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Véritable phénomène en Europe depuis quelques années, Sabaton est pour beaucoup l’exemple même de la résurrection du heavy/power metal alors qu’il était devenu complètement sclérosé et incapable de se mouvoir face à l’extrême d’aujourd’hui. Sans réellement en arriver jusqu’à cette extrémité, il faut avouer que Sabaton, travailleurs suédois acharnés, ont pris de plus en plus de galon à travers les années jusqu’à la sortie d’un The Art of War en 2008 ayant remporté un vif succès, notamment le single «Cliffs of Gallipoli», numéro 1 en Suède grâce à son refrain des plus martial et puissant.
Aujourd’hui aux côtés d’une autre machine de guerre, allemande celle-ci, répondant au doux nom de Nuclear Blast, le monde semble véritablement prêt à être conquis par ces guerriers qui ont fait du power metal une musique écrasante, militariste et extrêmement puissante, bien plus que la moyenne.
Le nouveau venu, sous le patronyme toujours aussi évocateur de Coat of Arms, se veut peut-être l’un des disques, sinon le plus important de la carrière de Sabaton. Celui de la complète confirmation de leur talent et de leur ascendant sur la scène européenne actuelle. Et malheureusement, tout ceci se révèle n’être «qu’une» demi-réussite. Non pas que l’album soit plus mauvais que les autres, loin de là, bien au contraire… il souffre au contraire d’une bien trop grande ressemblance, voir parfois auto-plagiat, avec ses prédécesseurs. Loin d’une complémentarité, il s’affiche plutôt comme le frère jumeau caché de The Art of War, sans rien apporter de nouveau, ni dans le son, ni dans la composition, ni dans les structures ou les riffs… tout est parfaitement et rigoureusement identique…
La production est une nouvelle fois en béton armé, Joakim reste fidèle à lui-même et sa voix se veut toujours aussi particulière, martiale et ultra puissante. Les refrains sont une nouvelle fois soutenus par des claviers très présents, fortement mis en avant dans le mix, semblant toujours sortir du clavier du maître Tuomas Holopainen (Nightwish) période Wishmaster mais la surprise est aujourd’hui complètement nulle, absente, inexistante.
Il n’y a qu’à écouter "Midway" pour remarquer, de manière un peu trop flagrante, que nous avons à faire à un clone de "Ghost Brigade". La mélodie de clavier et le pont est identique, le refrain est presque copié, quant aux vocaux passés au vocodeur, l’effet de surprise ne marche plus. "Uprising" continue dans la même lignée, en évoquant directement, et de manière presque comique, le "The Art of War" de l’opus précédent. Le même mid-tempo, les mêmes nappes, la même mélodie vocale et un refrain presque calqué… mais où aller dans ces conditions ???
Pourtant, à l’écoute d’un morceau comme le magnifique "The White Death", il est évident que Sabaton peut quelque peu innover dans son emprunte musicale. S’affichant dans une direction plus power mélodique à la Helloween/Edguy, Sabaton nous pond un riff et une mélodie qui fait plus que mouche dans un album semblant en pilotage automatique, avec des harmonies à couper le souffle. Le refrain, laissant beaucoup d’espace au chant, explose et rentre (peut-être le seul) dès la première écoute dans le cerveau pour qu’on puisse ensuite le siffloter tranquillement dans la journée, tant il est accrocheur et bien conçu (et cette partie de batterie vraiment géniale).
Pourtant, au final, mis à part ce titre et un "Saboteurs" plus mélodique qui nous réveille de la torpeur dans laquelle nous étions tombés, rien ne ressort d’un album certes excellent dans son domaine, voir archétype pour eux adorant le heavy metal qui tache, mais si apathique quand on connait ne serait-ce que l’album précédent du groupe.
Certes, tout est parfait, produit à la perfection (écrasante, puissante et sans bavure) et interprété parfaitement… mais aucun frisson, aucune émotion ni surprise ne vient à l’écoute d’un album s’annonçant comme une relative déception pour un groupe qui, sûr de sa force et de son ascendant, n’a visiblement pas fait grand-chose pour proposer de nouvelles idées. Il souffre simplement de sa trop grande linéarité et d’une certaine volonté de vouloir trop bien faire, tant la prise de risque est minimale (peut-être quelques variations vocales seraient-elles bienvenues à l’avenir aussi…). Les fans adoreront, les amateurs apprécieront tout en se lassant, les autres ne changeront pas d’avis… le monde de Sabaton ne subit aucun changement ni dérèglement… le succès devrait donc pointer le bout de son nez sous peu…
1. Coat of Arms
2. Midway
3. Uprising
4. Screaming Eagles
5. The Final Solution
6. Acis in Exile
7. Saboteurs
8. Wehrmacht
9. The White Death
10. Metal Ripper