La sélection pré-estivale de HU
vendredi 9 juin 2017Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Après une pause de quelques mois, la sélection de l'équipe d'Horns Up est de retour juste avant l'été pour livrer ses récents coups de coeur. Parmi ceux-ci, les dernières livraisons de Argus Megere, Xibalba, Witch Vomit, Les Discrets, Time Lurker, Kafirun, Atavisma, Heresiarch, Severoth. N'hésitez pas à réagir dans la partie commentaire et à nous donner aussi vos coups de coeur.
La sélection de janvier : http://www.hornsup.fr/a-17123/articles/la-selection-de-hu-janvier-2017
La sélection de février : http://www.hornsup.fr/a-17440/articles/la-selection-de-hu-fevrier-2017
La sélection de mars : http://www.hornsup.fr/a-17748/articles/la-selection-de-hu-mars-2017
Black Sites - In Monochrome
Style : Heavy Metal
Pays : USA
Label : Mascot Records
Date de sortie : Février 2017
GazaG : Après le split de Trials l’année dernière, Mark Sugar n’a pas perdu son temps. Son nouveau groupe, Black Sites, enfante une première galette Heavy baptisée In Monochrome. Sortie en Février dernier, le groupe propose trois quart d’heure d’un Heavy Metal qui va piocher dans du vieux, parfois du très très vieux terreau, tout en y ajoutant ses propres expérimentations et influences d'aujourd'hui. Les onze titres sont emballés dans une production moderne où chaque piste possède sa propre identité, sa propre marque. Un album de Heavy en 2017, avec un son de 2017.
Xibalba - Diablo, Con Amor.. Adios
Style : Hardcore / Death
Pays : USA
Label : Closed Casket Activities
Date de sortie : Février 2017
GazaG : Encore une sortie de qualité pour les Américains de Xibalba. Certes, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent avec ce Diablo, Con Amor.. Adios (trois titres pour un EP de 10 minutes), mais la qualité est au rendez-vous. La mayonnaise Death-puis-Hardcore du dernier album (Tierra Y Libertad - 2015) est écartée pour un mix Hardcore-puis-Death cette fois. Plus lent et plus lourd. Xibalba s’est assagi et semble nous décrire un ancien au combat. En comparaison, sur la galette précédente, c'est le témoignage de soldats en première ligne de la bataille qui était dépeint. Les artworks des deux disques vont également en ce sens. L’identité du groupe ne change pas, mais la proposition est différente.
Katakomb - Chained to a Wolf
Style : Black/Death
Pays : Suède
Label : Iron Bonehead Productions
Date de sortie : Mars 2017
Traleuh : Si la cuvée 2017 d'Iron Bonehead démontre déjà l'aptitude du label allemand à dénicher des perles dans des recoins plus qu'obscurs, en résulte le premier album de Jordablod ou encore celui de Light of the Morning Star, il semblerait qu'une nouvelle formation suédoise, plus obscure encore, ait attirée l'attention du label. Répondant au doux nom de Katakomb, les (ou le ?) suédois gardent un total mystère sur leur identité ou leur provenance, et nous balancent un premier jet des plus intriguants : Chained to a Wolf. Cette première démo, d'une vingtaine de minutes, nous embarque dans un Black/Death aux relents progressifs avec une atmosphère particulièrement sombre, lourde et franchement terrifiante, aidée par une production lo-fi, rendant le tout assez difficile d'accès, mais donnant un aspect encore plus bestial à la galette. On se retrouve donc avec une oeuvre assez insaissable mais unique en son genre, sorte de Deathspell Omega plus cradingue, plus atmosphérique et moins technique.
Severoth - Forestpaths
Style : Black Metal atmosphérique / Ambiant
Pays : Ukraine
Label : Werewolf Promotion
Date de sortie : Mars 2017
S. : Décidément, l’Ukraine est un terreau fertile en matière de metal noir. Tout le monde connaît les Nokturnal Mortum, Drudkh, Kroda, Khors, et consorts. Mais d’autres figures émergentes pointent le bout de leur nez en signant des albums de grande qualité. C’est le cas de Severoth, one-man-band qui a sorti en mars dernier son troisième opus, intitulé « Forestpaths », chez Werewolf Promotion. L’illustration choisie, une forêt enneigée dans la clarté lunaire, teintée de mystère, représente parfaitement l’ambiance développée tout au long de l’œuvre. L’individu nous propose un voyage spirituel d’une heure avec son Black Metal atmosphérique / Ambiant d’inspiration Burzumienne (période Filosofem / Det Som Engang Var), où les claviers jouent les premiers rôles. C’est aérien, mystique, beau et profondément envoûtant d’un bout à l’autre. A classer entre les Forest Silence, Lunar Aurora, Elffor et Raventale. Parmi les bonnes surprises de 2017 pour ce qui me concerne.
Argus Megere - VEII
Style : Atmospheric Black Metal
Pays : Roumanie
Label : Loud Rage Music
Date de sortie : 17 avril 2017
Nostalmaniac : J'avais ignoré ce groupe roumain jusqu'à la sortie de leur clip "Carul cerului" qui m'a donné envie de me plonger dans leur dernier opus, « VEII ». Argus Megere n'est pourtant pas un nouveau venu. Si on tient compte de sa première incarnation, Argus, le groupe existe depuis ... 1996. Les Roumains ne sont pas du genre productif non plus et ont pris l'habitude d'espacer leurs sorties : « Solitar în straniu » en 2006, « A treia cale » en 2012 et « VEII » cette année, toujours chez des labels plus ou moins confidentiels.
A l'ombre de Negură Bunget (on notera d'ailleurs que Sol Faur a participé à l'enregistrement des parties claviers et batterie), Argus Megere a de solides atouts à en juger que par cet album. Avec quatre longs morceaux (10 minutes 41 pour le plus court), cet album s'apprécie comme la bande originale d'un film imaginaire tant il est immersif et ensorcelant. Leur Black Metal atmosphérique prend des formes épiques, tantôt plus oniriques et même mystiques sans jamais être décousu ou donner l'impression de tourner en rond grâce aussi à des nappes de clavier qui sont magnifiques et une diversité au niveau du chant qui apporte beaucoup d'émotions. Bref, un album captivant...
Atavisma - On the Ruins of a Fallen Empire
Style : Death Metal
Pays : France
Label : Blood Harvest
Date de sortie : 09 juin 2017
Nostalmaniac : Après des débuts prometteurs (la démo « Where Wolves Once Dwelled » qui commencait à dater...), la jeune formation parisienne a attiré l'attention du label suédois Blood Harvest réputé pour ses bonnes pioches UG (Lvcifyre, Tribulation, Bastard Priest, Bombs of Hades, etc). Ce n'est pas encore pour le grand saut du premier album mais un EP 2 titres.
Un EP qui permet d'apprécier la très bonne progression du groupe, rien qu'au niveau du son plus "pro" et massif qui n'enlève pas pour autant ce côté sale à leur Death Metal des cavernes. La voix très gutturale et maitrisée de L. est un gros atout tout au long de ces deux titres. Alors Death/Doom ? Pas vraiment tant je pense qu'à la base le Death Metal est forcément lourd et doit te donner l'impression de traverser un marais boueux où tu t'enfonces un peu plus à chaque pas. Ces gars-là semblent l'avoir compris et après l'écoute de cet EP, on peut leur demander qu'une chose : ne pas trop traîner pour sortir leur premier album tant le potentiel est grand.
Heresiarch - Death Ordinance
Style : Death/Black Metal
Pays : Nouvelle-Zélande
Label : Dark Descent Records
Date de sortie : 07 juillet 2017
Nostalmaniac : Avec d'illustres compatriotes comme Diocletian, Witchrist, et Ulcerate, Heresiarch était attendu au tournant avec sa première galette. Trois ans après l'EP « Wælwulf ». l'ordonnance de mort sera bientôt rendue. Il suffit en effet de poser les yeux quelques secondes sur la pochette (signée Chris Kiesling) pour comprendre là où veulent en venir les Néo-Zélandais et les sensations qu'ils veulent donner à l'auditeur désormais prévenu. La trame est là : un futur ravagé par trente ans de guerre, les sociétés s'effondrent et laissent la place à une guerre anarchique entre groupes tribaux. Du lancement des hostilités de "Consecrating Fire" à la désolation rampante de "Desert of Ash", on est transporté dans cet énorme champ de bataille où la mort plane à chaque instant. Au milieu des cris d'agonie des chars et des explosions qui forment un même orchestre funeste. La guerre est une boucherie et Heresiarch a admirablement construit son album avec des compositions puissantes bourrées de passages frontaux irrésistibles et d'autres d'une lourdeur absolue (on pense parfois à Bolt Thrower pour le côté écrasant) qui nous font ressentir tout au long des 42 minutes au compteur les affres de la guerre avec son atmosphère pesante et son intensité. C'est typiquement le genre d'album qui s'écoute sans pause et sans passer d'un morceau à autre tant il est efficace et cohérent sur la longueur. Dans la scène Black/Death actuelle, Heresiarch s'est fait un peu plus sa place et on demande qu'à les voir sur notre continent prochainement.
Ordonnance approuvée.
Kafirun - Eschaton
Style : Black Metal
Pays : Canada
Label : Séance Records
Date de sortie : 26 juin 2017
Nostalmaniac : Depuis 2014, les Canadiens de Kafirun tissent leur toile dans le Black Metal underground grâce à quelques productions obscures qui laissaient deviner un énorme potentiel. C'est donc sous l'impulsion de Séance Records que sortira à la fin du mois leur premier album nommé « Eschaton ». Si le premier extrait dévoilé, "Eschaton", donne l'impression de suivre le chemin du dernier excellent opus de Kriegsmaschine, l'album se révèle bien plus riche et consistant que ça grâce notamment à un riffing travaillé et de la variété dans les compositions. Outre les titres plus calibrés ("Lord of Blessed Murder"), on retrouve du tragique et du mystique ("Divine Providence"), voir de l'hypnotique ("Ephemerality of the Flesh") mais l'oeuvre véritablement méphitique est dense, inspiré et mérite plusieurs écoutes pour en devenir accro.
Si on peut penser que la scène Black typé occulte est rempli de clones aux gimmicks éculés, Kafirun s'en distance avec cette sortie remarquable.
Saule - Saule
Style : Blackened Post-Metal
Pays : Pologne
Label : Avantgarde Music
Date de sortie : 13 mai 2017
Nostalmaniac : Formation énigmatique de Pologne, qui est sûrement actuellement une des scènes les plus intéressantes d'Europe, Saule a sorti en mai son premier album via le réputé label italien Avantgarde Music toujours en quête de bonnes trouvailles. Enregistré au studio Satanic Audio (Blaze Of Perdition, The Dog, Non Opus Dei, Sunnata), ce premier opus m'a fait forte impression dès la première écoute. Une sorte de Post-Metal blackisant avec des éruptions jouissives de noirceur et un chant clair habité alternant avec quelques growls. Les compositions oscillent entre mélancolie et contemplation avec de belles montées en puissance. L'ensemble est totalement captivant et laisse une grande place à l'immersion. Si le lineup reste plus ou moins secret, on peut parier qu'il s'agit de musiciens expérimentés tant c'est travaillé, mature et bien pensé. Un véritable coup de coeur...
Mountains Crave - As We Were When We Were Not
Style : Black Metal
Pays : Angleterre
Label : Avantgarde Music
Date de sortie : 13 mai 2017
Nostalmaniac : Décidement, le label italien multiplie les découvertes excitantes. Formé par deux membres de A Forest of Stars, Mountains Crave propose un Black Metal qui lorgne plutôt vers la scène Cascadian avec ses passages typiquement atmosphériques et planants. « As We Were When We Were Not » est donc le premier longue durée des Anglais et autant dire qu'il est convaincant. Déjà parce qu'il ne se contente pas de gimmicks mais offre des morceaux passionnants inspirés par les visions psychédéliques d'Aldous Huxley. A la fois atmosphérique et mélodique tout en gardant un côté raw, leur Black Metal procure beaucoup d'émotions tout en n'oubliant pas les fondamentaux avec des passages rapides et nerveux. Sans être novateur, pour un début, c'est vraiment prometteur.
Ascended Dead - Abhorrent Manifestation
Style : Death Metal
Pays : USA
Label : Dark Descent Records/Invictus Productions
Date de sortie : 17 mars 2017
Nostalmaniac : Dès les premières minutes de « Abhorrent Manifestation », difficile de se tromper sur les intentions des Californiens d'Ascended Dead. Ils délivrent une véritable ogive et sous un artwork signé Kyle Bowen, le style bestial du groupe prend forme. Des riffs suffocants et des vocaux possédés à profusion sans parler du jeu de batterie de Charlie Koryn (Funebrarum, Necrosic, ex-Ghoulgotha) qui martyrise ses fûts sans relâche. Pas de grandes prouesses techniques, mais un feeling qui fait la différence. On ressent l'influence des meilleurs méfaits de Morbid Angel et Necrovore pour les passages les plus démoniaques. Une certaine noirceur qui émane aussi de ces dix titres. Aucun remplissage, chaque titre a de quoi régaler, même l'interlude acoustique au milieu de l'album qu'est "Dormant Souls". L'oeil du cyclone ? Certainement tant cet album est ravageur.
Plus affuté qu'à ses débuts (et donc plus efficace) mais certainement pas plus lisse, voilà un album qui transforme l'essai et ne laisse pas indifférent.
Sól - Upheaval
Style : Atmospheric Sludge/Doom Metal
Pays : USA
Label : Alerta Antifascista/Replenish Records/Dullest Records (vinyle)
Date de sortie : Février 2017
Nostalmaniac : Paru discrètement et d'abord de manière indépendante, « Upheaval » est le deuxième effort studio des Américains de Sól. Un groupe tout aussi discret originaire de l'Oregon qui avait pourtant démarré fort avec un premier album très costaud en 2014 (« Black Mountain »). Pour ce nouvel opus, on navigue toujours entre Sludge atmosphérique et Doom Metal. Leur talent de composition a de quoi charmer avec ces longs morceaux et ce son de guitare abrasif. "Kingdom" est sans doute le meilleur exemple : riffs lancinants, chant screamé et growls, breaks mélancoliques et montée en puissance ténébreuse. Un album fascinant et touchant qui devrait plaire aux fans de Cult of Luna et Light Bearer.
Witch Vomit - Poisoned Blood
Style : Death Metal
Pays : USA
Label : 20 Buck Spin
Date de sortie : 30 juin 2017
Nostalmaniac : Si le Death Metal old school n'a plus vraiment de quoi surprendre en 2017, il y a toujours des groupes bien décidés à ne pas changer la recette et à mettre leurs propres tripes pour relever le tout. C'est le cas de ce trio de Portland (Etats-Unis) formé en 2012 qui après un premier long format sorti l'an dernier (« A Scream from the Tomb Below »), il faut le dire un peu passé inaperçu, sortira à la fin du mois un mini-album 5 titres chez 20 Buck Spin, leur nouvelle écurie. Le son crasseux et les riffs d'antan à la Autopsy et Carnage ne tromperont personne mais les compositions solides ne donnent pas l'impression d'un énième cover band qui s'ignore. Ici chaque morceau est redoutable avec ses alternances de passages lourds et d'accélérations dévastatrices. Le tout étant exécuté avec une certaine fraicheur (cette batterie...) qui fait de ce « Poisoned Blood » un véritable coup de coeur du genre...
Time Lurker – Time Lurker
Style : Atmospheric Black Metal
Pays : France
Label : Les Acteurs de l'Ombre Productions
Date de sortie : 2 juin 2017
Florent : Les Acteurs de l'Ombre sont rapidement devenus un des labels underground les plus prolifiques en matière de black metal, principalement dans cette mouvance plutôt à la mode qu'est le black atmosphérique. Et il faut dire que les gars ont du nez. En 2016, notamment, l'album de Pénitence Onirique, V.I.T.R.I.O.L., m'avait mis sur le cul au point que j'en attends avec impatience la mise en place d'un line-up live pour découvrir ça sur scène.
Et Time Lurker pourrait bien être la nouvelle trouvaille du label. Aérien à la manière d'un Mare Cognitum parfois – notamment dans ses lignes de guitare très réussies - mais capable de passages d'une violence soufflante (ce chant possédé, parfois aigu, parfois grave, évoque un Urfaust en pleine crise d'épilepsie), le one-man band de Mick (Strasbourg) est par moments véritablement flippant (le final de Whispering from space...) et évite l'écueil des morceaux trop longs tout en prenant le temps de développer une atmosphère pesante à souhait. Time Lurker a ce qui fait défaut a la majorité des groupes de la scène et qui fait généralement la différence : une certaine personnalité. A suivre, donc.
Les Discrets – Prédateurs
Style : Shoegaze
Pays : France
Label : Prophecy Productions
Date de sortie : 21 avril 2017
Florent : Gros changement d'ambiance. Les Discrets a toujours plutôt bien porté son nom sur la scène shoegaze, pour deux raisons : une exposition un peu moindre que des groupes comme Alcest ou Amesoeurs mais aussi une musique très intimiste, automnale, qui porte en elle une forme de mélancolie typique représentée par tant d'artistes hexagonaux provenant de tout le spectre musical, de la chanson française au black metal.
Et de chanson française, il en est presque question sur Prédateurs. Fursy et sa bande accentuent ici leur évolution vers une musique quasi trip-hop par moments (l'ouverture hypnotisante Virée Nocturne) mais également plus axée sur la voix de Fursy et ses textes touchants, comme sur le sublime Rue Octavio Mey qu'auraient pu composer Benjamin Biolay ou Etienne Daho (vous lisez bien). Le shoegaze et ses mélodies restent là également, comme sur Les Amis de Minuit où s'entrelacent la voix du vocaliste et celle d'Audrey, pour un résultat juste beau à crever. Souvent sombre (Le Reproche, au refrain entêtant), jamais dépressif, Prédateurs a pour seul défaut quelques titres en anglais qui semblent un peu en décalage avec le reste du propos. Pour le reste, Les Discrets font preuve d'un culot payant ici en coupant presque entièrement les ponts avec leurs racines. Chapeau !
***
Rendez-vous à la rentrée pour une nouvelle sélection de l'équipe