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Album

01 janvier 2019 - ZSK

Anaal Nathrakh

A New Kind Of Horror

LabelMetal Blade Records
styleNéo Anaal Nathrakh
formatAlbum
paysAngleterre
sortieseptembre 2018
La note de
ZSK
5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Attention : cet article sera celui d’une personne qui se situe entre le vieux fan blasé et le gros rageux, le tireur sur l’ambulance et le râleur de service. Mais bon, il semble clair que Anaal Nathrakh divise, entre ceux qui sortie après sortie trouvent que ça déchire toujours autant, ceux qui ne sont plus convaincus depuis belle lurette et pour qui « c’était mieux avant », et ceux qui se font leur propre hiérarchie en disant « ouais celui-ci il était nul mais celui-là il est plutôt pas mal ». Alors de toute manière il sera difficile de mettre tout le monde d’accord. Donc je ne vais avoir guère le choix que de mettre en mode 100% subjectif pour parler de la 10ème offrande longue-durée du duo anglais. Histoire de remettre les choses à plat, ma référence absolue du groupe reste Eschaton (2006) qui avait vraiment fait exploser le groupe et avait « fixé » son style, mélange de Grindcore et de Raw Black, qui se distingue par des refrains en chant clair. Le plus Deathgrind Hell Is Empty And All The Devils Are Here (2007) m’avait bien botté également. In The Constellation Of The Black Widow (2009) ne surprenait déjà plus vraiment mais était bien inspiré et proposait des morceaux vraiment mortels. C’est après que la dégringolade avait commencé. Dès Passion (2011), tout juste correct mais surtout hétérogène. Vanitas (2012) n’était pas spécialement mauvais mais à force de se répéter, le groupe avait perdu son côté efficace et n’arrivait plus à pondre de vrais bons morceaux, répétant sans cesse la même mixture. Desideratum (2014) était donc un album complètement inoffensif, tentant de se relever par quelques innovations sonores qui ne prenaient absolument pas. The Whole Of The Law (2016) tentait un regain de violence bienvenu, mais ça n’avait pas suffi à redorer vraiment le blason d’Anaal Nathrakh, qui s’est perdu à force de faire toujours la même chose, sans surprendre, et malgré le propos très extrême, ne fait plus du tout effet pour le metalleux bien bas du front que je suis par moments.

Anaal Nathrakh a donc plusieurs fois frôlé la catastrophe sans, heureusement pour lui, l’atteindre vraiment, même si Desideratum lui faisait frôler les abysses de l’inintérêt et du raté. Mais voilà, Eschaton est sorti il y a maintenant 12 ans, et malgré sa productivité assez conséquente, le bilan de la carrière d’Anaal Nathrakh est bien maigre depuis. Il est certes devenu une machine à produire de la bourrinerie, qui n’est plus aussi originale que par le passé, ce qui satisfait largement un camp de fans et déçoit en permanence l’autre. Une frange qui d’ailleurs rejuge à chaque fois sa discographie car, dès qu’Anaal Nathrakh ressort un nouvel album, on se dit qu’en fait, le précédent qu’on trouvait pas terrible n’était pas si mal… Le duo anglais se nivelle vers le bas disque après disque. Même si des sursauts sont possibles, The Whole Of The Law était un petit peu meilleur que Desideratum et ce dès le premier abord. Anaal Nathrakh a pour lui le paradoxe d’être hétérogène dans une discographie très homogène depuis près de 10 ans et In The Constellation Of The Black Widow, qui a définitivement figé son style. Voilà donc qu’un nouveau chapitre s’écrit avec A New Kind Of Horror, le 10ème full-length d’Anaal Nathrakh en 19 ans de carrière. Un nouveau genre d’horreur ? Anaal Nathrakh va-t-il enfin se renouveler ? Alors si on parle d’un nouveau genre d’horreur, on va faire le parallèle avec le cinéma d’horreur actuel, qui tente trop souvent d’imposer ses jump-scares stériles pour ne faire guère peur qu’aux ados de 14 ans à qui on peut encore coller des petits frissons. C’est finalement ça qu’est devenu Anaal Nathrakh, un groupe morbide et repoussant en apparence mais qui ne fait plus peur à personne et frise le grand-guignol, pour tenter d’imposer sa terreur stérile qui ne provoque plus aucun soubresaut chez l’auditeur. On en a vu d’autres, et les riffs chaotiques et les cris de damné, ce n’est pas ça qui va nous faire bondir de notre fauteuil. Anaal Nathrakh, le Blumhouse du Metal…

Passons donc sur ce que nous propose Anaal Nathrakh sur les 33 minutes de A New Kind Of Horror - son album le plus court. Pas la peine de tout reprendre à zéro, on retrouve toute la tambouille habituelle - riffs crus, trémolos épiques, blasts, cris over-saturés, petites touches légèrement industrielles ainsi que d’ambiance horrifique comme sur Desideratum et The Whole Of The Law. Petite surprise cependant : les refrains en chant clair ne sont pas spécialement légion. Il n’y en a réellement que deux, sur "Obscene As Cancer" et "New Bethlehem / Mass Death Features", même si l’on retrouve aussi des lignes claires pour "Vi Coactus" et "Are We Fit for Glory Yet? (The War to End Nothing)". Mais comme d’habitude, on a l’impression de les avoir déjà entendus 10 fois sur les albums précédents, accompagnés de structures désormais très codifiées et donc particulièrement attendues. Au bout, on aura donc encore le droit à des morceaux hyper convenus ("The Reek of Fear" qui est en outre accompagné d’un chant suraïgu assez horripilant, "New Bethlehem / Mass Death Futures", "Vi Coactus" avec ses mélodies vaines, "Are We Fit for Glory Yet? (The War to End Nothing)"), aux riffs vraiment peu inspirés, Irrumator ne s’est vraiment pas foulé pour cet album, certes c’était déjà un peu le cas sur les 2, non les 3, non les 4 albums précédents mais là, ça devient limite médiocre. Anaal Nathrakh serait presque en train de se Dimmu Borgiriser à sa manière, en privilégiant l’emballage aux strictes compos Metal. Et c’est même là que A New Kind Of Horror se « distingue ». La plupart des compos retrouvent une légère vibe Deathgrind groovy à la Hell Is Empty And All The Devils Are Here, mais en version autrement plus basique. On frôle même les plans plus syncopés qui ont souvent fait jaser, pire encore on est parfois en plein dedans, à la limite du gros mot qu’est le « Deathcore ». C’est déjà un peu criant sur des morceaux comme "Obscene As Cancer", "New Bethlehem / Mass Death Features" ou encore "Are We Fit for Glory Yet? (The War to End Nothing)", c’est complètement le cas sur "Forward!" et "The Horrid Strife" où Anaal Nathrakh se la joue carrément « chug chug bro » avec des riffs tenant sur une corde et demi. L’angoisse, l’horreur… mais pas dans le sens où Anaal Nathrakh le présentait.

Qu’est-ce qu’il y a tirer de A New Kind Of Horror ? Pas grand-chose, encore une fois… Je sauve quelques riffs bien remuants de "Obscene As Cancer", les passages bien violents de "The Apocalypse Is About You!" (malgré les mélodies attenantes à nouveau bien vaines) ou encore le plus lourd et graisseux "Mother of Satan", qui lui aussi est bien bien convenu pour du Anaal Nathrakh, au sein d’un album pas encore réellement bouseux mais pas très glorieux non plus. Au final, j’ai presque envie de dire heureusement que Anaal Nathrakh continue à pondre des morceaux peu inspirés et très convenus. Heureusement oui, car à l’écoute de morceaux comme "Forward!" et "The Horrid Strife", on se dit que le duo anglais aurait tout à fait pu livrer son The Unspoken King, en prenant un virage assez déplorable. Il ne l’a pas fait et reste lui-même en toutes circonstances, ce qui est une bonne et une mauvaise chose. Mais je crains que ça ne soit que partie remise. Ou alors il continuera à faire toujours la même chose, après tout, on est plus à ça près, un cinquième pseudo-In The Constellation Of The Black Widow, un de plus ou un de moins, avec des bidouillages noisy ou sympho, des riffs groovy ou plus crus… Telle est la boucle infinie d’Anaal Nathrakh, bloqué dans son style, et qui fait peur quand il essaie d’en sortir, peur dans le mauvais sens du terme… Si The Whole Of The Law restait correct de par ses accès de violence, A New Kind Of Horror est un album bien faible. Encore une fois globalement très convenu et attendu, et surtout sabré par une inspiration aux fraises, ce qui fait dangereusement pencher Anaal Nathrakh vers un riffing bien trop basique qui lui fait frôler des choses bien moins extrêmes que le Raw Black Metal et le Grindcore. Je sais ce que j’attends de Anaal Nathrakh et sur quels albums je bloque, aussi mon avis n’est pas à prendre pour argent comptant, oui c’est « sévère » quand beaucoup attendent juste un défouloir même peu étoffé, mais le groupe aurait tellement pu casser la baraque en prenant le temps de se poser, en évoluant et en se renouvelant de manière pertinente, pas en produisant des albums redondants à la chaîne, dénués de conviction et avec quelques mauvaises idées en sus. Comme tous les deux ans maintenant, le refrain (en chant clair) est le même : hélas, Anaal Nathrakh lasse et j’en suis las… et il se met même à faire n’importe quoi.

 

Tracklist de A New Kind Of Horror :

1. The Road to... (1:49)
2. Obscene As Cancer (3:03)
3. The Reek of Fear (3:20)
4. Forward! (3:29)
5. New Bethlehem / Mass Death Futures (3:27)
6. The Apocalypse Is About You! (3:02)
7. Vi Coactus (3:43)
8. Mother of Satan (3:25)
9. The Horrid Strife (3:27)
10. Are We Fit for Glory Yet? (The War to End Nothing) (4:10)

 

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