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Je viens de me rendre compte que j'étais dans le faux pendant tant d'années. Longtemps, j'ai cru que Garm (ou Christophorus G. Rygg ou Trickster G) avait réalisé ses plus belles apparitions dans Arcturus et j'avais laissé Ulver de coté par peur d'être déçu du bonhomme et puis, de toute façon, l'agressivité de Nattens Madrigal ne m'avait pas emballé et l'Electro, très peu pour moi, je veux de la guitare qui crache, merde quoi!
Qu'est ce qu'on peut être con quand on est jeune car passer à coté d'un groupe de cette ampleur relève de la bêtise absolue tant Ulver est unique dans son genre. Perdition City est un titre déjà très évocateur. Ulver vagabonde dans une ville gigantesque, sombre et décadente, totalement représentative des grandes villes très peuplées et denses mais où l'individu se sent incroyablement et paradoxalement noyer dans des sentiments de solitude et d'abandon. A la manière de Cult Of Luna mais dans un registre tout autre, Ulver arrive à recréer l'ambiance d'une promenade nocturne emplie de mélancolie et d'introspection sous une fine pluie. Mais là où la bande de Garm va bien plus loin, c'est de donner l'impression que ce que l'auditeur écoute n'est pas vraiment de la musique mais une succession de bruits extérieurs plus ou moins lointains que l'on entend malgré nous bien que l'on soit plongé dans un profond silence intérieur. Ainsi, je me rappelle du morceau « Sound Of Silence » par Simon And Garfunkel et je me dis que cela aurait pu être un autre titre tout aussi pertinent pour ce Perdition City.
Par ses caractères élitiste et déshumanisant ainsi que par son abyssal défiance envers le genre humain, Ulver se rapproche, volontairement ou involontairement de la vision de Robert Fripp et de la musique de King Crimson. La forme reste cependant différente puisqu'on ne peut pas la rapprocher du terme Rock; progressive à la rigueur. Hormis sur les très belles mélodies de « Nowhere/Catastrophe », la guitare est absente. La basse ne fait, elle, que de rares intrusions soit pour créer une tension palpable (« Lost In Moments »), soit renforcer la touche Jazzy comprise dans la musique. Là encore, on peut trouver des similitudes entre Ulver et le Roi Pourpre, ce coté Jazz décadent avec du saxophone qui est beaucoup moins agressif ici et est au contraire, très touchante (« Lost In Moments » et « Dead City Centres »). Le coté bruitiste de « Moonchild » et autre « Providence » se retrouve également souvent dans la personnalité d'Ulver à travers des titres comme des titres comme « Hallways Of Always » ou « The Future Sound Of Music » (un hommage au groupe The Future Sound Of London ?) mais qui ont, il faut bien l'avouer, au moins le mérite d'avoir une mélodie directrice souvent géniale, surtout sur ces deux morceaux emmenée par un piano qui est l'élément essentiel
Bande originale d'un film, ce Perdition City aurait pu l'être sans aucun problème tant l'image semble aller de pair avec la musique et le groupe l'a bien compris en projetant des petits films sur scène. Pour ceux qui doutent de l'attachement d'Ulver pour le cinema, ils n'ont qu'à écouter « Catalept » qui reprend le thème de Psychose d'Alfred Hitchcock mais à la sauce Trip Hop. Cet album m'aurait semblé être la B.O parfaite pour un film de la trempe du sublime Lost In Translation de Sofia Coppola avec l'excellent Bill Murray et Scarlett Johansson.
Perdition City est une expérience musicale envoutante unique flirtant souvent avec la perfection (« Lost In Moments », « Hallways Of Always », « The Future Sound Of Music » pour ne citer que mes préférées) qui ne laissera personne insensible. Du très grand Art...
1. Lost in Moments
2. Porn Piece Or the Scars of Cold Kisses
3. Hallways of Always
4. Tomorrow Never Knows
5. The Future Sound of Music
6. We Are the Dead
7. Dead City Centres
8. Catalept
9. Nowhere/Catastrophe