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Horn fait sans conteste partie de mes groupes favoris en la matière. Avec une dizaine d’années d’existence, le one-man-band allemand s’est forgé un petit renom dans la scène à partir de son deuxième album « Die Kraft die Szenarien » paru en 2006. Des mélodies inspirées et une sonorité reconnaissable parmi des dizaines d’autres, voilà ce qui avait attiré l’attention des oreilles avisées du milieu pagan black metal.
Depuis, le bonhomme a fait son chemin. Comme un bon vin, la musique de Horn a gagné en maturité et en substance, sortant consécutivement un « Naturkraft » et « Distanz » de très bonne facture. Devant une telle démonstration de qualité, c’est le prestigieux label Northern Silence qui est venu signer Horn pour la production de son cinquième album, Konflikt. Une récompense loin d’être usurpée.
Le concept de ce nouvel opus repose sur les différents conflits européens à travers les siècles passés. L’individu nous emmène alors aux quatre coins du Vieux Continent, en utilisant pas moins de six langues pour ses textes ; l’allemand évidemment, le néerlandais, mais également le suédois, le finlandais, le norvégien et le Bokmål. L’artwork, magnifique, vient sublimer ce travail. Un digipack dans un style parchemin, aux contours rongés par les flammes, comme pour mieux nous plonger dans les épopées passées et laissant entrevoir les paroles, accompagnées de silhouettes de guerre. La couverture, adaptée d’une peinture d’Andreas Hecker, présente un soldat posté sur un promontoire rocheux, veillant au territoire alpin. Après cette mise en appétit visuelle, il est temps de passer au plat principal qu’est la musique.
L’album débute par une introduction aux chœurs à la fois solennels et tragiques, avec en arrière-plan lointain le son d’une sirène et le vent balayant la poussière de cités en ruines. Nous voilà plongés dans un paysage d’après-guerre. Un nouvel assaut est lancé avec le Black Metal concocté par Nerrath. On retrouve ce son si particulier des guitares, guerrières et chantantes à la fois, soutenant un remarquable travail musical. C’est en cela que je considère Nerrath comme l’un des rares génies de la scène metal, au même titre que Vratyas Vakyas de Falkenbach ou Quorthon de Bathory. Non seulement il est le seul homme derrière ce projet, maniant habillement l’ensemble de l’instrumentation, mais surtout il arrive à créer tout un univers autour de sa musique, en élaborant des mélodies qui vous feront à n’en pas douter siffloter les hymnes distillés. Mais attention, nous sommes loin des mélodies pouet-pouet que l’on peut entendre chez certaines formations de folk/viking, nous sommes ici en présence d’une ligne musicale conquérante, le poing levé et l’esprit combattif. C’est joué avec les tripes et la conviction, chacun des morceaux témoigne d’une grande force de caractère, avec beaucoup de relief, que ce soit en termes de riffs, de solos, de tempo et de type de voix utilisée. Certains ont un accent résolument Black Metal, avec un rythme soutenu (Fotanglar i trånga gränder, De geschutten thuis), d’autres plus posés voire contemplatifs (Blodet eg fekk drukki, Raatteentien jää, Tunge støvler). En filigrane, on retrouve ce fil conducteur qu’est la nostalgie, la nature et l’esprit rustique. En cela, Horn n’est pas si éloigné d’un Primordial ou d’un Drudkh, c’est dire si la comparaison est flatteuse.
En tout état de cause, avec ce Konflikt, Horn ne fait que confirmer le sentiment que j’ai à son égard : un projet musical de grande classe, très riche et addictif. Probablement le meilleur album du one-man-band, sinon le plus travaillé et abouti, assurément.
1. Konfliktkor I
2. Zangen und Kessel
3. Blodet eg fekk drukki
4. Brandstäbe
5. Raatteentien jää
6. Fotanglar i trånga gränder
7. De geschutten thuis
8. Tunge støvler
9. Konfliktkor II