U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Inutile de vous préciser à vous, aficionados du groupe parcourant ces quelques lignes, que chaque apparition du duo so british d’Anaal Nathrakh est attendue.
Très attendue même et pour d’évidentes raisons par ailleurs. Sorte d’insaisissable électron-libre de la scène metal, Anaal Nathrakh a osé, et dans l’anonymat le plus absolu, tailler son style, sculpter dans la trop grouillante masse métallique ses accès de férocité désinhibée, ses crises de folie impudiques, qui, pensant à The Codex Necro (qui soufflera ses 10 piges) cette année, aura dévasté par son souffle incandescent le monde metal.
Néanmoins Anaal Nathrakh a su évoluer et d’une brutalité pure s’est extirpée une sorte d’intellectualisation de la violence musicale. Eschaton aura été la pierre angulaire de leur carrière, qui résumera encore celle qu’il forge aujourd’hui : le chant clair fait son apparition, et n’entache pas la violence exacerbée. Anaal Nathrakh a trouvé son chemin, sa voie.
Hell is empty and all the devils are here a marqué les esprits, cela va de soit, les compos s’affinent, deviennent plus construites que jamais, In the Constellation of the Black Widow ne déroge pas à la ligne de conduite adoptée par Anaal Nathrakh. Les nouveaux assauts du duo résonnent certes mais ne surprennent plus.
In the Contesllation of the Black Widow était un album de plus pour Anaal Nathrakh. Toujours ces riffs si tranchants, nantis d’une deuxième 6-cordes qui assure la mélodie, l’équilibre est toujours omniprésent, V.I.T.R.I.O.L. toujours en voix, bref, tout ce qui constituait le Nathrakh que l’on aime était en place. Un sentiment de redite ok, mais pas décevant. Mais ce sentiment de redondance était suffisamment borderline pour que je m’inquiète du nouveau nourrisson des terribles parents britanniques.
Et ma déception est inversement proportionnelle au respect que j’attribue au groupe. Les deux bourrins tentent d’expérimenter, sans vraiment modifier la recette qui cartonne. Passion sonne l’apogée et le glas de ce qu’Anaal Nathrakh a à offrir.
V.I.T.R.I.O.L., brailleur assez hors normes, parcourt la rondelle toujours aussi aisément, sa voix claire est comme d’habitude parfaitement en place. Anaal Nathrakh fait toujours du Anaal Nathrakh. Mais si les frénétiques accès de folie paraissaient légitimes sur les skeuds précédents, elles résonnent ici comme un assourdissant écho, écho d’un Eschaton un poil trop vite oublié, ou d’un In the Constellation of the Black Widow un peu trop routinier. Les riffs, la brutalité et la prod’ n’appartiendront de toute façon toujours qu’à eux. Anaal Nathrakh est et sera toujours un grand groupe, sa manière de composer en sera témoin. Une griffe, une identité. Et c’est peut-être pour cela que je suis si déçu. La politique du groupe quasi-manifeste d’exacerber la ligne de conduite tenue sur le précédent album pourrait à l’avenir les enterrer. Car si leur quête de perfection impliquait systématiquement une plu value à chaque album, ce Passion est la première livraison stagnante des Anglais, la sensation d’écouter depuis deux albums toujours le même morceau s’accentue et devient très gênante.
V.I.T.R.I.O.L. se la joue un poil plus schizophrène, tente une nouvelle voix plus hallucinée, comme pour rendre la folie et la hargne plus (trop ?) démonstrative… sur ce Passion et c’est bien là la seule originalité que je pourrais valablement invoquer pour défendre ce Passion qui, s’il est une très cohérente continuité d’In the Constellation of the Black Widow, ne sera jamais un grand Nathrakh.
Leur méthode de composition et leurs résultats restent toujours en haut du panier, on ne pourra pas décemment cracher sur le talent des deux briscards, qui savent envoyer du lourd et du véloce, intelligemment qui plus est. Mais disons que intro hachée/beuglement/bourrinage ultime/refrain chant clair/bridge saccadé est une structure qui se répète depuis quelques sorties et devient parfaitement prévisible tant et si bien que chaque compo de ce Passion pourrait se trouver sur In the constellation of the black widow sans que l’on s’en aperçoive. Et ça, pour un groupe dont on attend beaucoup, c’est très problématique.
Passion est donc un bon album, évidemment, Anaal Nathrakh joue seul dans sa catégorie qu’il maîtrise sur le bout des doigts. Mais ce mode ‘roue libre’ enclenché depuis quelques temps lasse un peu et pourrait bien vous faire décrocher du groupe. Gageons que ce ne soit là qu’une demi-erreur de parcours et que l’album qui succèdera à Passion confirmera tout le bien que l’on a raison de penser du groupe.
1. Volenti Non Fit Iniuria
2. Drug-Fucking Abomination
3. Post Traumatic Stress Euphoria
4. Le diabolique est l’ami du simplement mal
5. Locus of Damnation
6. Tod Huetet Uebel
7. Paragon Pariah
8. Who Thinks of the Executioner ?
9. Ashes Screaming Silence
10. Portrait of the Artist