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Remaniement de personnel chez les Américains de Metallica : après le départ du bassiste Ron Mc Govney c'est au tour du guitariste soliste Dave Mustaine de prendre la porte pour incompatibilité d'humeur et alcoolisme. Heureusement le lineup sera complet avant l'enregistrement de leur premier album digne de ce nom : Cliff Burton reprendra la basse et le trio recrutera le guitariste d'Exodus, Kirk Hammett. De ces ex-collaborateurs resteront des rancoeurs et quelques notes puisque le nom de Mustaine apparaît dans les crédits de quatre chansons. Le nouveau bassiste est d'ailleurs à l'origine de cette pochette provocante avec une image sanguinolente et un titre plus que vindicatif :Tuez les tous ! On espère juste que ce seront nos oreilles qui vont saigner après l'écoute du disque surtout lorsque l'on sait que les intentions du groupe sont plutôt pacifiques. On a là le premier raté puisque rien dans ce disque ne transpire l'amour et la félicité, on est plutôt dans l'approche musclée et virile d'une musique encore bourgeonnante à l'époque.
La première approche est une redite, puisque le titre Hit the Lights est apparu sur la légendaire compilation métal Massacre en 1982. Cela n'enlève rien à son côté punchy et sa merveilleuse mise en bouche pour ce qui va suivre. On découvre d'entrée le côté thrash du quatuor avec une pointe d'agressivité que l'on retrouve tout au long de l'album et plus particulièrement dans Metal Militia. Ces deux titres sont pour moi très représentatifs de cette vague avec leur refrain craché, le débit élevé, l'écho sur la voix et les riffs rapides. On retrouve ces caractéristiques dans de nombreux groupes de l'époque, dont je ne citerai que Slayer et son immense Show No Mercy. La contrainte d'une première réalisation est double : marquer les esprits et établir une griffe reconnaissable entre toutes, affirmer son individualité et par extension sa valeur. L'histoire nous apprend que celle-ci a été marquée d'un succès pour Metallica puisque de nombreux titres furent et sont repris en concert et on sentait à l'époque que la doublette Hetfield / Ulrich s'était trouvée pour le meilleur puisqu'à part deux titres, ils se retrouvent en duo pour écrire l'intégralité de l'album et par là même créer une patte, une marque et rentrer dans le processus de se faire représenter, que dis-je de devenir une de leurs créations : les quatre cavaliers de l'Apocalypse : the Four Horsemen. Ce titre emblématique montre par ailleurs que les musiciens s'attachent à briser le cercle refrain – couplet avec des breaks et des ambiances différentes.
Il faut bien préciser que de nos jours à l'heure du son à la Nuclear Blast et aux productions gonflées et lissées à l'extrême grâce au numérique, redécouvrir cet album est toujours un choc. Le son est crasseux et grinçant à souhait et il retranscrit parfaitement à la fois la jeunesse du groupe et du style, la férocité s'entend et se distingue à merveille. On devrait plus souvent ressortir des exemples comme Kill em All pour montrer aux jeunes générations que tout ne réside pas dans le son, c'est parfois dans l'envie que tout se joue. On pourrait en dire de même de la technique, qu'il n'est pas nécessaire d'en avoir des tonnes pour sortir un album de référence, mais ce ne serait qu'une partie de la vérité. En effet, si on sent encore un certain manque de maturité dans un album où tout se précipite, Cliff Burton et son solo de basse Anaesthesia (pulling teeth) marque des points et écrit l'histoire, rares seront ceux qui s'imposeront de la sorte (excepté le bassiste de Manowar dans un autre registre). Autre exemple, les roulements d'entrée de Motorbreath sont cultes, et assez techniques pour que Lars s'en débarrasse quand il n'a plus eu l'énergie pour les exécuter. Encore une fois c'est la jeunesse qui parle !
Pour conclure rien de mieux que la citation d'un ami fan : « Kill'em All est la parfaite définition de l'expression " prends toi ça bien dans ta face !< » ». On peut jauger l'intemporalité et l'intensité de cet album en regardant les setlits de concerts au travers des époques, de nombreux titres sont encore joués sur scène comme Motorbreath, Seek and Destroy ou the Four Horsemen et ceux-ci sont toujours appréciés par les fans. Les débuts prometteurs d'une carrière qui a laissé sur le bas-côté la majorité du bouillon de culture qu'était le milieu des années 80 à San Francisco.
1 Hit The Lights
2 The Four Horsemen
3 Motorbreath
4 Jump In The Fire
5 Anesthesia
6 Whiplash
7 Phantom Lord
8 No Remorse
9 Seek & Destroy
10 Metal Militia