Nos coups de coeur de 2022 : retour sur le Calendrier de l'Avent
dimanche 1 janvier 2023Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Nous y voici, la fin de l'année, et avec elle le traditionnel exercice des bilans. Une tâche jamais aisée étant donné les goûts et les personnalités variées au sein de notre équipe, sans oublier la quantité faramineuse de sorties, rendant le tout par définition subjectif puisque limité par l'incapacité de tout être humain de n'écouter ne serait-ce qu'un dixième des albums parus en 2022. Tout ce qui nous reste à faire est donc d'humblement vous proposer une sélection d'album qui nous ont marqués, accompagnés au long de cette année.
La dernière fois, nous nous étions prêté.e.s au jeu du « Calendrier de l'Après », où nous avions posté sur nos réseaux sociaux un album par jour pendant le mois de janvier. Cette année, vous avez sûrement vu passer des publications similaires durant décembre, intitulées cette fois-ci plus justement « Calendrier de l'Avent ». Chacun.e d'entre nous a pu vous proposer un ou deux albums durant 24 jours, et les voici ici regroupés pour une sélection allant du death metal à la synthwave en passant par du black, du prog, et tout un tas d'autres horizons musicaux liés au metal. Non, nous n'avons pas pu mettre tout ce qui nous avait marqué, oui, votre favori n'y est peut-être pas (parlez-nous donc de cette perle rare oubliée en commentaire !) et encore moins avons-nous essayé de tomber sur un concensus pour nommer « l'album de l'année ». Mais heureusement qu'Horns Up a été bien actif tout au long de l'année pour vous partager le reste de ces coups de coeur avec des chroniques et des rubriques dédiées au hardcore, au black et au death. Nous avons aussi souhaité développer nos formats audiovisuels avec le lancement des chroniques vidéos de notre cher Avocat du diable et une nouvelle émission, Vivement Doomanche. Avec une reprise plutôt intense de l'industrie musicale après le covid en 2022, nous ne pouvons qu'espérer une année aussi riche pour 2023, où nous continuerons à vous partager l'actualité musicale à travers nos différents formats !
Groupes évoqués : Sordid Blade | Septicflesh | GGGOLDDD | Predatory Light | Bonecarver | Moonlight Sorcery | Shadow of Intent | Star One | Static Abyss | Krisiun | Darvaza | Obscura | Hangman's Chair | An Abstract Illusion | Soul Glo | Cave In | Imperial Triumphant | Carpenter Brut | Ripped to Shreds | Immolation | Lorna Shore | Messa | Birds in Row | White Ward |
Sordid Blade – Every Battle Has Its Glory
Pingouin : On avait déjà sacrément apprécié la démo sortie en 2021, malgré une qualité sonore moyenne. Avec Every Battle Has Its Glory, Sordid Blade ajoute son impressionnante contribution à une année fort prolifique pour le genre, avec ces 35 minutes de heavy metal 24-carats.
Le chant est nasillard sans manquer de charisme, les riffs sont épiques et entraînants. On en retient des tubes mémorables comme « Hidden Enthronement » ou le superbe « Lonesome Rider ». Fondé il y a à peine deux ans par deux vétérans de l’underground suédois, dont le taulier d’Apocalyptic Visions, on souhaite désormais le meilleur à Sordid Blade.
Septicflesh – Modern Primitive
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Matt : Après 23 ans de carrière, les Grecs les plus dystopiques du death mélo/sympho s’offrent un retour aux sources. Modern Primitive reprend les sonorités mystiques des meilleurs albums de Septicflesh sans pour autant perdre la puissance acquise depuis. Une perle, bien que taillée pour plaire davantage aux anciens qu'aux fans plus récents.
GGGOLDDD – This Shame Should Not Be Mine
Circé : Première case non metal de ce calendrier, Gggolddd nous a sorti en avril un album qu’on attendait depuis la magnifique performance du groupe à la version virtuelle du Roadburn, un an plus tôt. Né du climat anxiogène de la pandémie et du trauma de Milena Eva, This Shame Should Not Be Mine, est, outre la force déchirante de son message, une collection de morceaux taillés à la perfection, blindés de mélodies mémorables, d’arrangements électroniques/trip hop proposant une évolution intéressante à la musique du groupe, et bien sûr, de la voix toujours si versatile et envoûtante de la néerlandaise. Elle livre ici ce qui est peut-être sa meilleure performance, pour un album plein de sensibilité dans lequel se noyer dans les moments les plus difficiles.
Predatory Light – Death and the Twilight Hours
Dolorès : L'élève dépasserait-il le maître ? Puisque Predatory Light sonne bien comme un clin-d'œil à Negative Plane, la question se pose avec ce nouvel essai. Death and the Twilight Hours est un album black metal hypnotique et obsédant, à la production sublime, aux mélodies psychédéliques et aux influences doom. Seulement quatre titres (dont deux plutôt longs) et zéro ennui à l'horizon. Le tout plongé dans un imaginaire macabre aux allures de fresque funéraire, lié au passage de la peste lors des plus sombres heures de notre histoire.
Storyteller : Sorti un jour d’armistice, l’album de Bonecarver, Carnage Funeral porte bien son nom. Death, black, symphonique avec une belle dose de brutalité et un chant vraiment tordu, ça va égayer les réunions de famille autour du sapin sans aucun doute. Ca blaste beaucoup et certains titres sentent bon la crasse et on prend plaisir à découvrir une pépite extrême venue d’Espagne derrière une pochette aussi moche qu’explicite.
Moonlight Sorcery – Piercing Through the Frozen Eternity
Malice : Qui dit calendrier de l'Avent dit hiver et musique à l'avenant. Et l'album de l'année en black sympho, il est sorti tôt dans cette belle année 2022 : en février, Moonlight Sorcery offrait un véritable joyau venu de Finlande, aux orchestrations et au travail sur les guitares absolument au-dessus du lot. Immanquable !
Michaël : 2022 a été une année riche pour le death metal mélodique. Et quand on évoque ce courant, on est obligé d'évoquer l'excellent album Elegy, sorti au début de l'année, qui nous a été offert sur un plateau par les Américains de Shadow Of Intent.
De la mélodie, de la technique, un mix puissant, des leads inspirés et un combo deathcore / death mélo du plus bel effet. Je mentionne le deathcore car, si le groupe n'officie plus vraiment dans ce style musical, la lourdeur du son demeure. Quoi qu'il en soit, aucune excuse pour les amoureux de ces genres de ne pas y jeter une oreille attentive !
Storyteller : Arjen Lucassen c’est un peu le Thomas Pesquet du metal, il aime explorer le firmament avec ses nombreuses formations. Star One, c’est un peu l’aspect heavy prog qui est mis en avant. On se débarrasse des fioritures folk et opéra de Ayreon pour se concentrer sur les guitares et le gros son. Pour autant l’aspect progressif et surtout cinématique de la musique de Star One sont toujours présents sur Revel in Time. La liste des invités est toujours impressionnante et prestigieuse (Ross Jennings de Haken, Russell Allen de Symphony X, Roy Khan…), preuve que le compositeur sait magnifier leurs talents et mélanger leurs chants à la perfection avec une musique qui propose un voyage aux confins du metal, dont vous ne reviendrez pas indemne.
Static Abyss – Labyrinth of Veins
Pingouin : Pas moyen de viser à côté avec une collaboration pareille : Static Abyss, c’est le projet de Chris Reifert, la tête pensante d’Autopsy (dont on évoquait brièvement le dernier album dans la Rubrique nécro de novembre) et Gregg Wilkinson (bassiste actuel d’Autopsy, et taulier du studio Earhammer d’Oakland).
Leur premier album, Labyrinth of Veins, est sorti cet été chez Peaceville. Que des riffs dégoulinants aux accents doom death. La patte Autopsy n’est jamais bien loin (et c’est tant mieux) : tout est dans le cliché du death metal gore : on retient notamment le refrain de « Nothing Left To Rot. » Un régal de death metal old-school, qui ne réinvente rien mais qui réconfortera n'importe quel aficionado du genre.
Prout : On se refait pas. Quand Krisiun revient un covid après et nous pond un album digne de ce que le trio faisait début 2000, obligé de fondre. Et la branlée sur la récente tournée avec Nile prouve que les Brésiliens aux gros bras restent encore les patrons du death metal martial.
Darvaza – Ascending into Perdition
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Matth : On l’aura attendu ce premier album de Darvaza, mais ça en valait la peine ! Avec Ascending Into Perdition, le duo italo-norvégien se lance dans un black metal chimiquement pur sans être coincé dans son passé, aux compositions hallucinées et hallucinantes qui ne se perdent nullement pour autant en fioritures. Du grand art qu'il serait fort dommage de manquer, y compris d’ailleurs en live.
Varulven : Si, en début d'année, on m'avait dit que je craquerais à nouveau sur un groupe de death technique en 2022, j'aurais certainement ri. Et pourtant..
Après deux albums plutôt mitigés, Obscura revient finalement en force et contre toute attente avec A Valediction. Ce sixième effort, toujours très technique, n’en oublie pas d’être avant tout diablement accrocheur et mélodique. Pour un mélange parfait entre un best of de la doublette Cosmogenesis/Omnivium et le mélodeath suédois des grandes heures.
Dolorès : Il a pas mal fait l'unanimité cette année... Difficile de ne pas parler du dernier album de Hangman's Chair, composé de neuf véritables tubes, aux sonorités aussi rêveuses que désabusées. Leur doom rock urbain, aux teintes de néons bleutés en piteux état, aura été la bande-son du quotidien nébuleux pour beaucoup d'entre nous. Leur présence sur de nombreuses belles affiches en 2022 aura d'ailleurs confirmé que le groupe se range désormais dans le haut du panier, tant par sa notoriété que par sa maîtrise.
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ZSK : On vous en avait parlé il y a quelques semaines, mais il mérite finalement son titre parmi les albums marquants de l'année : Woe de An Abstract Illusion et son metal extrême foisonnant, melting-pot de ce qui se fait de plus raffiné et efficace en termes de metal progressif qui brasse large, avec classe et retenue malgré le propos ambitieux. A (re)découvrir d'urgence !
Raton : Soul Glo aura mis du temps à domestiquer son propre son, mais bon sang, quelle progression !
Sur Diaspora Problems, le groupe de Philadelphie ne fait pas que livrer un album de hardcore rugueux, groovy et extrêmement bien ficelé, il conçoit un manifeste pour une communauté que la scène n’a pas prise au sérieux pendant trop longtemps.
C’est une œuvre extraordinairement mature qui a digéré ses influences musicales et culturelles, du screamo au hip-hop et qui porte un vibrant discours d’émancipation.
Di Sab : Quatre ans après le décès de leur bassiste et ami Caleb Scofield, c’est avec plaisir mais douleur que l’on retrouve un Cave In toujours plus maître de son art. Album hyper versatile qui plaira aux fans de doom, de post hardcore, de Tool, d’Alice in Chains voire de Mastodon, Heavy Pendulum est un incontournable dans une époque où le post metal écrit son Histoire de sa plus belle plume.
Imperial Triumphant – Spirit of Ecstasy
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S.A.D.E : Comment dompter le chaos sans altérer sa nature instable ? Imperial Triumphant s'échine à travailler cette question insoluble et il se pourrait bien que Spirit of Ecstasy soit à ce jour leur réponse la plus aboutie. Sans renier leur goût de la complexité, ni l'exigence qu'ils attendent de l'auditeur, les Américains nous ont offert cette année un album à l'accès plus immédiat (mais pas plus simple). Une démonstration radicale de talent qui place le trio dans les sommets de l'avant-garde.
Carpenter Brut – Leather Terror
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ZSK : Fer de lance de la synthwave française avec Perturbator, Carpenter Brut a vu son potentiel exploser cette année grâce à cette bombe qu'est Leather Terror. Plus efficace, brassant plus large, varié et bourré de tubes, avec son aura propre par rapport à Leather Teeth, ce deuxième album est le banger de l'année !
Ripped to Shreds – 劇變 (Jubian)
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Pingouin : 劇變 (Jubian), troisième album des californiens de Ripped to Shreds, sorti en octobre chez Relapse est la claque à laquelle on était en droit de s’attendre. L’album est un florilège de riffs bondissants, un exercice d’équilibriste de 35 minutes, entre la lourdeur pataude du grindcore old-school et la nervosité du death metal 90s à la scie sauteuse.
Cette recette death old-school sert parfaitement les thèmes épiques chers au groupe : la mythologie et l’histoire militaire chinoise. Ripped to Shreds maîtrise toujours aussi bien ce registre historique couplé à un amour de l’explicitement graphique.
La déférence aux années 90 est impeccable, l’hommage à nos classiques irréprochable, et avec un discours qui donne de la raison d’être au gore et aux effusions de sang, Ripped to Shreds consolide avec 劇變 (Jubian) son statut de tête de gondole du death metal conscient de ce qu’il est et de ce qu’il peut faire de plus noble (citons une fois de plus Necrot et Mortal, son chef-d'œuvre de 2020). Hâte de suivre une carrière qui on l’espère sera longue et riche en classiques de cette trempe.
Sleap : Bien qu’il soit paru en début d’année, le dernier cru d’Immolation est demeuré indétrônable parmi les sorties death metal de cette année 2022 pourtant très riche en la matière ! Et ce n’est pas peu dire car, non contents d’avoir une carrière longue de 35 ans sans aucun mauvais album, les patrons new-yorkais se paient même le luxe de nous pondre l’un de leurs meilleurs disques depuis au moins 10 ans.
Acts of God est un concentré de tout ce qui fait le sel d’Immolation et ce pendant plus de 50 minutes ! Une quinzaine de titres qui allient noirceur impénétrable, groove imparable, légères dissonances et harmoniques comme seul Bob Vigna en a le secret, sans parler du timbre toujours aussi unique de Ross Dolan. Bref, avec ce nouvel effort plus inspiré que jamais, les membres d'Immolation viennent encore prouver au monde entier qu’ils restent les maîtres absolus du genre. Total worship !
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Michaël : Le deathcore est un genre décrié, on le sait. Un genre qui, du reste, peine à se renouveler depuis de nombreuses années. Et si quelques groupes parviennent aujourd'hui à sortir de la masse, l'année a clairement été marquée par l'exceptionnel album de Lorna Shore : Pain Remains.
La quintessence d'un metal extrême moderne où tous les potards sont poussés à fond. Cela laissera certainement beaucoup de monde sur le côté de la route ; mais pour les autres, c'est l'assurance d'apprécier chaque riff, chaque cri, chaque mélodie de l'un des meilleurs albums de l'année.
Varulven : Doom metal, dark jazz et maintenant musiques progressives et orientales. Avec son dernier effort Close, Messa continue de repousser ses frontières stylistiques, grâce à cette aura si personnelle portée par la voix envoûtante de Sara Bianchin. Entre transe, intimité et mélancolie.
Raton : Impossible de ne pas le citer. Les petits prodiges de Birds in Row ont sorti leur troisième album il y a deux mois et on a toujours du mal à en croire la qualité. Plus que du bon hardcore, les Lavallois produisent avec Gris Klein de la grande musique. Leur post-hardcore sourd et anxieux atteint des sommets de poésie et de grandeur sur des titres comme « Noah » ou « Rodin ». Mesurons la chance d'avoir en France un groupe aussi talentueux qui participe à pousser le genre dans des nouveaux retranchements.
On travaille à vous en donner une chronique mais le génie a du mal à se laisser disséquer.
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Circé : 2022 nous aura donné nombre de sorties mémorables, quoi qu'on en dise, et cette dernière case du calendrier est donc un choix plus que cornélien pour moi. Mais on ne pouvait tout de même pas clôturer cette sélection de fin d'année sans revenir sur l'exceptionnel False Light de White Ward. Déjà fort remarqués avec un post-black jazzy reconnaissable dès la première écoute, ce nouvel album montre un groupe à son apogée, autant en termes techniques qu'en termes d'inspiration. A fleur de peau, White Ward manie toutes ses multiples influences pour créer un son réellement unique.
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