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Appeler son premier album Hope est un signe. Le signe d'un groupe qui espère toucher leurs auditeurs et les transformer en fans. Myrath entretient cet espoir et en même temps à tout fait pour que leur premier effort marque les esprits. C'est donc chez Brennus, label connu pour le caractère modeste mais ambitieux et talentueux de ses productions mélodiques que les Tunisiens ont posé leurs valises. On pourra faire un léger commentaire sur cette rencontre entre le monde Arabe et une divinité gauloise, aussi incongrue que bonne à prendre. Et le moins que l'on puisse dire c'est que derrière une pochette sobre, aux couleurs du désert qui brouillent la perception visuelle se cache un solide morceau musical. Le son est loin d'être celui d'un groupe débutant et les instruments sonnent avec puissance et clarté. On ne loupe rien des nuances et des touches orientales du groupe. Je tiens quand même à préciser qu'un premier album Double Face est disponible en Tunisie uniquement, donc Hope est plus qu'un vrai départ.
Derrière les manettes se trouve le clavier du groupe Adagio, Kevin Codfert, et certains verront une grande proximité entre les sons des deux groupes. La proximité ne s'arrête pas à ce seul point, puisque ces deux formations reconnaissent avoir comme faisant partie de leurs influences les Américains de Symphony X. On ressent fortement le passage de la vague néo-classique dans Hope, notamment à la fin du titre avec la démonstration de virtuosité teintée de démonstration du guitariste. Les duels avec le clavier sont aussi monnaie courante et rythment les parties centrales des titres comme sur Seven Sins sur le mode de la rapidité. Si l'on veut être assez précis, il faut préciser que c'est la version musclée et assez heavy de la bande à Roméo dont Myrath s'inspire non sans un certain talent, même si parfois on frôle la copie carbone sur la fin du titre évoqué un peu plus haut surtout du côté du chant qui à des accents de Russel Allen période Paradise Lost (pour moi la meilleure).
Adagio a aussi laissé des traces dans la composition chez Myrath. Le côté lourd presque extrême et les enchaînements de rythmiques, tout cela sent l'inspiration qui a lorgné du côté de la bande à Forté comme sur une partie de Confession. Mais ne vous trompez pas, si la maturité du groupe ne semble pas encore atteinte, et qu'il leur sera nécessaire de produire un effort supplémentaire pour ne pas faire sentir ces influences qui sont au demeurant plutôt flatteuses, les Tunisiens ont une vraie personnalité et un caractère bien à eux. On a déjà parlé du côté oriental qui est présent non seulement dans les percussions ou certaines parties de guitare mais aussi dans le chant, les chœurs sur All My Fears par exemple.
Ce qui fera sans aucun doute sortir Myrath du lot, c'est son aptitude à écrire des chansons remarquables. Confession fait environ onze minutes et tout y est calculé au millimètre, l'auditeur ne s'ennuie pas une seconde, et on ne rentre jamais dans un carcan trop technique où la guitare ferait la loi et la démonstration occulterait le reste. Ici tout est carré et très rythmé et la section centrale est rentre-dedans à souhait avec un chant agressif à souhait, des rythmes de batterie qui soulèvent le tempo et un duo clavier / guitare qui se répond bien. Myrath va aussi insérer quelques pointes de folie qui vont avoir tendance à démontrer leur aisance dans la composition et leur recul face à une musique aussi complexe que le métal à tendance progressive. Ainsi des touches jazzy ou super groovy prouvent qu'avant d'être métalleux, ils sont musiciens. D'ailleurs le dernier titre, My Inner War commence comme un OVNI, surtout après le rouleau compresseur heavy Fade Away juste avant. Calme, posé, aérien, jusqu'à l'explosion progressive puis la machine power qui se met en route pour céder la place à un plan jazz. Ouf, ces enchaînements encaissés, le final se fait en beauté et dans un bouquet de toutes les couleurs. Impressionnant d'intelligence et de sens de la musique. On ne peine pas à imaginer que les fans seront conquis par la diversité et l'esprit compact de ce disque.
Car au final, Myrath débarque sur le vieux continent avec Hope et va commencer une belle tranche de son histoire car cet album même s'il manque encore d'une touche personnelle permet à l'auditeur de se rendre compte que le groupe a compris et intégré toutes les contingences du genre. Il sait les transposer et on pourrait presque le comparer au stade de l'adolescence : pas encore soi-même mais on n'en a jamais été aussi proche. Vraiment encourageant, et à recommander absolument.
01. Intro
02. Confession
03. Hope
04. Last Breath
05. Seven Sins
06. Fade Away
07. All My Fears
08. My Inner War