U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Tout au long de ses trois précédents albums Sabaton n'a jamais caché son côté épique et son petit penchant pour les grandes batailles à coups de glaives, de sabres et autres choses qui font mal aux gens d'en face. The Art of War ne déroge pas à la règle et en plus il prend le parti d'éduquer les masses ignorantes que nous sommes à cet art si particulier, qui ne se pratique plus comme au bon vieux temps au grand regret des Suédois n'en doutons pas. On y retrouve des citations tirées, on suppose, du premier traité de stratégie militaire au monde rédigé par Sun Tzu aux alentours du VIe siècle avant Jésus Christ et qui met en avant la guerre psychologique, que l'on retrouvera dans des conflits récents comme la guerre d'Indochine ou la suivante celle du Viêt-Nam. Ici on s'intéresse vraisemblablement aux conflits du milieu du Xxe siècle (la ghost division étant une compagnie de panzer dirigée par Rommel, et Talvisota est le nom finlandais de la Guerre d'Hiver entre les Finlandais et les Russes). On notera que dans l'édition limitée de cet album, une copie de l'ouvrage est disponible, histoire d'agrémenter l'écoute. Ça et là des citations du sage sont disséminées en guise d'introduction de certains titres, déclamées par une voix de femme au ton suave mais ferme, telle l'officier tentant de faire rentrer ces préceptes dans les crânes de jeunes recrues.
Ces moments sont le calme avant la tempête car quand Sabaton entre en piste, fini la plaisanterie ! On rentre directement dans le vif du sujet, et les Suédois étalent un heavy aux accents traditionnels appuyé par des claviers omniprésents. Dans la plus pure tradition teutonne, le quintette a trouvé la recette pour composer des titres qui emmèneraient n'importe quelle armée à la bataille : The Price of a Mile ou encore The Art of War ont cette rythmique assez répétitive mais néanmoins énorme qui rend gloire à la puissance et non à la fougue. Le batteur endosse le rôle du bûcheron qui écrase son kit avec un rythme régulier poussant la machine sur le champ de bataille. Ces titres ne sont pas les plus passionnants musicalement mais ont le mérite de parfaitement servir le propos du groupe et s'insèrent dans l'album et dans le concept avec pertinence. Il sera judicieux de préciser qu'aucun des dix titres (treize moins trois intros indépendantes) ne bat des records de vitesse. Quitte à enfoncer le clou une énième fois ici c'est la lourdeur et la puissance qui sont privilégiées. Sauf peut être avec le titre Firestorm qui fait figure d'exception avec sa rythmique très enlevée. Mais en même temps pour représenter cette « tempête de feu » quoi de mieux qu'un tempo élevé ? Mais pour atteindre ce titre il faudra avoir eu la patience d'attendre la fin de l'album.
Une des caractéristiques majeures de cet album est l'omniprésence des claviers. On se sent proche de mélodies proche de ce que des groupes comme Nightwish pourraient produire (attention je trace un parallèle pas une parenté entre ces deux groupes dont le fond est complètement différent). Dans 40:1, les claviers mènent la mélodie plus encore que les guitares et même s'ils n'ont pas leur moment de gloire avec un solo. Mais ils poussent avec brio la musique et on se sent encore plus emportés à l'écoute de cet ensemble et ça dès le premier titre Ghost Division. Je regrette cependant que parfois ils recouvrent les guitares, même si celles ci n'en font pas des tonnes. On retrouve aussi des traces d'Edguy sur un titre comme Cliffs of Gallipoli : l'intro au piano, la montée progressive, le refrain : un véritable hommage... A moins que ce ne soit le style Sabaton, car en relisant la chronique de mon cher collègue JC que vous avez en lien plus bas, vous verrez que ces références n'ont pas évoluées d'un pouce. Alors sans connaître leurs réalisations antérieures, on peut déplorer que le groupe s'enfonce dans des sentiers déjà battus un milliers de fois, y compris par eux mêmes !
Mais pour ceux qui ne sont pas familiers avec les Suédois, cet album s'écoute avec plaisir, et on peut sentir que certains titres ont un potentiel d'hymne comme Panzerfaust, répétitif soit mais le refrain et ses chœurs prennent aux tripes et les couplets sont propices au headbanging effréné. La voix du chanteur porte ce titre (et tous les autres) avec ses accents épiques et ses trilles donnent un accent quasi exotique à sa diction, même si elles peuvent sembler complètement superflues. La production est digne de l'Abyss Studio et de ses illustres propriétaires : nickel et parfaitement adaptée, on ne s'étendra pas plus là dessus. En fait, il n'y a que peu de raison de bouder cet album si on aime le power métal symphonique heavy guerrier épique, et en plus il ne me semble pas que ce style soit des plus représenté aujourd'hui alors quand une production de qualité pointe le bout de son nez, il faut en profiter (même si techniquement n'importe quel album du groupe fera l'affaire). La note ne bougera pas si l'on compara à l'album précédent et gageons que, sauf si l'on retire des points pour l'originalité, Sabaton sera constant à travers les époques. Ils ont atteint un des sommets de leur art avec de concept sur l'Art de la Guerre, qui résonnera sûrement dans tous les festivals cet été. Il en fut plus que ça pour bouger un groupe de la taille d'un des panzer dont il narre les histoires, mais après tout si ça marche, moi je suis preneur !
1. Sun Tzu Says
2. Ghost Division
3. The Art Of War
4. 40:1
5. Unbreakable
6. The nature of Warfare
7. Cliffs of Gallipoli
8. Talvisota
9. Panzerkampf
10. Union (Slopes of St. Benedict)
11. The Price of a Mile
12. Firestorm
13. A Secret