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Myrath a tout pour réussir : c'est un groupe Tunisien, et l'actualité a mis ce pays sous les feux de la rampe en mettant en avant une libération culturelle qui va prendre son envol. Ils sont amis de longue date avec Kevin Codfert, membre éminent d'Adagio mais aussi producteur. Ils sont suivis par l'écurie XII bis records, qui, on ne peut pas le nier, n'est pas le premier label venu. Pour finir, ils sont persistants puisqu'avec Tales of the Sands, ils sortent leur troisième album. On sait que le tournant de la troisième réalisation peut être piégeux, après avoir soulevé les attentes, le groupe est maintenant un nom connu et il se doit de concrétiser le talent montré sur les albums précédents. Le reproche fait auparavant était la trop grande proximité autant au niveau du son que des compositions elles-mêmes de groupes comme Adagio ou Symphony X. Le chemin de l'émancipation a pris un certain temps, quelques expérimentations et bien sûr un retour constructif des fans. En gros, il a fallu mûrir.
Tales of the Sandss'affiche comme un album dans la continuité des sons et des thèmes développés par Myrath . Et pour s'en convaincre il suffit de jeter un oeil sur la pochette et de lire le titre. Après avoir parlé de désert avec Desert Call, on s'arrête ici sur le sable (sand) et une illustration qui fait irrémédiablement penser aux Contes des Mille et Une Nuits. Avec quelques intrus à débusquer : un phonographe et un ventilateur, seul lien avec le monde que l'on connait. L'auditeur sait qu'il va voyager dans à travers un imaginaire aussi vaste que le monde arabe qu'il semble traverser. Pour finir de tisser ce lien, on peut révéler que vous entendrez de nombreuses cordes qui subliment des rythmiques calmes : Sour Sigh ou viennent épauler des passages plus musclés sur Wide Shut; vous aurez aussi le droit à une profusion de percussions en fond et en agrément sur Beyond The Stars ou en intro sur Merciless Times. Pour finir, on parlera aussi des passages en arabe notamment sur Tales Of The Sands qui donnent un ton complètement différent au chant et apportent une variation singulière.
En dehors de ces particularités, on retrouve Myrath comme on l'a laissé. Le groupe donne franchement dans le métal progressif, mais n'a pas pris le penchant expérimentation musicale et grosse démonstration instrumentale pendant des plombes. Non, ici on est dans un métal énergique et généreux, un peu à l'instar d'Adagio dernière période. Leur création se développe autour d'une cohésion de groupe et d'une puissance maîtrisée. A l'écoute de cet album, on pourrait dégager deux tendances qui le séparent en deux parties quasi-équivalentes. En premier, on trouve les quatre premiers titres qui sont axées sur une notion de puissance et d'épaisseur du son, on trouve plutôt l'aspect heavy de Myrath de ce côté-là de Tales of the Sands. Ce bloc compact est loin d'être indigeste et chauffe parfaitement l'oreille de l'auditeur, même si parfois on a envie que le groupe explose un peu plus. Merciless Times nous laisse augurer d'un vrai morceau de bravoure dans ses premiers instants et puis le couplet retombe un peu. Le titre est cependant très bon car il possède une superbe ligne vocale et une harmonie guitare / cordes vibrante, mais on s'attendait à partir sur une autre piste.
Mais c'est au moment où l'on finit par se demander si Myrath va rester sur le même genre de rythmiques (car on pourrait trouver des traits communs dans ces premiers morceaux) que le ton se durcit. Et là, le riff de Dawn Within fait mal et Wide Shut hausse le ton. Imparable. Branchez vous à la première minute de ce titre : syncopes et cordes, doublés par une section rythmique bien présente, suivis par un chant impeccable et un solo libéré, et là vous avez un des moments forts de l'album.
Et c'est une fois l'écoute terminée que l'on se dit que Myrath s'est affranchi des liens qui les tenaient à leurs influences. On sentait que leur caractère était en train de pousser mais ils en font là la démonstration éclatante. Et le tout bien sûr sublimé par le chant sans faute de Zaher Zorgatti, impeccable et imparable. Son registre est vaste et il a su le faire varier intelligemment tout au long des dix titres, entre le légèrement rauque des titres bien heavy (Beyond The Stars ou Braving The Seas) et le quasi mélancolique (Tales Of The Sands), on est servis. Sans revenir bien sûr sur les passages en arabe où le changement est radical, du à la différence de tonalité des deux langues.
Je vais être honnête pour conclure, il m'a fallu quelques écoutes pour être vraiment convaincu par cet album de Myrath , mais j'ai réussi à comprendre que je m'étais fait avoir par mes attentes créées par les albums précédents. Grossière erreur, qui, une fois comprise et mise de côté, a laissé la place à la découverte d'une véritable bon album. Tales of the Sands, sans rien renier à l'identité des Tunisiens, est une album libre de tous commentaires sur les liens évidents qu'ils entretiennent avec d'autres pointures du métal prog. Ils sont devenus eux-mêmes et placent la barre assez haut pour le prochain album : les attentes n'en seront que plus fortes mais avant cela, vous auriez tort de ne pas vous jeter sur cet album.
01- Under siege (4:28)
02- Braving the seas (4:20)
03- Merciless Times (3:28)
04- Tales of the sands (5.19)
05: Sour Sigh (4:58)
06- Dawn within (3:31)
07- wide shut (5:25)
08- Requiem for a goodbye (4:23)
09- Beyond the stars (5:15)
10- time to grow (4:02)