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Album

08 avril 2023 - S.A.D.E

Valve

Thermoclines

LabelIndépendant
styleSludge / Post hardcore / Post metal
formatAlbum
paysFrance
sortienovembre 2022
La note de
S.A.D.E
8.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Valve fait partie de cette catégorie de groupes avançant dans les territoires sombres entre sludge, doom et post-metal/hardcore dont j'affectionne particulièrement les sonorités. Son premier album, Apnée, sortait en 2015 et c'est donc avec joie que j'ai accueilli leur retour en 2022 et la sortie de Thermoclines. Toujours attaché à un certain esprit DIY, c'est une nouvelle fois en indépendant que le quatuor a produit son album, peut-être une explication à l'intervalle entre les deux sorties.

L'autre explication, peut-être plus centrale que complémentaire, est à chercher dans une volonté de changer de son, d'identité, de procéder à une mue non pas totale mais par touches, à la fois précises et notables. Valve garde son univers fort en dissonances, jouant sur le malaise et la touffeur, mais l'explore d'une manière différente. On retrouve davantage de parties où le tempo lent et pesant, toujours l'élément central, laisse place à des séquences en blast qui peuvent faire penser au Black metal opaque et massif de Plebeian Grandstand. La construction des titres est également plus travaillée que sur Apnée : Valve navigue en méandres, nous guide en détours, se dévoile en biais. Le groupe ne cherche pas l'immédiateté mais nous entraîne le long de parcours sinueux où les paysages se remplacent les uns les autres. Et surtout, une forme de fragilité nouvelle apparaît. Apnée laissait essentiellement place à la colère, bilieuse et âcre. Elle est toujours présente ici mais cède parfois la place à une douleur plus tranchante, à fleur de peau. La fin de « XXXIII » en est peut-être le meilleur exemple : une longue montée très post où le chant clair se transforme progressivement en hurlement pendant que les guitares et la basses s'épaississent.

D'une certaine manière, on peut considérer que Valve a ingéré davantage de Converge dans cet album. Le furibard « 歌舞伎(Kabuki) » dont la rythmique s'affole sur les premières mesures souligne cette proximité plus marquée. Mais ce qui fait de Thermoclines un album véritablement solide, c'est qu'il parvient à tenir tout cela ensemble. Le sludge/doom crasseux d'Apnée est toujours là mais articulé avec encore plus de références et sans effet patchwork artificiel. Le son est encore plus travaillé, parvenant à faire cohabiter des intentions multiples dans un même tout cohérent. Si l'on reste sur « 歌舞伎(Kabuki) », les dernières mesures alternent blasts et dissonances avec tempo plombé et son écrasant, et l'ensemble, du fait d'une production bien sentie, fonctionne à merveille. A l'image de sa pochette, signée Emgalaï, cette nouvelle mouture de Valve trouble et intrigue tout en se laissant contempler pour son étrange magnétisme.

Le temps de gestation de Thermoclines a été long, mais le résultat est à la hauteur. Valve montre talent plus vaste que sur son premier album, capable de faire cohabiter un grand nombre d'influences. Ce deuxième album recèle d'idées de riffs et d'enchaînements brillantes, le tout porté par cette déjà mentionnée excellente production qui autorise ces bifurcations en tout genre. On entend là l'œuvre d'un groupe qui sait comment obtenir, à la fois par le son et la composition, ce qu'il veut faire ressentir et qui n'a pas hésité à élargir la palette des émotions explorées.
 

Tracklist :
1. XXXIII
2. 歌舞伎 (Kabuki)
3. Thermoclines
4. Schism

 

 

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