REVUE D'ACTU #55 : White Ward, Soreption, Imperial Triumphant, Non Serviam...
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Cette nouvelle édition de la Revue d'actu s'oriente plutôt vers les musiques extrêmes à travers quelques singles alléchants. Les âmes plus sensibles trouveront quand même de quoi se satisfaire avec un peu de doom trad' ou du rock alourdi. Bonne lecture et bonne écoute !
White Ward
Circé : Il est difficile de parler d'un groupe ukrainien. On ne sait pas comment s'y prendre : faire l'impasse serait grossier, irrespectueux, surtout dans un article nommé “revue d'actu” mais que dire dans un article musical ? Que White Ward a le courage de sortir ce troisième album dans ce contexte ? Il est en tout cas certain qu'il est attendu, ce False Light, qui verra le jour début juin, alors que le groupe jouit d'une belle réputation dans la scène. Un post-black teinté de saxo personnel, fidèle à son étiquette certes, mais qui a su suffisamment se démarquer pour émerger de la vague de tous les groupes naissant dans ce genre en pleine vogue. Les deux singles sortis, "Leviathan" et "Cronus", dernier en date, prolongent la direction musicale annoncée sur le single Debemur Morti (sorti pour le fameux label français du même nom sur lequel ils sont toujours). Le chant clair est omniprésent, dans un registre grave et monocorde aux influences goth-rock/post-punk, posé sur des moments calmes et mélancoliques qui explosent en blasts et hurlements. Le saxo, bien qu'usé avec parcimonie, se trouve toujours placé judicieusement, proposant une envolée par-ci par là entre deux mélodies. Deux titres sensibles et poignants, emplis à la fois de douleur et de lumière, qu'on espère pouvoir un jour écouter sans penser à la guerre.
Soreption
Storyteller : le 10 juin sortira le nouvel album de Soreption, il s’intitule Jord et est soutenu par Unique Leader Records. Quand on voit le nom du label, on comprend tout de suite que l’on aura à faire à un mélange de technique et d’extrême. Gagné ! Soreption est un groupe Suédois de Death Technique, qui prépare son quatrième album avec le clip de la chanson "The Artificial North". Pas de fioritures inutiles, un peu plus de trois minutes de musique basée sur une rythmique plus saccadée, infusée de groove, poussée par un son clair, bien équilibré. Beaucoup de finesse mais une musique qui n’est pas du tout prétentieuse. Et quand on connait la suite du programme Tech Death de l’année, on ne peut que se réjouir de voir des pépites comme celle-ci arriver.
Imperial Triumphant
S.A.D.E : Le cinquième album d'Imperial Triumphant, Spirit of Ecstasy, a été annoncé pour le 22 juillet prochain chez Century Media. Et le premier extrait proposé par les New-Yorkais annonce qu'ils n'ont rien perdu de leur folie. "Maximalist Scream" (sur lequel on retrouve Snake de Voïvod en guest) reprend les choses où Alphaville les avait laissées en 2020 : un metal extrême et avant-gardiste lorgnant vers le jazz dans ce qu'il a de plus instable et déroutant. Et quoi de mieux pour illustrer une musique cauchemardesque qu'un clip où l'esprit de David Lynch plane sur chaque séquence ? Riffs opaques et protéiformes, batterie toujours au bord de la rupture, chant déshumanisé, tout est réuni pour que vous passiez un moment dans la douceur et la sérénité.
Old Witch Cemetery
S.A.D.E : Les images qui me viennent à l'esprit lorsqu'on évoque le doom traditionnel comportent soit un cimetière anglais, soit l'automne triste scandinave. Venu du Bangladesh, Old Witch Cemetery n'entre pas exactement dans ces clichés évidents. Et pourtant, leur nouveau single, "Zombie Shipyard", se range directement dans cette case musicale : le riffing bien baveux tout en restant classe, la batterie bien carrée et même un discret habillage de claviers, tout suinte la maîtrise de codes très européens. Le chant est peut-être le seul point un peu faible, les envolées manquant un poil de coffre, mais pour tout le reste Old Witch Cemetery propose un doom trad' tout ce qu'il y a de plus consistant et efficace. Un premier EP était sorti en 2018, quant à savoir si ce single annonce un album, difficile d'être catégorique car peu d'infos sont disponibles.
Boris
S.A.D.E : Chaque fois que je me tiens au courant de l'activité de Boris, je me rends compte que je suis passé à côté d'au moins un album et de deux splits sortis les mois précédents. Les Japonais ont annoncé un nouvel album pour le 12 août chez Relapse Records. Heavy Rocks fera suite à W (dont j'ai manqué la sortie donc) et s'annonce, si le single est représentatif de l'album (ce qui n'est jamais certain), plutôt accessible. Le riffing et le tempo donnent immédiatement envie de sauter un peu partout, le chant est clair et presque calibré pop, l'ambiance générale est à la bonne humeur. La fin du morceau, avec l'ajout de cuivres, donne peut-être un semblant de sensation de trop-plein, comme en est friand le trio, mais on reste dans le Boris assez grand public, loin des expérimentations étranges que Wata et sa bande ont proposées dans le passé.
Non Serviam
S.A.D.E : Projet Black metal indus expérimental, Non Serviam a annoncé un nouvel EP, We Are Nothing But Your Krill, pour le 5 août prochain chez Trepanation Records. Et, surprise de taille, sur "Kick Them To The Guitar", le nouveau titre dévoilé, le projet parisien se paie le luxe d'avoir Richard Johnson et Jay Randall (Agoraphobic Nosebleed) en guests. Et pour l'occasion (ou pour tout l'EP, l'avenir nous le dira), Non Serviam branche son canal à bruit sur le code Grindcore plutôt que Black metal. Resultat ? Trois minutes de riffs typiquement grindcore saturés d'effets électroniques comme sait si bien les produire Non Serviam, soit trois minutes de guerre totale sous les harangues de la paire vocale susmentionnée. Autant dire que ça croustille.