Raton et la bagarre #17
jeudi 18 août 2022Amateur de post-musique, de breakdowns et de gelée de groseilles.
Contrairement à la moutarde, le hardcore semble ne jamais connaître de pénurie. Depuis le début de cette rubrique, pas un seul numéro ne m'a posé la moindre difficulté dans la sélection. Le défi était toujours davantage de restreindre les albums évoqués plutôt que d'en dénicher suffisamment. Juin et juillet ne dérogent pas à la règle mais apportent la sélection la plus variée depuis un long moment : pas de Bagarre centrée exclusivement sur le hardcore moderne et le metalcore cette fois ci. Accueillant des genres des deux côtés du spectre, ce numéro vous propose, en plus des chappelles habituelles : du grindcore, du midwest emo ou de l'indie math/emo et même du riot grrrl !
Et la diversité stylistique apporte la diversité géographique car les 12 artistes de cette Bagarre proviennent de quatre continents différents. Si avec ça vous n'arrivez pas à trouver hardcore à votre goût, je ne peux plus rien pour vous. Bonne lecture et merci pour votre fidélité !
Wormrot – Hiss
Grindcore pluriel – Singapour (Earache)
Les légendes singapouriennes du grindcore font un retour en grandes pompes, six ans après le succès de "Voices". Je dois toutefois avouer n'être pas le plus grand fan de Wormrot. "Voices" avait peiné à me convaincre, avec cette impression permanente d'écouter un clone crustisant d'Insect Warfare (on n'oublie pas que le riff mid tempo de "Forced Siege" est exactement le même que celui de "Lobotomized").
Heureusement, "Hiss" déblaye les influences crust pour se concentrer sur un grindcore très varié avec quelques accents powerviolence du fait de sa pluralité. Le disque passe par de nombreux paysages extrêmes, avec plus d'inspiration et de maturité que son prédécesseur. En témoigne notamment l'excellent combo "Sea of Disease" / "Noxious Cloud" qui, en trois minutes, conjugue le meilleur de 20 ans de grindcore et la fureur signature des Singapouriens. Ou encore le violon qui apporte une saisissante mélancolie sur "Grieve".
C'est en règle générale dans la seconde moitié de l'album (à partir du sur-efficace "Seizures") que je trouve mon compte, avec bien plus d'expérimentations comme le très screamo/emoviolence "Desolate Landscapes" et le trio de fin avec la conclusion atmosphérique, intense et hurlée "Glass Shards".
"Hiss" est une excellente synthèse de tout ce qui s'est fait dans le hardcore radical depuis une vingtaine d'années. Sûrement indigeste à la première écoute (le fait à une première moitié plus old school qui contraste avec une seconde plus moderne), c'est un album qui nécessite plusieurs passages et différents contextes d'écoute. Mais une fois la carapace retirée, c'est un disque aussi foisonnant que passionnant.
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Speed – Gang Called Speed
Metalcore beatdownisant – Australie (Flatspot)
Je pourrais être de mauvaise foi et qualifier Speed de "Sunami australien" avec leur attitude gangster over the top et leur metalcore beatdown premier degré. Sauf que Speed n'a pas sacrifié la qualité musicale sur l'autel de l'attitude tough-guy à bandana et que l'EP ressemble vraiment à quelque chose. Pourtant ce n'était pas gagné. Leur premier tube, "We See U" frôlait la parodie avec son break annoncé par des cornes de brume et ses basses sur-accentuées. Amusant mais épuisant.
Toutefois, l'EP travaille davantage ses compositions et trouve un créneau plus pertinent, toujours aussi menaçant mais moins outrancier. Ce qui permet d'être très abouti dans le style et de se rapprocher de ce que font les Never Ending Game, Gridiron ou autres God's Hate.
Au premier plan, "Move" est un tube qui donne envie de s'inventer une vie de bandit urbain, les poings serrés alors que vous l'écoutez sur vos AirPods au Monoprix de Jussieu. Mais ce premier vrai EP des Australiens ne contient pas le moindre remplissage. Dès les premières secondes, "Not That Nice" vient vous décocher deux-trois directs du droit avec son lot de mid-tempo et de guitares hurlantes.
Mieux que le sachet de protéines qui vieillit dans votre placard, "Gang Called Speed" vous donnera enfin l'impression de pousser des kilos de fonte alors que vous peinez à soulever 40kg à Basic Fit.
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Touccan – Full Sentimental
Emo / Post-hardcore / Indie – France (Seaside Suicide / Hell Vice i Vicious / Ripcord / Sleepy Dog)
Ce n'est pas faute de le répéter, il y a en France comme un vent frais de créativité et d'envie novatrice, du hardcore à l'emo. Touccan baigne en plein dans cette piscine d'inventivité avec autant de désinvolture que d'exigence. Le projet lyonnais n'est l'affaire que de deux lascars, un batteur et un guitariste qui décrivent leur groupe comme "la somme de leurs expériences". Clovis le guitariste "amène l'émotion" et Valentin le batteur "s'occupe de l'intensité".
Dans un style qui mêle sans trop s'en soucier du math rock, de l'emo, du post-hardcore et une forme de rock indé atypique, Touccan se balade sans peine, souvent de façon instrumentale, pendant 34 minutes avec un souffle aussi mélancolique qu'optimiste. Le disque passe comme un soir d'été, la brise ressassant doucement les souvenirs, pudiques, lointains et apaisés. C'est le cas sur "A New Name for Some Old Ways of Thinking" qui joint un chant saturé distant aux arpèges scintillants, ou sur "Niemand", probablement mon titre préféré avec sa batterie martiale qui tranche avec la voix angélique et les touches nappées de reverb de la guitare.
Nourri par tout un tas de sonorités (on entend même du screamo français sur la fin de "Ça va aller Jacques"), "Full Sentimental" est un album mature qui porte la fatigue et la joie d'après une longue journée de soleil. Alors n'oubliez pas de le prendre avec vous pour les vacances.
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Ithaca – They Fear Us
Metalcore – Royaume-Uni (Hassle Records)
Ce n'est pas peu dire que j'attendais le nouvel album d'Ithaca de pied ferme. Leur premier opus, "The Language of Injury", m'avait soufflé par son agressivité décomplexée, ses panic chords et son chant féminin d'une intensité suffocante. Toutefois, avec les divers singles parus, il semblait clair que le groupe anglais allait se détourner du mathcore (ou du moins du metalcore chaotique) pour aller vers une recette moins dissonante avec l'introduction de voix claire.
Et c'est là que tout s'effondre. Je développe suffisamment dans cette rubrique mon peu d'amour pour le chant clair dans le metalcore et Ithaca n'échappe pas à la règle. Djamila est une chanteuse talentueuse, mais l'omniprésence de la voix claire sur les refrains fait perdre toute originalité à Ithaca et rapproche le groupe de la scène metalcore mélo / alternative moderne pour laquelle je n'ai qu'un ennui constant. Sur ce nouvel album, toutes les influences sont lourdement perceptibles : de l'évidence Spiritbox pour l'approche alternative avec un chant féminin, à Counterparts (l'intro de "Fluorescent") et aux breaks qui virent trop facilement au djenty. D'autant plus que la cohabitation des phases metalcore revêches et nerveuses avec les refrains alternatifs ne fonctionnent pas du tout aussi bien que prévu. Il suffit d'écouter "The Future Says Thank You" pour s'en rendre compte.
Ce constat m'attriste encore davantage que le jeu de guitare de Sam Jones et de Will Sweet fourmille d'idées (les riffs mélo du titre éponyme), que les positions engagées du groupe me parlent et que plusieurs breaks marchent encore très bien ("Cremation Party"). Après 35 minutes de cette recette, entre les plans prévisibles, le chant clair alternatif qui ne passe toujours pas et les paroles façon girlboss qui finissent par sonner soit edgy ("Stop praying to god / I’m not listening") soit vides de sens, difficile de voir "They Fear Us" comme une réussite. Ithaca a voulu innover, ce pour quoi on peut évidemment les féliciter, mais ça n'a rendu le projet que plus générique.
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Candy – Heaven Is Here
Metalcore indus-bruitiste – USA (Relapse)
Le premier album de Candy, "Good to Feel", n'avait rien du feel good que son titre pouvait supposer. Façon rhinoplastie au poing américain, l'album déroulait un hardcore incendiaire qui suintait le metal primitif et les cuirs souillés. On remarquait aussi des nettes influences powerviolence californienne, ralenties pour les faire entrer dans le spectre plus net du hardcore. Instantané et référencé, il n'avait eu aucun mal à conquérir le coeur d'une large fanbase, des fans de punk sauvage à l'ancienne aux hardcore kids en quête de coups de pied retournés.
Sauf que c'était il y a quatre ans et que depuis, Candy se faisait désirer. Mais finalement, "Heaven Is Here". Premier constat : Candy a durci le son et a poussé les potards du bruitisme crachotant à 11. Bien plus metal et urgent que son prédécesseur, ce n'est pas un album qui fait l'économie de la hargne et de la densité sonore. Tout y est resserré et dissonant, avec plusieurs couches de bruits infernaux. Même si la batterie sur "Price of Utopia" rappelle le hardcore passé et que le groove reste présent sur "Human Condition...", c'est une évolution radicale que Candy a subie. L'atmosphère se fait beaucoup plus synthétique avec de très nombreuses influences industrielles, comme sur le terrifiant "Transcend to Wet", qui contribuent à peindre un tableau urbain cynique, effrayant de déshumanisation et de nihilisme. L'album s'enfonce dans cette direction tête baissée et à pleine vitesse. Plus les minutes passent, plus le paysage est futuriste et chaotique. L'avant-dernier morceau, "Kinesthesia" sonne comme du Youth Code ou du Street Sects et la conclusion, "Perverse", n'est ni plus ni moins que 10 minutes de noise.
Malsain et caustique, "Heaven Is Here" est radical dans son approche mais est plus abouti que la majorité des excursions électroniques et industrielles de nombre de groupes de metalcore ces dernières années (devinez vers où je regarde).
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Grunt – Demo
Hardcore – France (Conviction Records)
Si vous avez fait quelques concerts de punk et de hardcore à Paris ou Rennes, impossible que vous n'ayez pas croisé au moins un membre de Grunt et particulièrement le moustachu chanteur Tom, aussi aux manettes du podcast Disengage et du fanzine No Comply. Non satisfaits d'être dans tous les bons plans, les trois lascars ont décidé de former un groupe de hardcore à l'ancienne qui revendique les influences de la scène hardcore de Boston (de The Rival Mob à No Tolerance).
Registre qu'ils maîtrisent avec aisance et qu'ils déploient sur quatre pistes entre l'agressivité des 2-steps et l'influence positive des paroles : "Listen / Learn / It's the key to progression". Et je vous vois venir, non ce n'est pas un énième projet de hardcore local, ce n'est pas un "ah mais si tu sais le groupe de machin". Grunt a une véritable identité et vous feriez mieux d'allez vous y frotter au plus tôt.
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Petrol Girls – Baby
Riot grrrl / Post-hardcore – Royaume-Uni / Autriche (Hassle Records)
Probablement un des rares sous-genres dont je n'ai jamais parlé ici, le riot grrrl n'a plus exactement le vent en poupe. Le mouvement de punk féministe né dans les années 90 a peiné à survivre aux 2000s et ces dernières années n'ont connu que peu de sorties marquantes (parmi lesquelles on peut tout de même citer Dream Wife, GRLwood ou Control Top).
Pourtant, Petrol Girls, projet anglais nommé en hommage aux pétroleuses de la Commune de Paris, vient de sortir un brûlot entre hommage au riot grrrl des 90s et au post-hardcore bruyant. Rien ne pressentait l'album à exploser de cette façon, mais une composition acharnée et un débordement authentique d'énergie, aidé par une chronique dithyrambique d'Anthony Fantano, a permis à "Baby" de sortir d'un underground punk militant.
Très varié, l'album s'ancre dans les traditions post-hardcore mais vient grappiller des influences noise rock et math rock ici et là. Une ou deux écoutes suffiront pour identifier les morceaux mémorables, parmi lesquels le puissant et fédérateur "Fight for Our Lives", qui aborde la question des féminicides ("We're on the streets again / Another bed sheet painted with the blood of a sister"). Il est d'ailleurs très amusant (non) de lire les critiques postées sur les sites spécialisées et notamment sur RateYourMusic ou toute une galerie d'hommes vous expliqueront que "ces paroles auraient eu du sens il y a 50 ans", "comment ne pas trouver ça ringard ?", "ça sonne aussi stupide que ceux qui veulent retirer ces droits humains". Toujours un plaisir d'entendre des hommes non concernées par les discriminations expliquer en quoi des paroles sur l'avortement, les violences policières ou les injonctions sexistes sont dépassées, mais je m'égare.
Car de toute façon, "Baby" n'est pas un disque porté par la seule force de son militantisme. C'est un album complet, passionné, rempli de couplets et de refrains marquants. C'est un retour réussi à des sonorités passées autant qu'une proposition moderne.
"Forgеt all the nuance 'cause we're fluent / In carceral logic"
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Contention – Summer Offensive
Metalcore – USA (auto-prod)
Contention fait aisément partie des meilleurs groupes de edge metal actuels, rappelant les heures dorées d'Arkangel ou du metalcore sanguinolent italien du début 2000s. Alors autant vous dire que lorsque les Floridiens reviennent avec un EP surprise de trois titres plus une reprise d'Indecision, difficile de ne pas être enthousiaste.
Pour vous peindre le tableau, Contention joue dans cette cour menaçante du metalcore qu'on a laissé trop longtemps tremper dans le metal extrême et qui se couvre de death ou de thrash. Leur EP "Laying Waste to the Kingdom of Oblivion" était à ce titre un merveilleux appel de retour à l'état sauvage pour foutre des coups de gourdin dans la caboche de ses camarades. Ce "Summer Offensive" ne fait pas plus dans la légèreté et regarde du côté du death metal pour ses riffs, quand il ne sombre pas dans les breaks négatifs à rayer le béton avec ses ratiches. C'est le cas de "Antithesis", le meilleur titre de l'EP, qui conjugue le meilleur du style, des breaks aux punchlines nihilistes scandées. Même la reprise de "Blindfold" d'Indecision, groupe dont je ne me lasse pas de plaindre l'injuste sous-représentation, est impeccable entre la référence et la patte personnelle.
"Summer Offensive" vient donc confirmer que Contention a de solides prétentions au trône du groupe de metalcore/edge le plus hargneux et vicelard de sa génération : "Mercy rejected / Revenge directive".
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World of Pleasure – World of Pleasure & Friends
Metalcore – Canada (Wildrose)
Après la masterclass de leur premier EP en 2020, on ne savait pas vraiment si World of Pleasure était un side-project éphémère ou un groupe qui avait pour vocation de sortir de nouvelles tueries. On a maintenant la réponse avec ce second EP, toujours piloté par Jessica de Mortality Rate et Colter de Serration (deux des meilleurs groupes de metalcore canadien).
La particularité de cet EP est de faire intervenir un invité par morceau. Ainsi, dans l'ordre, on a Dominic Vargaz de True Love (hardcore de Detroit), Shaun Alexander de feu xServitudex et actuellement dans Despize (metalcore sauvage écossais), Jaxon Craig de Safe and Sound (metalcore du Washington) et Chad Pingree de Witness Chamber (metalcore de l'Idaho).
Tout un beau monde réuni pour lacérer la toile du metalcore, servi par la voix assassine de Jess et les percussions façon batterie de cuisine de Colter. Je regrette malgré tout le nouveau son de batterie, qui s'éloigne du son de congas du premier EP pour aller sur quelque chose de plus habituel dans le metalcore, avec une caisse claire bien tendue, façon Snapcase.
Mais du reste, on est en terrain connu, avec des morceaux courts et efficaces dans lesquels on retrouve systématiquement la signature du groupe : hurler sur chaque titre "WORLD OF PLEASURE" et occasionnellement "VEGAN STRAIGHT EDGE". C'est même frustrant que l'EP ne dure que 8 minutes car les breaks sont maîtrisés ("Carbon Copy"), l'agressivité est parfaitement dosée et les incessants appels à la "vegan domination" m'ont à chaque fois donné envie de jeter le cantal entre-deux qui vieillit dans mon frigo.
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Envision – And Still...
Metalcore – USA (auto-prod)
Que celles et ceux à qui Ecostrike manque sèchent leurs larmes car une de ses têtes pensantes, Lennon Livesay, a encore beaucoup de choses à dire. Lennon est la figure tutélaire du metalcore straight edge floridien et rassemble autour de lui un grand nombre de projets excitants. Du metalcore mélodique de Drawing Last Breath au hardcore classique de Big Mack et Hit List, la spécialité du multi-instrumentiste reste le metalcore straight edge qui flirte avec le metal extrême : le sanguinaire Seed of Pain, le fabuleux Blistered, l'agressif Deklination et donc Envision.
Envision partage avec les autres groupes ces mêmes riffs trouvés dans le metal extrême et cette envie furieuse de hurler les valeurs vegan straight edge au visage du monde. Mais là où Blistered et Seed of Pain regardent surtout vers le thrash, Envision assume pleinement ses influences mélodeath (le très bon riff introductif de "And Still..." ou le final de "Beyond") et heavy avec le solide solo de "Beyond".
Je n'ai en revanche jamais été très fan du chant d'Alfredo qui bride trop à mon goût le potentiel des riffs et de la batterie de Lennon qui jouent beaucoup et très habilement sur les changements de rythme comme avec le break de "And Still..." ou le deuxième riff de "Born Again". Ce dernier contient d'ailleurs une référence explicite à l'opening du manga Ippo (Hajime no Ippo, le titre "Inner Light").
Je garde donc encore que le sentiment que Envision a un manque à gagner, mais ça reste du bon metalcore comme on n'en entend pas assez en dehors de Floride.
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Pool Kids – Pool Kids
Emo-pop – USA (Skeletal Lightning)
Peut-être que certain.e.s d'entre vous aimeraient pouvoir écouter une version plus emo-scintillante de Phoebe Bridgers ou de Julien Baker. Ça tombe bien, car Pool Kids existe. Le groupe floridien (promis je n'ai pas fait exprès d'en mettre autant) s'était fait remarquer avec un premier album, "Music to Practice Safe Sex To" en 2018 dans un registre bien plus midwest/math.
Quatre ans plus tard, leur album éponyme vient davantage flirter avec l'emo-pop estivale. Sur des thématiques classiques de rupture, de déception et de la complexe nature des relations sociales, la chanteuse Christine Goodwyne se balade et délivre ici et là des lignes vocales fortes ("Arm's Length") et plein de petites idées mélodiques qui s'accrochent au cerveau pour les semaines chaudes. L'instrumentation n'est pas en reste avec des fulgurances régulières comme la saisissante envolée post-rock sur "Further", les arpèges math et les touches dream pop disséminées sur le disque.
Même si "Pool Kids" est un album trop long pour son style (46 minutes), il fonctionne extrêmement bien pour accompagner vos trajets en voiture sous 35°C et créer des souvenirs doux-amers de vacances.
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Downfall – Behind the Curtain
Metalcore – USA (Triple B / DAZE)
En règle générale, une collaboration Triple B Records / Daze ne se refuse pas, d'autant plus lorsqu'il s'agit du premier album d'un groupe prometteur de metalcore américain.
Downfall vient de Richmond, en Virginie, ville marquée par le hardcore de Down to Nothing ou de Bracewar (ou plus récemment par Division of Mind et... Candy). Dans un style pas si lointain de Division of Mind, Downfall propose du metalcore garni de breaks beatdownisants, sans l'atmosphère claustro et angoissante de leurs voisins. Jamais loin du sempiternel Earth Crisis, certains passages syncopés sonnent même comme un Sepultura metalcore ("Let Me Die").
Si l'album n'est jamais désagréable ou de mauvais goût, il propose peu d'éléments auxquels se raccrocher. Les riffs sont déjà entendus, les breaks ne fonctionnent pas autant qu'ils devraient et à part quelques morceaux ("Bloodline", "Broken Mind" ou "Richmond") les 17 minutes dépassent rarement le metalcore générique.
N'en avez-vous jamais assez ? Ça tombe bien car les recommandations supplémentaires du mois sont copieuses :
Sorti de nulle part, Run Into the Sun, projet de Salt Lake City, a sorti un petit EP deux titres. Incroyable proposition qui ravira les fans de Turnstile et de Fury sans aucune hésitation, avec beaucoup de groove, des riffs tempétueux et des appels au mosh de très haute volée.
awakebutstillinbed et For Your Health, deux des groupes les plus intéressants de la nouvelle vague emo, ont sorti un split. La partie des premiers tombe dans le midwest screamo hurlé, très immersif et évocateur. La surprise vient surtout de la partie de For Your Health, loin du screamo abrasif qu'on leur connaît et cette fois dans un registre emo accrocheur qui leur va moins bien.
Est-on arrivé dans l'ère du post-deathcore ? On se posait déjà la question avec le "It Comes in Waves" de The Acacia Strain, mais c'est cette fois le nouvel album de Kardashev qui vient mélanger deathcore et post-metal. Il faut lui reconnaître un certain brio dans la qualité de ses atmosphères et l'équilibre de sa violence. Une curiosité à aller écouter pour tous les fans du style.
Motionless in White vient de sortir un 7e album qui conjugue les bases metalcore aux outranciers refrains alternatifs et aux sonorités industrielles. C'est absolument infect comme on pouvait s'y attendre et même l'ambitieux feat avec Bryan Garris de Knocked Loose ne vient rien sauver. Celui avec Mick Gordon, connu pour la BO des derniers Doom, n'est pas plus réussi.
Deux mois après la publication de son nouvel album, Gospel fait oublier qu'il a été absent pendant 17 ans et sort un nouvel EP, sorte de complément à "The Loner". Un unique morceau de 21 minutes de rock progressif à synthé nourri au post-hardcore qui permettra de prolonger l'expérience de l'album. Certes plus jusqu'au-boutiste que ce dernier, il ne convaincra cependant que les convaincu.e.s.
Les lecteurs et lectrices à qui la double pédale et les guitares sous-accordées manquent peuvent se tourner vers le deuxième EP de Zous, le projet death metal de Taylor Young (Nails, Twitching Tongues et producteur du tout-hardcore). Du death metal crado qui ne sait pas colorier sans dépasser.
Côté split, on retiendra aussi celui entre les Californiens de World Peace et les New-Yorkais de Blame God. Je vous évoquais la powerviolence des premiers, sans guitare et avec deux basses, dans la Bagarre #9 et c'est toujours aussi réussi. La partie de Blame God, plus grind, tient bien la route mais demeure plus classique et moins marquante.
Ami.e.s de la délicatesse bonsoir. Le premier EP de Collapsed Skull, projet de powerviolence par des membres de Full of Hell, est disponible chez Closed Casket. 11 titres, 11 minutes et un peu moins de neurones en état de marche. Pour parachever la bêtise, le logo a été conçu par Tyler Mullen, (ex-)chanteur de Year of the Knife et batteur de Gridiron et le mixage/mastering assuré par Arthur Rizk.
Toujours dans le même style, les Anglais d'Ona Snop viennent de sortir un EP, encore une fois réussi, dans un très joyeux bordel entre powerviolence et thrashcore à l'ancienne façon D.R.I.. Rappelez-vous, leur dernier album était chroniqué dans la Bagarre #8.
Le nouveau et très attendu album d'Inclination a beau avoir leaké sur YouTube, sa sortie est prévue pour le 21 octobre et ne sera donc discutée que dans la Bagarre #19.