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Album

08 novembre 2022 - Dolorès

Brutus

Unison Life

LabelSargent House / Hassle Records
stylePost-hardcore pop et mélodique
formatAlbum
paysBelgique
sortieoctobre 2022
La note de
Dolorès
8/10


Dolorès

Non.

S'il y a bien un groupe qui réussit à presque faire l'unanimité depuis quelques années, c'est le trio belge de Brutus. Nest, sorti en 2019, avait clairement retourné les oreilles des amateurs de musiques extrêmes en proposant un album aussi agressif que sentimental. Finalement, il était à l'image du précédent Burst (2017) qui, bien que découvert tardivement pour ma part, est également devenu un album de chevet. J'ai comme l'impression que leur musique est (et a toujours été) difficile à décrire : post-hardcore mélodique ? En réalité, le projet flirte du côté de toutes les influences en vogue : post-metal, punk hardcore, post-rock, shoegaze, parfois même math rock ou prog rock, avec un feeling clairement pop. Tout cela, bien sûr, en floutant les frontières avec brio, si bien qu'on ne sait plus aux côtés de quels groupes le ranger ni comment le présenter.

La recette n'a pas changé depuis 2017. Ce qui a changé, c'est bien sûr la notoriété explosive du trio qui a entraîné un engagement bien plus professionnel de la part de ses membres. Pour Unison Life, le groupe a révélé avoir passé 18 mois sur l'écriture, un beau score qui permet à ce troisième album de proposer un véritable travail d'orfèvre.

Concernant les singles révélés en amont, avouons-le, nous avons été nombreux(ses) à les écouter en boucle en attendant la sortie de l'opus, en cette fin d'octobre 2022. Un sentiment autour de moi qui a été confirmé par le groupe qui ne s'attendait pas à un si grand engouement à la sortie des très puissants « Liar », « Dust », puis « Victoria » et « What Have We Done ». Ce qui m'a directement frappée, à la sortie de « Dust », c'est le grain de voix employé par Stefanie Mannaerts. Ce timbre rocailleux, à la fois au bord du gouffre et prêt à en découdre, m'a continuellement hérissé les poils depuis la première écoute. Bien plus intense et investi qu'auparavant, alors qu'il avait déjà conquis son public, son chant confirme sa position d'atout majeur de Brutus. Rappelons, pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas forcément le projet, que Stefanie Mannaerts donne tout autant d'énergie derrière la batterie, deux postes difficiles à cumuler notamment en live, de quoi bien inspirer le respect.

On sent à nouveau, ici, que les paroles ne sont pas que la forme que prend un quelconque instrument noyé dans la composition, mais bien un pilier à part entière de l'album. Elle semble mettre beaucoup d'histoire personnelle et de sincérité dedans, avouant elle-même qu'on ne peut pas s'investir à fond dans la musique si c'est pour délaisser les textes, qui nécessitent tout autant d'incarnation pour créer une musique sensible et authentique.

Bien sûr, l'émotion traverse les superbes presque-ballades (si on peut les classer comme ça) « What Have We Done » et « Chainlife », mais c'est aussi la rage qui anime la majeure partie d'Unison Life. La composition, bien millimétrée, laisse s'alterner des instants de tempo élevé où répondent une guitare et une basse omniprésentes et des passages clairement aériens et mélodieux. S'enchaînent d'ailleurs parfois des structures aussi limpides qu'inattendues, je pense notamment au redémarrage en trombe de « Liar » qui fait à chaque fois son petit effet. Néanmoins, la facette pop du groupe finit toujours par revenir avec des refrains accrocheurs, histoire de bien marteler sa musique dans toutes les oreilles qui passeraient par là. C'est réussi : on en redemande. Reste à, espérons-le, inscrire le groupe dans les meilleurs concerts de 2023 après leur passage à Paris le 31 janvier prochain (et probablement des tas de festivals à suivre).
 

Tracklist :
1. Miles Away
2. Brave
3. Victoria
4. What Have We Done
5. Dust
6. Liar
7. Chainlife
8. Storm
9. Dreamlife
10. Desert Rain