiter en faisant différentes suggestions.
Tout dans ce groupe est fait en commun avec des échanges d’idées… On peut comparer notre façon de travailler à des Dominos. Tu en fais tomber et puis le reste s’enchaîne (imitant le bruit des dominos tombant les uns après les autres). En fait, je pense qu’on est plus inspiré par les uns, les autres que n’importe qui d’autres ! C’est une manière créative très enrichissante et agréable.
rEVOLVEr est bien plus dans la veine de votre premier album éponyme que des deux albums suivants. Penses-tu que cela est du à ton retour ?
Oui, bien sûr… Chaque personne a sa propre vision de la musique, et lorsque je suis dans le groupe, j’apporte quelque chose que les autres n’ont pas et inversement. Je pense donc que ma présence a affecté la façon dont nous avons composé les morceaux de ce rEVOLVEr.
Par contre, si tu penses que l’album est meilleur que les précédents… Ce n’est pas grâce à moi, mais grâce à toi car chacun à des goûts propres à sa personne (rires). Mais, il est clair que cet album sonne différemment des précédents, sans doute grâce à l’alchimie qu’il règne entre tous les membres du groupe.
Mais j’adore les deux albums sur lequel chante Marco, surtout Made Me Do It… Et je pense qu’il a fait un superbe travaille sur cet album. Nous avons juste une approche différente de la musique en tant que chanteur.
rEVOLVEr est un jeu de mots avec EVOLVE… Penses-tu qu’il y ait eu une grande évolution ?
Je ne pense pas qu’il y ait eu de grands changements dans le groupe. L’évolution se fait plutôt par rapport à de petits changements. Car tu n’es pas la même personne que celle que tu étais hier ! Ce qui est une bonne chose je trouve… En apprenant, nous pouvons changer, ce qui est une bonne chose !
(Des sirènes de police se font entendre, s’en suit un débat sur l’intérêt des sirènes de police et de la police que je ne retranscrirai pas…)
Surtout que lorsqu’on écoute la seconde partie de l’album, on trouve des passages biens plus mélodiques que par le passé !
Je pense que tous les gars du groupe, peut-être même Marco, j’en sais rien, ont trouvé que One Kill Wonder était trop agressif et qu’il n’y avait vraiment pas assez de mélodies, or ce n’est pas le but du groupe ! Chacun d’entre nous aimons les mélodies… Alors, lorsque nous avons composé cet album, il nous ait semblé naturel de rajouter des passages plus mélodiques et envoûtants.
Tu sais, on est des fans de groupes allant des Beatles à Metallica, et tous ces groupes font d’excellents morceaux. Or, ce que nous voulons faire par-dessus tout, ce sont des bons morceaux !
En parlant de changement, ta voix a sacrément évolué depuis l’album éponyme… Il y a plus de passages hardcore et de chants mélodiques.
C’est… L’évolution ! (rires) Tu apprends de nouvelles choses et tu changes ta façon de faire. Durant les années passées, j’ai joué tellement de styles différents allant du reggae à du rock traditionnel ou de la pop voire du hardcore, de la country et du blues… J’ai donc eu l’opportunité de chanter un maximum, ce qui m’a permis d’apprendre à mieux moduler ma voix et exprimer des sentiments à travers elle ! Je n’ai plus à utiliser uniquement des mots pour m’exprimer, je peux passer par ma voix (rires).
Aujourd’hui vous êtes sur Century Media, en êtes-vous plus satisfait qu’avec Earache ?!
Totalement, car Century Media nous a offert la possibilité de dialoguer librement, ce qui est la chose la plus importante à mes yeux ! On fonctionne avec eux comme pour un partenariat, voire comme un couple… On n’est pas forcé d’être d’accord, mais on parle de nos désaccords afin de comprendre pourquoi l’autre n’a pas le même point de vue que toi !
Du fait de votre présence au sein de Century Media, vous avez pu participer au single Tsunami Benefits…
Oui ! C’est l’idée de Napalm Death à la base. On nous a demandé si ça nous intéressait de faire parti du projet et on n’a dit qu’il n’y avait pas de problème. Ils ont donc pris l’un de nos morceaux qui n’était pas sur l’album. Je pense que le morceau est uniquement disponible sur la version japonaise de notre album, c’est pour dire !
Ce ne sera sans doute pas d’une grande aide, mais c’est un petit quelque chose mais c’est tout ce que nous pouvons faire… On n’a pas vraiment fait ça pour les milliers de personnes qui sont mortes en Asie à cause de ce Tsunami, mais plutôt pour les personnes qui ont survécues à cette horrible catastrophe, car pour eux il est très difficile de survivre dans cet univers dévasté !
Connaissais-tu personnellement Mieszko Talarczyk ?
Non, je ne le connaissais pas vraiment. Mais je pense que c’est plus facile d’accepter sa mort que celle de Dimebag. Car pour moi, c’est plus facile d’admettre qu’on puisse mourir à cause d’un tremblement de terre qu’à cause d’un fou tenant un pistolet. Car tu ne peux rien faire contre un événement cataclysmique tel qu’un tremblement de terre, alors que lorsque quelqu’un monte sur scène pour tuer quelqu’un… C’est totalement incompréhensible !
As-tu peur lorsque tu montes sur scène ?
Non, jamais !! Lorsque je monte sur scène, je n’existe plus (rires). Ce n’est plus moi, car j’ai laissé mon ego dans les backstages. (avec un grand sourire) La scène n’est pas un lieu pour l’ego !
En parlant de la scène… A quand un DVD ?!
On enregistre et conserve différents matériaux depuis quelques années. Mais il ne faudra pas s’attendre à ce qu’on sorte un DVD Rock’N’Roll classique, ce sera une vidéo bien plus Haunted qui retracera notre vie sur les routes. Ne vous attendez pas à un DVD à la Pantera où nous détruirons les télévisions… Loin de là !
On doit s’attendre à quoi alors ?
Attends toi plutôt à… ( il réfléchit) Un petit film magnifique ! (rires)
Je pense que ce DVD sera assez triste car choisir une telle vie est… (il réfélchit – encore ) J’en sais rien… On va dire est très triste ! Car tu abandonnes énormément de choses lorsque tu choisis d’être musicien. Tu laisses de côté une vie normale…
A t’entendre, on a l’impression que tu regrettes d’être musicien et de tourner sans cesse !
C’est très dur… Vraiment dur d’être sans cesse en tournée et ma famille me manque énormément. Ca fait plus de 9 semaines qu’on tourne et la seule chose dont j’ai envie, c’est de me tirer de cette putain de tournée pour rentrer chez moi ! Mais il nous reste encore une semaine à tourner avant que je puisse les revoir pendant un mois. J’ai vraiment… Vraiment hâte de retourner chez moi (son visage s’illumine lorsqu’il parle de chez lui).
Mais bon, tout va bien quand même, c’est la vie… Et j’ai choisi cette vie ! Ce fut mon choix ainsi que celui de ma femme. Quant à mes enfants, ils n’en savent pas plus, ils savent juste que je les aime énormément, je leur parle chaque jour. Mais parfois c’est dur, je dois le reconnaître…
Avez-vous un nouvel album en cours de préparation ?
Oui.
Tu peux nous en dire un peu plus ?
(il met son doigt sur sa bouche) Mes lèvres sont scellées…
Bon d’accord. Je ne vais pas insister. Tu peux au moins me dire une période de sortie ?
Pas avant une bonne année, voire un an et demi peut-être !
On ne veut pas se stresser. On sait ce qu’on veut mais ce n’est pas quelque chose que l’on sort en claquant des doigts. On veut beaucoup y réfléchir, voilà pourquoi il ne faut rien espérer avant au moins 2006.
Et vous avez l’intention de recomposer le tout dans un vieux théâtre comme pour rEVOLVEr ?
C’était vraiment une expérience inoubliable !!! Mais grâce au ciel, nous avons un endroit pour répéter tous ensemble. On ne sera donc plus jamais obligé d’aller dans ce vieux théâtre…. C’était horrible (rires) ! C’était un lieu vraiment cool, mais qu’est-ce que ça puait !
D’ailleurs votre présence dans ce vieux théâtre, vous avez t’elle influencée dans vos compos de rEVOLVEr ?
Non, pas du tout ! Notre inspiration ne vient pas du monde extérieur mais plutôt de ce à quoi nous pensons lorsque nous nous concertons au téléphone. Dès que quelqu’un a une idée, il appelle les autres pour leur dire qu’ils faudrait essayer telle ou telle chose et nous allons ensuite en salle de répet’ pour essayer le tout.
Pour nous, composer un album nécessite un long processus, surtout que nous prenons notre temps. Nous avons travaillé pendant 4 mois jour et nuit sur notre dernier album sans jamais prendre une minute de pause (rires).
Tu peux nous parler de ton projet solo qui s’appelait The Peter Dolving Band ?
Oui, tout d’abord le Peter Dolving Band a changé de nom en Bring The War Home il y a un peu moins d’un an. Et notre album devrait sortir aux environs de Noël.
Bring The War Home est un groupe expérimental, nous intégrons dans nos albums des influences de blues, de country… Cet album est une sorte d’album tribute dédié aux groupes tels que The Cure ou Sonic Youth. Nos compositions sont donc plus dans la veine de morceaux du début des années 80, et c’est vraiment cool !
Bring The War Home est-il un moyen de t’échapper de la brutalité de The Haunted ?
Je ne dirai pas m’échapper, mais plutôt un autre mot… C’est juste une autre façon de m’exprimer, car les sujets que nous traitons dans nos paroles sont semblables à celles de The Haunted. Mais je pense que Bring The War Home exprime un nouveau côté émotionnel.
Et ma dernière question ne portera pas sur toi, mais plutôt sur les frères Björler… Vu que tu es un témoin privilégié, que sais-tu de la future re-formation d’At The Gates ?!
Il y a beaucoup de rumeurs qui courent à droite, à gauche… Mais officiellement, ça n’aura jamais lieu (me faisant comprendre qu’il n’en dirai pas plus) !!!
C’était ma dernière question alors… Tu veux rajouter quelque chose ?
Crée le Chaos car le Chaos… C’est la création ! (rires)
Un grand merci à Valérie, ainsi qu'à Peter Dolving pour ces 20 minutes de bonne humeur !