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Dire que j’attendais la sortie de cet album était un euphémisme. En effet, le premier album d’Ataraxie, Slow Transcending Agony, n’était rien d’autre qu’un de mes albums cultes tout genre confondu et m’a pris aux tripes comme rarement . Cependant, je trouvais cet album tellement grand que j’avais peur qu’Anhédonie tienne moins la route ou, du moins, me touche moins. D’autant plus, que les nouveaux morceaux que j’avais vu en live avant la sortie de l’album(« Anhédonie », « Silence Of Death » et « Walking Through The Land Of Falsity » pour être précis) m’avait terriblement ennuyé et déçu. Mais au fond de moi, j’avais toujours l’espoir que cet album soit meilleur et j’ai eu bien raison.
En effet, un album de Doom Death Metal, ça ne s’apprécie pas dès la première écoute. Cela prend quelques longues écoutes avant d’en tirer les premiers plaisirs et ce n’est donc qu’après une semaine d’écoutes intensives que la conclusion est arrivée : Cet album est encore meilleur que son prédécesseur, est l’album de l’année et est un deuxième chef d’œuvre en autant d’albums dans leur discographie.
Nos quatre Rouennais ne se sont pas reposés sur leurs lauriers durant les trois années qui sont passés entre la sortie des deux albums. Ils nous proposent, ici, un album encore plus poussé, maladif et éprouvant que le précédent. En atteste, la durée de l’album : Là où l’on avait cinq vrais morceaux pour une cinquantaine de minutes sur Slow Transcending Agony, on en a soixante-quinze pour seulement quatre titres sur Anhédonie avec le titre le plus court, « Walking Through The Land Of Falsity », fort de ses treize minutes, qui est plus long que n’importe quel titre du précédent et également une pointe à vingt-quatre minutes sur « Avide De Sens ».
Pour autant, l’écoute de l’album bien que très éprouvante passe assez vite tant l’album est varié et jouit d’un son énorme. Le groupe s’est, en effet, une nouvelle fois enfermé dans les Studios C.C.R là où habituellement des groupes de Death comme Kronos ou Aborted enregistrent. On a donc un son très puissant parfait pour le Doom Death d’Ataraxie. De plus, la production n’est pas trop propre et laisse un peu de poisse sur chacun des instruments pour obtenir un résultat malsain dans la veine de Slow Transcending Agony.
Les changements de rythme sont très nombreux, ce qui est capital vu la durée de l’album. On passe sans encombre d’un Doom Death très lent et pachydermique à des accélérations Death Old School à la Dismember (« Silence Of Death » et « Anhédonie »), sans oublier les arpèges rappelant le dernier album, V - Halmstad de Shining (« Avide De Sens »), les passages d’une intensité rare tout droit tiré du Dark Metal d’un Bethlehem (« Walking Through The Land Of Falsity » et « Avide De Sens ») tout en restant cohérent, fluide et monolithique durant tout l’album. On retrouve donc tout ce qui a fait le succès d’Ataraxie sur son premier album. Mais il n’est nullement question de copie ici mais de continuité.
Le groupe, en reprenant ses bases, pousse encore plus loin sa musique. Prenons un exemple tout bête : les chuchotements de Marquis. Ils paraissent sortir de bien plus profond à l’intérieur de lui et pourtant, loin de moi l’idée de mettre en doute sa sincérité sur le précédent opus.
Et c’est la même chose pour chacun des musiciens qui a réussi à aller puiser une énergie encore plus ancrée profondément. Même Pierre, derrière sa batterie, délivre une prestation de grande classe à la fois violente et hypnotisante. Peut être est-ce du à l’expérience accumulée par Fred et Marquis dans Funeralium qui a enregistré son premier album l’année passée. Je ne pense pas puisque si cet album est éprouvant, il reste quelques degrés en dessous de celui de Funeralium. Non, juste l’envie de musiciens de ne pas se répéter et d’aller de l’avant. J’en veux pour preuve ce passage au feeling un peu Rock sur « Walking Through The Land Of Falsity » qui donne une éclaircie, une renaissance au milieu de toute cette folie dans la musique de quatuor. Mais elle est vite annihilée par les cris de désespoir de Marquis, tout droit sortis d’un album de Silencer ou de Bethlehem (D’ailleurs deviner qui est leur nouveau chanteur ? Non vous ne voyez pas ? Marquis justement). L’impression de voir une lumière, au bout d’un tunnel, qu’il ne pourra jamais atteindre. Totalement magique.
Le titre Anhédonie correspond à merveille à la musique du groupe mais pas du tout au ressenti de l’auditeur qui est certes chamboulé après l’écoute mais en ressort heureux. Heureux d’avoir pris un pied phénoménal durant une heure quinze.
S’il n’est pas du Funeral Doom, Anhédonie est tellement torturé qu’il pourrait vous ouvrir les voies vers ce style plus extrême encore.
1. Origin
2. Silence Of Death
3. Walking Through The Land Of Falsity
4. Anhédonie
5. Avide De Sens