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jeudi 11 décembre 2014

All That Remains + The Haunted + Deadlock

Le Nouveau Casino - Paris

U-Zine

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Étrange sensation - à la perception même de cette affiche - que de voir The Haunted relégué ce soir-là en seconde division, près à s’intercaler entre la poire Deadlock et le dessert d’All That Remains. Car pour la nouvelle venue des Suédois consacrée à la mise en avant de leur versatile Versus, inutile de vous dire que le tapis rouge était dressé et que toutes les meilleures dispositions étaient prises pour se laisser aller au gré des redoutables vents Nordiques.
Et tempête il y a eu ! Moins redoutable que l’on aurait pu le penser (la faute à cette position d’outsider timide peu légitimé par son aura), mais grâce à une agréable bourrasque intercalée entre deux groupes vite pris de court malgré un potentiel certain.

Et les premiers à vouloir récolter la digne moisson furent les Allemands de Deadlock repérés autour d’un quatrième album bon dans l’interprétation mais assez inégal en termes de sensations et d’efficacité. Tournant autour du pot lorsque interviennent les morceaux « Dark Cell » ou « Martyr To Science », la formation aura tendance à se reposer trop souvent sur la voix de Sabine ou de Joe, écartant les ponts salvateurs que le groupe aimait nous sortir lors de Eart.Revolt. Si on leur reconnaît une certaine ferveur et un entrain conséquent, la formation semblait davantage se retrouver ici par défaut plutôt que par plaisir.

Notre plaisir à nous fût de se retrouver côte à côte des Suédois de The Haunted, voir de partager une bière que le groupe s’enfourne généreusement dans le gosier, sûrement par nostalgie retrouvée. La formation jouant en deuxième (co-headlining qu’il disait), The Haunted semble ainsi reconquérir une seconde jeunesse et se rappeler des moments privilégiés où il ne faisait guère l’unanimité. À l’image de ce soir, où le groupe tente de retrouver la crédibilité de ses débuts en interprétant des titres tels que « 99 » ou « All Against All », mais aussi en affirmant l’actuel territoire sonore présent au détour de l’intrépide « Moronic Colossus ». Démarrant avec un « Little Cage » brouillon, peu épais, on était alors en mesure de se demander si le groupe n’avait pas perdu de sa superbe et de sa vitalité. C’était sans compter sur la bonne volonté de Peter Dolving de livrer bataille et de porter sur ses épaules (et jusque dans la fosse), l’ensemble du set au détour de titres tels que « In Vein » ou « Trenches ». Deux brûlots pour gladiateurs intrépides n’ayant pas peur de l’affrontement dans une arène bouillonnante.

Il faut dire que The Haunted aura fait du dégât tant pour les esgourdes que pour les petits bras. Quelques massages plus tard et la subite disparition d’une partie de la fosse non concernée par la suite des évènements auront suffi à faire de la place pour la prestation de All That Remains. Un set carré et juste, bien rôdé, mais loin d’être aussi percutant que la déferlante suédoise. Du coup, cette troisième affiche est bien moins envenimée et laisse des regrets quant au l’ordre des groupes présentés. Même si le quintette enchaîne vite et bien le meilleur de ses morceaux (le petit dernier « Two Weaks », « This Calling » ou encore le bien mélodique « Six »), l’ensemble est bien peu dynamique, rendu mou par la stature même de Mike Martin visiblement peu intéressé par le show et définitivement mieux dans son canapé.
Le groupe répète d’ailleurs inlassablement les mêmes schémas et se laisse aller autour de leur marque de fabrique, à savoir la mélodie accablante et agressive, pour tenter de nous charmer. « The Air That I Breathe » marche excessivement bien dans ce sens, armé d’un phrasé explicite et pertinent, mais ce n’est bien sûr pas le cas de tous les morceaux interprétés ce soir-là dans un esprit attentiste bien loin de faire la différence.

Au final, une affiche déséquilibrée, mais néanmoins effective et très satisfaisante par la seule venue de The Haunted et ses riffs échaudés. Dommage car All That Remains et Deadlock étaient pourvus de bonnes intentions et de bonnes compositions dans leur besace. Peter Dolving et sa bande ne l’ont pas vu de cet œil et ont marché vigoureusement sur les plates-bandes des uns pour imposer leur charisme et leur savoir-faire.