Shining + The Great Old Ones + Nocturnal Depression
Bifurk - Grenoble
Après une fugace éclaircie dominicale, un ciel sombre envahit le bassin grenoblois en cette fin de week-end, un plafond lourd et menaçant annonçant l'orage...venant à point nommé pour se rendre au show de Shining, The Great Old Ones et Nocturnal Depression. La cérémonie a lieu à la Bifurk, sorte d'entrepôt situé au cœur de la cité des Alpes. Une première pour ma part, étant plutôt habitué à l'Ampérage ou à l'exigu bar du Dock pour ce type de concert. De la place pour se garer et une salle sobre mais fonctionnelle, c'est déjà un bon début sur ce point.
En cette mi-septembre, les Suédois de Shining, accompagnés des Bordelais de The Great Old Ones, ont entrepris un petit tour de France pour répandre la malaise...Paris, Nice, Lille, Strasbourg, Nantes, Toulouse...et donc Grenoble ce soir, deuxième date après celle de la capitale la veille.
Pour ouvrir les hostilités, c'est un groupe local qui s'occupe de lancer les premières lames ; au regard du calibre de l'affiche, c'était une évidence de voir les Grenoblois de Nocturnal Depression, fer de lance du vrai Black dépressif depuis maintenant plus de dix ans. C'est la troisième fois que je les vois se produire, autant dire que je ne m'attends pas à être déçu. La formation emmenée par Lord Lokhraed ne fait pas dans le chichi ni dans l'artifice, elle se contente de vomir son Black Metal imbibé de mélancolie et de mal-être. On retrouve dans la setlist une bonne place pour des titres issus de leur dernier album en date ("Spleen Black Metal" paru en mai), tels que "l'acédie", "méditation grisâtre" ou "l'isolement", mais également des classiques du quatuor, le larmoyant "Nostalgia" ou le contrasté "Dead Children". Pour faire la fine bouche, j'émets un petit regret de ne pas avoir pu entendre "Spring", pourtant joué régulièrement. Encore un show de grande classe réalisé par les quatre individus, avec un son de bonne qualité d'ailleurs. Typiquement le genre de prestation où on ressort avec la boule au ventre et l'esprit neurasthénique, à la différence d'un Shining (oui oui), on y reviendra plus tard.
Setlist (dans le désordre) :
As blades penetrate my flesh
L'isolement
Méditation grisâtre
They
L'acédie
Nostalgia
Dead Children
Au tour d'accueillir les bordelais de The Great Old Ones, que je ne connais que de façon très superficielle, ayant entendu ci et là quelques titres. Le quintet, signé chez les Acteurs de l'Ombre, ont à leur actif deux albums studio et se sont déjà faits un petit nom au sein de la scène Française. Au niveau du décor, même pour moi qui ne suis pas littéraire pour un sou, on sent que l'influence de Lovecraft imprègne leur univers, le portrait de l'auteur trônant en arrière-plan de la scène, ainsi qu'une sculpture de Cthulhu disposée devant cette même scène. C'est dans une ambiance très sombre que le quintet va faire sa représentation. Les jeux de lumière vont être utilisés à bon escient pour souligner le côté envoûtant de leur Black Metal, basé sur un rythme et des accords hypnotiques. C'est simple, durant leur show, le temps s'est arrêté pour laisser place à leur musique aussi atmosphérique que psychédélique, presque ritualistique, voire intimiste dans cette obscurité. Pour comparer avec ce que je connais, The Great Old Ones me fait penser à Regarde les Hommes Tomber, le côté sludge en moins. C'est quasi déboussolé et impressionné que j'en ressors au moment du retour des lumières synonymes de fin du set. Sacrée performance, bravo au groupe !
Setlist :
Antarctica
Visions of R'lyeh
The Elder Things
New song
Al Azif
Voici le moment tant attendu par tous, la montée sur les planches de Shining. Au pied de la scène, je m'amuse à voir certains de mes confrères un brin méfiants, Niklas s'étant forgé une réputation sulfureuse vis-à-vis des photographes. Il est d'ailleurs vrai que dès les premières minutes il va lancer des regards méprisants voire haineux à certains du premier rang, voire même lancer quelques crachats. Bon, je reste convaincu qu'il s'agit d'une posture et qu'il aime entretenir son côté bad boy, on ne va pas le lui reprocher. Avec Shining, le niveau de jeu va s'élever d'un cran, grâce à ce son qui va être délivré tel un rouleau compresseur, mais surtout avec les deux acolytes de Kvarforth, Euge Valovirta et Peter Huss, tels deux génies des cordes. C'est à la fois une critique positive et négative, leur talent tourne parfois à la démonstration plutôt qu'à la construction d'ambiances, on y perd l'aspect dépressif qui colle au groupe au profit d'un côté "progressif" (guillemets de rigueur). Si je dis cela, c'est surtout car leur setlist ce soir est axée sur leurs derniers albums auxquels je n'accroche pas vraiment, étant plutôt un inconditionnel de leur première moitié de discographie, Hamstad en point d'orgue. Néanmoins je ne refuse pas ce plaisir d'écouter quelques classiques du groupe joués ce soir, en particulier "Neka Morgondagen" ou "Låt Oss Ta Allt Från Varandra" qui eux s'avèrent véritablement déstabilisants et déroutants dans leur construction. Si les guitaristes assurent le show, Niklas n'est pas en reste, fidèle à lui-même au micro, avec son regard plein de haine, sa gestuelle habituelle, sa bouteille de vin rouge (dont il va recracher le contenu dans la bouche d'un spectateur, qui a semble-t-il apprécié), une cravache qu'il va frotter sur quelques individus du public ; comportement qui ne doit cependant pas éclipser sa performance vocale, à l'aise dans à peu près tous les registres, hurlements, chuchotements, voix claire, cris schizophréniques etc. Un bon concert malgré tout, même si j'avoue avoir préféré les deux premiers groupes. Le show de Shining à Lyon en 2013 m'avait davantage convaincu.
Setlist :
Den Påtvingade Tvåsamheten (Intro I)
Vilja & Dröm
Människotankens Vägglösa Rum
(Intro II)
Besvikelsens Dystra Monotoni / Neka Morgondagen
Ohm
Att Med Kniv Göra Sig Illa (Intro III)
Eradication of the condition
Låt Oss Ta Allt Från Varandra
For the God Below
Merci à tous les acteurs pour cette soirée.