Paul Gilbert @Paris
La Flêche d'Or - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Ce jeudi 27 octobre 2016, l’un des maîtres mondiaux de la six cordes nous faisait l’honneur d’une visite à Paris, dans la salle de la Flèche d’Or, là où il avait déjà impressionné et ému un public acquis à sa cause il y a un peu plus de trois ans.
Paul Gilbert, c’est un peu un O.V.N.I. dans le milieu parfois élitiste des guitaristes solistes et de leur public. Là où SteveVaï et Joe Satriani donnent régulièrement des concerts huilés et carrés, mais demeurent distants avec leur public, un concert de PaulGilbert donne toujours cette impression d’assister à un jam entre amis ou à un petit concert tout juste professionnel au fond d’un bar.
Tout juste professionnel sur la forme, évidemment : pas d’arrivée triomphale, pas de départ en fanfare, pas de communication déjà prévue en amont pour le public. Paul arrive presque gêné sur scène avec ses brillants compères, nous offre un Massive Medley d’une vingtaine de minutes où il parcourt toute sa discographie, du très attendu Down To Mexico jusqu’aux merveilleuses et intenses Curse of The Castle Dragon, Vibrato, Get Out Of My Yard ou bien encore Scarified. Le tout dans la plus grande simplicité dans l’apparence.
Un sourire au public, une main en l’air, et voilà Paul Gilbert lancé dans une expérience musicale de deux heures sans accroc ni fausse note, au plus grand plaisir des curieux, des amoureux de belle musique et des nombreux guitaristes présents dans la pièce.
Sur le fond, inutile de revenir sur l’immense talent du guitariste américain. C'est un guitar hero, ni plus ni moins. Seulement, certains ont pu critiquer - et moi le premier - la légèreté des thèmes abordés par certaines de ses chansons, comme c’est d’ailleurs le cas dans son dernier album I Can Destroy avec des titres comme Everybody Use Your Goddamn Turn Signal. Cela a toujours été le bémol concernant sa musique. Le personnage est délicieux, son talent est immense, mais je n’ai pas toujours été convaincu par toutes ses compositions, étant plus adepte d'atmosphères moins légères.
Mais revenons-en au show de ce soir, où Paul Gilbert était accompagné du brillant batteur Thomas Lang et d'un bassiste de session - dont j'ai mangé le nom - qui en aura impressionné plus d’un ce soir. Comme à l’accoutumée, Paul a fait la part belle à son nouvel album avec One Woman Too Many, Everybody Use Your Goddamn Turn Signal, Blues Just Saving My Life, Woman Stop, I Am Not the One (Who Wants to Be With You), Adventure and Trouble et le titre éponyme, I Can Destroy. C’est une constante chez le guitariste que de promouvoir son dernier album en jouant une grande partie de ses titres, tout en laissant quelques vieilleries venir ravir ceux qui n’attendent que ça. C’est donc avec le plus grand plaisir que ceux qui suivent Paul Gilbert depuis de nombreuses années ont pu écouter la fameuse Technical Difficulties, SVT de l’époque Space Ship One ou bien encore Better Chords. Si Enemies (In Jail) de l’album Vibrato a également été jouée, j’aurais probablement préféré un autre titre, même s’il faut reconnaitre qu’elle s’inscrivait parfaitement dans la setlist du soir où Paul Gilbert a montré qu’il entendait de plus en plus offrir à son public de réelles chansons (leur nombre grandissant d'ailleurs d'album en album), et non des titres instrumentaux.
S’il est toujours difficile de créer une setlist qui conviendra à tout le monde, l’idée d’un immense medley pour commencer est en tout cas une excellente idée. Offrir un condensé des meilleurs titres connus de Paul Gilbert pour chauffer à blanc la salle d’entrée, tout en permettant de faire découvrir en live par la suite les nouveaux titres plus longuement.
Paul Gilbert ressemble parfois a un petit enfant un peu dans son monde. Tantôt très à l’aise et autocritique en affirmant que s’il passe beaucoup de temps à préparer ses tournées et les titres qui seront joués, il ne réfléchit jamais à ce qu’il va dire au public, enchaînant ensuite avec une imitation de Paul Stanley de Kiss, que l’on sait être bien plus prolixe en live. Tantôt très timide, parlant tout seul en réaccordant sa guitare, en se bornant à un petit « Hey » et l’annonce du titre suivant.
Voir quelqu’un maîtriser son instrument avec une aisance déconcertante, tout en étant d’une gentillesse et d’une simplicité palpable, c’est là la magie Paul Gilbert. Et l’on ressort toujours de ses concerts avec l’impression d’avoir vécu un moment inoubliable, magique, tout en étant d’une étrange « banalité » au niveau de l’approche. La proximité de la scène et le côté « bons potes » des musiciens sur scène y joue beaucoup. Pas de distance, avec un Thomas Lang qui blague avec le public après un solo de batterie absolument démentiel, et les trois artistes qui échangent entre eux en rigolant sous les yeux du public amusé.
Encore une soirée réussie en compagnie de Paul Gilbert à propos duquel on peine à mettre en mots toutes les louanges que l'on pourrait faire. Je ne sais pas comment est l’homme derrière l’artiste, mais les quelques échanges avec lui et ses concerts laissent penser que ses qualités humaines sont à la hauteur de ses qualités musicales.
Setlist :
Massive Medley
One Woman Too Many
Everybody Use Your Goddamn Turn Signal
Blues Just Saving My Life
Enemies (In Jail)
I Can Destroy
Woman Stop
Better Chords
Solo de batterie
Technical Difficulties
I Am Not the One (Who Wants to Be With You)
Adventure and Trouble
SVT