Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Dans deux semaines, la référence des festivals metal en France (en Europe de l'Ouest ?) se tiendra à Clisson. Porté par une affiche riche et variée - nous vous invitons d'ailleurs à retrouver ci-dessous notre analyse en vidéo -, ce cru 2024 s'annonce dense et remarquable.

Avec plus de 170 groupes au compteur, nous avons décidé de vous proposer une petite sélection de douze groupes parmi ceux que nous attendons le plus lors de cette édition 2024. Afin d'éviter de concentrer nos recommandations sur une scène en particulier, compte tenu de nos goûts respectifs (ndlr : Victor sous la Valley et Michaël sous l'Altar), nous nous sommes astreints à identifier un groupe chacun par scène... Pas une mince affaire, mais de quoi varier les plaisirs !

Queens of the Stone Age | Machine Head | Bruce Dickinson | Sumerlands | Gel | Speed | Khemmis | Chelsea Wolfe | Dimmu Borgir | Wayfarer | Sodom | The Haunted

Queens of the stone Age
Mainstage 1 - Dimanche

Di Sab : La venue de Queens of the Stone Age a, me semble-t-il, donné du grain à moudre à celles et ceux qui ont reproché au Hellfest de lorgner de manière malvenue vers le rock. J’entends le point de vue et celui-ci peut être renforcé par le fait que Josh Homme et son orchestre passent en dessous des Foo Fighters mais il serait malvenu d’oublier qu’originellement, QOSTA est une émanation directe de la rugosité et de la sècheresse de Kyuss (dont la reformation a eu lieu ici même en 2010) et que rien que pour cela et pour les premiers albums, leur place sur la Mainstage est, à mon sens, indiscutable.

Dernier « gros groupe » (si l’on excepte un quintet de hard rock australien) à ne pas avoir fait étape à Clisson alors que leur nom à rallonge est fréquemment cité, la qualité du concert dépendra beaucoup des choix opérés au sein de la setlist. Mais je suis déjà sûr que je serai ému devant « Little Sister » et débile devant « Regular John ». A ne pas rater le jour de la meilleure Mainstage 1.

Machine Head
Mainstage 1 - Vendredi

Michaël : Quand on a grandi en écoutant Through the Ashes of Empire, The Blackening et Unto the Locust, difficile de ne pas être enthousiaste à l'idée de revoir le groupe sur scène, quand bien même la suite de leur carrière sur album ne convainc pas. Machine Head s'était d'ailleurs fait assez rare en festival ces dernières années - pour ne pas dire absent -, ce qui renforce la volonté d'en découdre devant la Mainstage 1. La tournée récente du groupe passée par le Zénith de Paris nous a rappelé à quel point le groupe est une immense machine de guerre en live (Robb Flynn, le son, les lights...), surtout lorsqu'il alterne à merveille entre les titres de ces différentes périodes, en insistant surtout sur les années 90 et 2000. A ce titre, si le groupe maintient les setlists qu'il joue actuellement aux Etats-Unis, on pourrait définitivement en prendre pour notre grade.

Machine Head est une tête d'affiche « surprise », pourrait-on dire, car il n'a pas forcément l'envergure d'une tête d'affiche habituelle du Hellfest. Sur le papier, en tous cas, car c'est oublier une carrière riche, un succès d'estime et populaire et une rareté en festival qu'il convenait certainement de célébrer. Quoi qu'il en soit, je serai présent pour cette prestation et j'espère que vous aussi. Attention à ne pas être trop proche de moi quand ils joueront « Old », « Imperium » ou bien encore « The Blood, The Sweat, The Tears ».

Bruce Dickinson
Mainstage 2 - Samedi

Di Sab : Parmi toutes les tendances que l’on peut observer au sein de cette édition 2024, la prépondérance des side projects / de projets solos de figures tutélaires est à noter. Et alors que Kerry King n’a pas sorti l’album du siècle, que je me care de tout ce qui peut sortir de la bouche de Corey Taylor et que Crosses ne me fait pas totalement vibrer, je ne peux que me réjouir de la venue de Bruce Dickinson en solo. Contre toute attente, j’ai été réellement séduit par le dernier album en date où l’Anglais propose ce que devrait être un album de heavy composé par un mec riche. Au-delà de la provocation, « The Mandrake’s Project »  ne fait aucune faute de goût : loin des boursouflures du Maiden moderne, Bruce ne cherche pas à grimer une fausse authenticité à base de son crade et de mise en place hasardeuse. L’album est racé, exécuté d’une main de maître, est impressionnant de maîtrise sans pour autant nous ennuyer par son ambition démesurée. Le concert de l’Olympia a semble-t-il mis tout le monde d’accord, j’attends moi-même samedi soir pour rejoindre la cohorte de convaincus.

Sumerlands
Mainstage 2 - Samedi

Michaël : Depuis quelques années désormais, difficile d'échapper à la vague revival du heavy metal des 80s, essentiellement portée par Eternal Champion et Sumerlands. Arthur Rizk, guitariste et tête à penser des deux groupes précités, n'est donc pas innocent dans ce mouvement rétro qui va me conduire à braver la Mainstage 2 alors que je m'étais juré d'y traîner le moins souvent possible (la foule, tout ça). Pour celles et ceux qui, comme moi, écoutent du heavy de (très) loin, Sumerlands devrait vous faire changer d'avis sur le genre. Outre le fait que le groupe enchaîne pépite sur pépite, il devrait très certainement jouer pas mal de titres de Dreamkiller, leur dernier album, qui est une des meilleures notes de ces dernières années sur notre webzine. Et pour cause : si le groupe prend des allures d'hommage et ne vogue pas dans des eaux inconnues, il le fait avec brio. Ecoutez « Edge of the Knife » ci-dessous et osez me dire que vous ne serez pas de la partie le samedi !

Et si l'on a pu - légitimement - avoir peur que le groupe annule sa venue au Hellfest suite au tragique décès de leur bassiste il y a quelques semaines, c'est avec encore plus d'émotion que l'on verra le groupe se produire sur la Mainstage 2.

Gel
Warzone - Vendredi

Di Sab : En 2016, le public clissonnais accueillait un Turnstile encore bien jeune en début de journée, une heure avant qu’un petit groupe du nom de Power Trip investisse la Warzone. Festival de hardcore à l’origine, le Hellfest a toujours eu le nez creux pour mettre en avant les talents émergents avant que ceux-ci ne prennent des proportions débiles. Gel s’inscrit dans cette lignée. « Only Constant » a fait partie des grands moments du hardcore de 2023. Pas révolutionnaire mais hyper efficace, il n’est pas facile d’expliquer le succès du groupe mais maintenant que c’est fait, il serait stupide de ne pas voir sur scène si la hype est méritée.

Speed
Warzone - Vendredi

Michaël : Du metallic hardcore venu tout droit d'Australie, avec une vibe tough guy assez marrante et des breakdowns giga stupides ? Pour moi, ce sera un grand oui ; sur scène en tout cas. Parfois comparé à Sunami, leurs homologues américains, Speed a ce petit truc en plus, assez primitif, qui m'amuse beaucoup dans le genre. Si vous n'êtes pas allergiques aux débardeurs blancs, aux casquettes et au son sursaturé des Peavey 5150, vous devriez pouvoir faire craquer vos ménisques correctement dans la Warzone. Aucun prix nobel ne sera décerné ce jour-là, mais à coup sûr ce sera un bon moment passé à écouter les titres de leur dernière sortie (l'EP Gang Called Speed sorti en 2022 chez Flatspot Records) voire un teasing de leur premier vrai LP, Only One Mode, qui sortira quelques semaines plus tard sur ce même label. La bagarre estivale.

Khemmis
Valley - Vendredi

Di Sab : A l’inverse de Gel, Khemmis est un groupe qui arrive presque « trop tard » pour le Hellfest. Presque 10 ans après le premier album qui était sorti chez le très prestigieux 20 Buck Spin, le groupe a eu le temps d’en sortir 3 autres, de signer chez Nuclear Blast et d’opérer un virage stylistique en laissant un peu de côté leur doom originel pour développer leur dimension mélodique, en s’aventurant dans des contrées que ne renieraient pas Maiden ou Trivium.

Outre le fait que les deux premiers m’ont durablement marqué, Khemmis est l’un des rares groupes qui unit le groupe d’amis avec lequel je pars (dont ce singe de Michaël) et je sais d’avance que cela sera un moment fort du festival pour nous.  Au vu de la capacité des Américains à manier les contraires, il y a fort à parier que beaucoup ressortiront de la Valley jeudi avec le sentiment de ne pas pouvoir voir beaucoup mieux au fil des 3 jours restants... Et ils auront raison.

Chelsea Wolfe
Valley - Samedi

Michaël : Ces dernières semaines, Chelsea Wolfe a mis tout le monde d'accord lors de ces performances à Lyon et Paris notamment. S'il est certain que la part belle devrait être faite au petit dernier She Reaches Out to She Reaches Out to She, qui n'est pas l'album de l'Américaine qui m'a le plus marqué (ni Dolorès, d'ailleurs, qui l'avait chroniqué), je me réjouis à l'idée d'avoir enfin l'opportunité de la voir sur scène et d'écouter cette voix si singulière. Avec ce subtil mélange de folk, rock et sonorités électroniques, je n'ai guère de doutes que Chelsea Wolfe sera un moment fort du Hellfest pour ses fans mais aussi pour les curieux qui auront la chance d'écouter les doux titres de Abyss, notamment.

Dimmu Borgir
Temple - Dimanche

Michaël : Comme évoqué dans notre vidéo d'analyse de l'affiche du Hellfest (en introduction), je n'ai vu que très rarement Dimmu Borgir en live. Et la dernière fois remonte à l'édition 2008 du Hellfest ; j'avais essayé de les revoir en 2018 mais j'avais été rattrapé par la flemme (concert de 1h à 2h le samedi...). Du coup, puisque j'aime quand même pas mal de titres de leur discographie, j'irai très certainement traîner ma carcasse sous la Temple pour voir les Norvégiens. Je suis en effet assez curieux de voir ce que donne le groupe sur scène en 2024, comment Shagrath s'en sort depuis tout ce temps et aussi assez curieux du public du groupe de nos jours. Les setlists du groupe sur cette dernière année semblent brasser assez large, tout en faisant un petit focus sur Enthrone Darkness Triumphant, ce qui n'est pas pour me déplaîre... Hâte de les revoir, donc.

Wayfarer
Temple - Samedi

Di Sab : American Gothic est mon album de metal extrême favori de 2023. Vous en apprendrez plus ici mais cela fait un peu moins d’un an que je suis fasciné par la façon d’insérer toute l’ultraviolence liée à l’Or Noir et aux plaines arides de l’ouest américain dans un black metal plus habitué aux fjords et aux forêts.

En live, les Américains m’ont retourné au Roadburn sans réussir à m’émouvoir en ouverture d’Enslaved à Paris. Partant de ce postulat, difficile d’imaginer à quoi ressemblera le concert du Hellfest. Le fait de jouer tôt ne devrait pas trop gâcher l’immersion, et la qualité du son de la Temple s’étant accrue au fil des années, une bonne surprise est permise ! Réponse samedi dans l’après-midi !

Sodom
Altar - Jeudi

Di Sab : Sodom est probablement une des formations que j’ai vus le plus de fois en live. La faute à un alignement des planètes plus qu’à un fanatisme de ma part. Cependant, je pense qu’il ne serait pas abusé de dire que c’est mon groupe de thrash préféré hors Slayer. Sauvages en début de carrière, majestueux actuellement, le groupe, en concert, n’est pas d’une fiabilité constante en live (et quand on est allemands, c’est une honte absolue) mais ça ne m’empêchera pas de ne pas les rater sous la Altar le premier jour. Comme pour QOSTA, on espère une bonne setlist de la part d’un groupe qui propose à la fois des sets best of (comprenez « qui prend en compte l’intégralité de la carrière ») mais surtout des sets old school (comprenez « qui prend en compte le meilleur de la carrière »). Au Hellfest, il est fort probable que nous n’échapperons pas à quelques filers, cependant, si Angelripper décide d’ouvrir le set par « Christ Passion » comme il le fait depuis le début de l’année, la place de Sodom dans ce top est largement justifiée.

The Haunted
Altar - Samedi

Michaël : The Haunted, groupe suédois de thrash / death très actif dans les années 2000 et 2010, est loin d'être le plus constant de la scène. Du bon, du moins bon, voire du mauvais. Le groupe enchaîne les sorties de qualité assez hétérogènes, dirons-nous. Présenté comme cela, vous devez vous demander pourquoi il figure dans cette sélection... La réponse est assez simple, en réalité. D'une part, le groupe n'est pas si fréquent dans nos contrées et encore moins au Hellfest (j'ai souvenir de 2015 et c'est tout). D'autre part, le groupe a des titres qui sont des petites pépites et la tendance des acteurs de la scène à faire des setlists un peu best-of en festival devrait nous permettre de tailler dans le gras et de nous offrir un show massif. Ensuite, le groupe a très bonne réputation en live. Une baffe à ne rater sous aucun prétexte, surtout sous l'Altar, pour justifier la visite chez l'ostéo post-Hellfest.