Paul Gilbert
Flèche d'or - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Paul Gilbert en concert est toujours un évènement. Le guitariste américain, dont la notoriété est toute relative en France, est pourtant l'un des maîtres du genre. Autrefois raillé pour des compositions peu profondes malgré une technicité remarquable, il a su en une décennie renverser la vapeur et faire de chacune de ses venues un évènement dans le milieu.
C'est devant un public de 3/400 personnes (estimation), dans la charmante salle de la Fleche d'Or que se présente devant nous le natif de Carbondale. Dès les premiers titres, le Paul Gilbert un tantinet démonstratif de la période Get Out of My Yard s'en est allé. Pas d'entrée à 200 à l'heure en string skipping. Juste Enemies (In Jail) et Rain and Thunder and Lightning, groovy comme jamais.
Comme à l'accoutumée, Paul va nous offrir une setlist principalement composée des titres de son dernier album, Vibrato. Album particulièrement varié et riche, bien que manquant de réels « hits » et dont la durée de vie me semble limitée. En tout cas, la musique de Paul Gilbert a quitté la sphère du rock/métal pour s'ouvrir vers de nouveaux horizons, en faisant par la même occasion la part belle aux chansons. Bivalve Blues, Put It On the Char et surtout Vibrato semblent ravir le public parisien même si Scarified et Technical Difficulties remportent le concours de l'applaudimètre. A l'inverse, Atmosphere on the Moon ne m'aura pas fait le même effet en live que sur cd. Et ce, malgré les explications de PG à son sujet.
Au fond, les concerts de Paul Gilbert n'ont jamais l'air d'en être (des concerts). Une certaine proximité dans une salle intimiste et un artiste qui s'assoit sur les conventions. Entre deux morceaux, le maestro accorde sa guitare, dans un silence religieux où il profite de cette attention du public parisien pour lancer quelques petits blagues sur l'accord de la corde de sol (G) (ndlr : blague de guitariste). Tout n'est certes pas si spontané, puisque certaines remarques avaient déjà été faites lors de sa tournée suivant la sortie de Fuzz Universe (« Cristalline ! »), mais un artiste qui casse la distance avec son public fait plaisir à voir, et en dit long sur l'humilité de l'homme (Malmsteem, tu nous entends ?).
Car tout est affaire d'humilité. Paul Gilbert nous présente un show honnête, sans artifice. Le point d'orgue étant probablement ce medley acoustique de To be with you, Green-Tinted Sixties Mind en passant notamment par et Alligator Farm. Un clin d'œil à ses anciens albums.
Toujours accompagné de musiciens chevronnés dont le fantasque Kelley LeMieux à la basse qui nous aura démontré toute l'étendue de son talent, notamment sur Scarified, Thomas Lang à la batterie et bien sur Emi, sa femme, aux claviers. Il a toujours le don de s'entourer de musiciens remarquables. Même si ma préférence va au line-up du concert de 2007 à la boule noire.
Il y a quelques années désormais, lors d'un live démentiel à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand, le bassiste de Steve Vaï avait posé sa cinq cordes pour nous faire un solo interminable en sweep picking sur une guitare. Tous bouche-bée devant tant de talent, Paul Gilbert a réussi à faire mieux, en moins démonstratif. Paul à la batterie, Kelley à la guitare, Thomas à la basse et Emi qui chante sur une reprise de Sin City d'AC-DC. Oui oui. Et le tous sans aucun accro bien évidemment. Encore une fois, aucun artifice. Paul annonce simplement un « And now, I will play the drums ». Et la magie opère.
Un bœuf, voilà ce à quoi s'apparente un concert de l'américain. Quelques blagues, pas d'entrée monumentale, de sortie incroyable, l'impression que tout est improvisé (et c'est surement en partie vrai). Mais pas le bœuf comme vous et moi, avec quelques pains, quelques ratés et des rires. Là tout est parfait. Et j'ai eu beau tendre l'oreille sur les morceaux que je connaissais par cœur pour déceler la moindre anomalie pour dire à mes amis « la perfection n'existe pas ». Et rien. Toujours rien. Même les doigts moites et 400 paires d'yeux sur lui, il continue d'être juste.
Après un rappel dont les reprises de Beating Around the Bush d'AC-DC ou Still Got The Blues de Gary Moore, le groupe salue la foule et s'en va. Les lumières s'allument, quelques jeunes se précipitent pour tenter de récupérer la setlist scotchée au sol ou quelques médiators qui auraient pu tomber. Les autres épongent leur front dans cette atmosphère chaude et humide, certains d'en avoir pris plein les yeux et surtout les oreilles.
Down to Mexico, titre phare du chanteur, pourtant prévu dans la setlist, n'a pas été joué. Dans une telle chaleur et après 2h20 de concert, on peut comprendre que le groupe puisse écourter un peu. « My fingers are sore » a-t-il dit, la température n'aidant pas. Car il est vrai que si La Flèche d'Or offre un cadre idéal pour ce genre de concerts (la scène peut faire penser à celle du Trabendo, ouverte sur un côté), le mercure y était très élevé.
Pour résumer, l'absence de première partie a été effacée par un concert long, intense qui nous aura tous rappelé que nous ne sommes que de piètres amateurs une fois la six cordes dans les mains. Surtout, Paul Gilbert nous aura offert un concert dans lequel la part belle a été faite aux chansons. Un artiste complet s'il en est.
Set list (a priori car le groupe n'a pas respecté la setlist inscrite au sol):
Enemies (In Jail)
Raind and Thunder and Lightning
(Jam)
Vibrato
Scarified
Bivalve Blues
Space Truckin'
Blue Rondo Turk
Atmosphere on the Moon
(Drum solo)
Technical Difficulties
Medley Acoustique
(titre manquant - merci de m'aider à compléter!)
Man on the SIlver Mountain (Rainbow Cover)
Stay with me (Faces Cover)
Still got the Blues (Gary Moore Cover)
Synchronicity I (The Police Cover)
Sin City (AC/DC Cover)
Beating Around The Bush (AC/DC Cover)
Merci infiniment à Roger de Base Prod et à ma bouteille de Volvic, pour ma survie dans cette fournaise.