REVUE D'ACTU #34 : Nine Inch Nails, White Ward, Darvaza, The Great Discord,...
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
L'actualité ce n'est pas une science exacte, en musique comme ailleurs. Parfois on s'arrache les cheveux pour trouver ce qu'on pourra bien vous suggérer, et parfois on croule tellement sous les options qu'on doit bien se livrer au douloureux exercice du tri. Pour cette quinzaine, c'est mitigé, mais si vous êtes plutôt black metal, il y a de l'hostie profanée à se mettre sous la dent. Dawn Ray'd rend publique la double composition présentée en exclusivité au Roadburn Redux, et qui nous avait forte impression, tandis que le duo derrière Darvaza nous tease un premier album, comme ça, sans prévenir. Pour les amateurs d'avant-garde slave, on peut signaler aussi le retour de Odraza après une bien courte absence, mais aussi White Ward qui nous dévoile un peu de son prochain EP... Bref, bonne écoute !
Darvaza
Matthias: Enfin ! Que dis-je ? ENFIN ! Après six ans à enchaîner les EP, certes tous excellents, Darvaza vient d'annoncer par surprise la sortie de son premier album ! Une nouvelle d'autant plus bienvenue que le duo italo-norvégien tournait déjà régulièrement avec une équipe live, et que tous ceux qui ont eu la chance de voir Darvaza sur scène s'accordent à y reconnaître un des projets actuels les plus fidèles à l'esprit black metal originel. L'album s'intitulera Ascending into Perdition et est attendu pour l'hiver 2021 sur Terratur Possessions. Et au sein de la rédac' nous sommes quelques-uns à y placer de grandes espérances !
Pour ne rien gâcher, Darvaza a profité de cette annonce pour révéler un premier single, intitulé "This Hungry Triomphant Darkness". Sept minutes assez conformes, sommes toutes, à l'esprit Darvaza : un black metal sans fioriture inutile, laissant à la voix de Wraath la place nécessaire pour instaurer une ambiance véritablement sulfureuse. A l'opposé de certaines compositions plus lancinantes du groupe, "This Hungry Triomphant Darkness" monte vraiment en puissance et se permet même un passage plus lent et lourd sans perdre de son impact. A se demander jusqu'où peuvent encore monter les flammes du Darvaza...
Dawn Ray'd
Circé : Pas encore de troisième album à l'horizon a priori, mais Dawn Ray'd nous a gratifié récemment d'un “double-single”, si l'on peut l'appeler ainsi. Nouveauté toute relative, puisque ces deux titres ont été dévoilés au Roadburn Redux. Il y a d'un côté une certaine déception à voir que la vidéo présentée pour l'occasion est de nouveau accessible librement sur youtube, brisant un peu le côté “exceptionnel” et exclusif du festival en streaming, mais on ne va pas non plus se plaindre de pouvoir réécouter Wild Fire avant d'avoir de nouveaux morceaux des Britanniques à se mettre sous la dent. Wild Fire consiste donc en deux versions du même morceau. La première s'inscrit dans la pure tradition du groupe, un Black Metal raw et nerveux tout en conservant une grande mélodicité grâce à ses éléments folk, notamment le violon. Les riffs conquérants sont remplacés dans la seconde version par un folk grave et solennel, où le violon est ce qui permet au final au mieux de faire le lien entre les deux pistes. Le chant n'intervient ici qu'à la fin, en spoken words puis en un choeur concluant le morceau. Si les deux versions sont toutes aussi qualitatives l'une que l'autre, l'exercice de transposition est lui aussi d'autant plus intéressant que le groupe parvient à créer deux ambiances totalement différentes en partant d'une même base.
Health + Nine Inch Nails
ZSK : Non, rien de neuf à prévoir du côté de chez Trent Reznor, qui reste sur deux Ghosts sortis pendant le confinement de l’an dernier et qui étaient… heu ? En attendant, voici une petite collaboration le temps d’un morceau avec Health, groupe américain qui monte et qui va d’ailleurs tourner avec Perturbator cet automne en Europe. On y retrouve du Nine Inch Nails somme toute classique, qui se marie bien avec le style futuriste et Cyberpunk de Health, dans la pure lignée de l’album Vol.4 :: Slaves Of Fear qui remonte à 2019. La voix hargneuse de Reznor est d’ailleurs parfaitement suivie par celle, toujours aussi éthérée et robotisée, de Jake Duzsik. On y trouve finalement une collaboration logique, entre deux groupes qui se complètent parfaitement et se trouvent à deux extrémités d’un même univers. D’ailleurs me concernant, j’ai découvert Health avec ce "Isn’t Everyone" et l’écoute complète de Vol.4 :: Slaves Of Fear fut une grosse claque, un exceptionnel album entre Post-Indus, Rock/Metal Indus et Cyberpunk fantasmagorique. Alors merci Trent pour la découverte, en attendant du nouveau de chaque côté de l’équation, et en attendant de voir Health en Live SI TOUT VA BIEN HEIN.
Odraza
Circé : Si vous avez prêté attention à la scène BM polonaise ces derniers temps, vous aurez sûrement remarquez qu'une petite floppée de groupes déjà assez portés sur les expérimentations (et souvent signés chez Godz Of War) ont semble t-il décidé d'envoyer valser le peu de Black Metal de leur musique. Que le résultat soit bon ou non, les beats et la pochette du dernier Biesy ou l'abstraction totale de l'EP de Furia laissent difficilement indifférent. Odraza, quant à eux, avaient sorti l'un des albums de Black Metal les plus solides et personnels de 2020, un vrai coup de coeur pour moi. Et voilà donc qu'ils nous sortent de nulle part un EP, long d'un seul titre de 20 minutes, qui... n'a plus rien à voir avec le Black jazzy de l'année dernière. Acedia propulse dans un souterrain noir et oppressant où se succèdent plusieurs mouvements, comme différentes pistes mises bout à bout, tantôt bruitistes et industrielles, tantôt doomesque ou ambiantes, avec un semblant de mélodie. On avance à tatons dans le labyrinthe que le groupe nous construit, sans savoir dans quelle direction la prochaine note va nous mener. Il faut attendre une quinzaine de minutes avant de revoir des traces de Black Metal dans les guitares. Pas de chant, seules quelques samples éparses en polonais. Au delà de son aspect déroutant et bien plus difficile à appréhender que l'album, cet EP démontre une fois de plus des talents de compositions d'Odraza – et un résultat largement plus écoutable que le dernier essai de Furia, avec qui la comparaison peut paraître facile.
The Great Discord
ZSK : Le groupe qui avait pondu le meilleur album de 2017 va signer son retour cet automne (malgré un EP passé inaperçu en 2019, Afterbirth). The Great Discord et sa « progressive death pop » est attendu au tournant après la classe folle de The Rabbit Hole. Et il prend un malin plaisir à faire monter la mayonnaise, doucement. Ce vrai-faux premier single, "Arrival", qui devrait logiquement être l’intro de leur prochain album Deam Morte, sert surtout à une chose : présenter le nouveau personnage que va incarner Fia Kempe, répondant à l’étrange nom de « DEA ». On en saura plus sur le concept au moment voulu, en attendant, les premières bribes de musique sont bien là. Quelques accents électroniques, mais aussi de premiers riffs qui montrent que The Great Discord n’a rien perdu de son efficacité et surtout devrait rester « Metal ». Un second, ou plutôt premier « vrai » single est prévu pour ce vendredi 28 mai, donc on va vite être fixé. Mais ce départ est très, très prometteur et ça sent bon pour la succession de The Rabbit Hole. On a hâte !
Erdve
S.A.D.E : Avec leur premier album, Vaitojimas, les Lituaniens de Erdve m'avaient mis une jolie claque. Dans un regsitre post hardcore dense et méchant, le quatuor se posait comme un groupe prometteur et plein de talent. Et Lavondėmės, le premier single de leur prochain album, semble indiquer que le groupe en a encore sous la pédale. Il faudra attendre le 23 juillet pour en être sûr, date de sortie de Savigaila qui paraîtra chez Season of Mist. En tout cas, niveau violence, agression et méchanceté, ce premier extrait remplit haut la main les objectifs, dépassant peut-être en intensité les titres du premier album. Me voilà très impatient d'en entendre plus !
White Ward
S.A.D.E : Projet unique et fascinant, White Ward reviendra le 25 juin prochain avec un nouvel EP intitulé Debemur Morti et qui sortira chez... Debemur Morti, le label du groupe depuis son premier album. Avec son black metal à forte tendance avant-gardiste, White Ward développe depuis 2017 et son Futility Report une approche toute personnelle du genre. Que l'on retrouve sur ce premier extrait : chant clair et enlevé inattendu, saxophone fantômatique, passages jazzy plein de mélancolie, les Ukrainiens savent visiblement toujours brouiller les pistes pour rendre leur compositions fascinantes. A noter la participation de Lars Nedland (Solefald).