Sólstafir + Radium Valley + Nordic Giants
CCO - Lyon
Depuis la fin octobre, les infatigables islandais de Sólstafir sillonnent les scènes européennes et mondiales pour promouvoir leur dernier et magnifique album Ótta. En cette fin janvier, les cowboys de Reykjavik posent leurs santiags en terres françaises : Nantes, Paris, Lyon & Toulouse. Après deux concerts à guichets fermés, au Ferrailleur et au Nouveau Casino, c’est au CCO de Villeurbanne d’accueillir cette grande pointure de la scène metal. En ouverture, deux formations sont programmées : Nordic Giants et Radium Valley.
Il y a déjà pas mal de monde dans la salle lorsque retentissent les premières notes de Nordic Giants. Le duo anglais accompagne Sólstafir sur une dizaine de dates européennes. Pour ma part, c’est la première fois que j’en entends parler, n’ayant même pas pris la peine d’écouter quoi que soit d’eux avant de venir. Surprise totale. La première chose qui étonne, c’est la mise en scène finement travaillée et inhabituelle, et pour cause, il ne s’agit pas de metal, mais d’une sorte d’ambiant/electro/tribal où la musique s’accompagne de la projection de films sur écrans. Les deux individus se font face, l’un est chargé de la batterie & de la guitare, le second au synthé, trompette, mixage, en alternance. Leurs costumes valent le détour d’ailleurs, mêlant plumes, ossements, peintures, presque shamanique. Leurs compositions sont avant tout basées sur la création d’ambiances, qui devient vite hypnotique dans cette obscurité, ponctuée à de nombreuses reprises par des stroboscopes. Bon, j’avouerai que ce style ne m’a réellement branché et ce n’est pas ce soir que cela va changer. Néanmoins, je salue leur originalité et leur concept car visuellement, c’est loin d’être inintéressant.
Setlist :
(Unknown)
Mechanical Minds
The Seed
Through a Lens Darkly
Néoténie
Together
Little Bird
(Unknown)
Outro
Le temps de changer le décor et de régler les balances, c’est au tour de Radium Valley d’entrer en piste. Même topo que pour le groupe précédent, à part le fait de savoir qu’ils sont français, j’ignore totalement tout d’eux, même au niveau du style pratiqué, c’est d’ailleurs bien là que va s’installer la désillusion en moi ; j’y reviendrai plus tard. Au morceau d’introduction, le concept m’a l’air tout à fait intéressant, introduisant leur set par une vidéo avec des images d’archives, avec un discours de Giscard d’Estaing, une vieille chronique météo…on comprend qu’il s’agit de l’événement de Tchernobyl. Pour le coup, l’intro est cohérente avec le nom du groupe, d’autant plus que les membres sont tous au presque vêtus en tenue militaire avec des masques à gaz. La mise en scène est plaisante, je me dis qu’on risque d’avoir affaire à une musique asphyxiante comme je l’aime ; le chanteur arrive ensuite et là patatras… une voix claire. Mais pas quelque chose de couillu genre Heavy Metal, mais plutôt un truc mielleux entre Neo/Emo/Gothic. Ça m’a fait le même effet qu’un soufflé raté : pfiou. J’ai rapidement décroché et préféré discuter Black Metal occulte avec mon voisin. C’est un peu le problème avec des concerts d’un Sólstafir qui fédère un public metal venant d’horizons différents, les premières parties ne peuvent pas plaire à tout le monde, ce fut clairement mon cas. Les goûts et les couleurs…
Setlist :
Radium Valley
Song of Rain
Sweet infection
Into the undergrounds
Behind Me
For all of us
Wings of disease
Si le public est venu en masse ce soir, c’est indiscutablement pour s’enivrer de Sólstafir. Svartir Sandar les avait élevés à un haut niveau de notoriété, Ótta les a définitivement assis au rang des meilleures formations. D’un viking Black Metal à leurs débuts, les islandais ont musicalement viré vers un post-metal/rock aux consonances uniques, envoûtantes, psychédéliques. Qu’on soit amateur de Black, de Death, de Heavy, de Doom et j’en passe, il est difficile de ne pas être touché par leur musique. Elle atteint directement cette sensibilité enfouie au plus profond de nous, Sólstafir, c’est un voyage, des hymnes aux grands espaces, à la mélancolie, un hommage à leur terre, avec cette touche rock’n’roll indélébile. Ils ont beau avoir écumé les salles depuis plusieurs mois, nos cowboys islandais apparaissent frais comme des gardons. On pouvait s’attendre à des attitudes de rockstar, eux qui ont désormais atteint la renommée mondiale, et bien pas du tout. Bien au contraire, cette proximité des musiciens avec leur public m’aura bien étonné ; le vocaliste Aðalbjörn Tryggvason n’hésite pas à aller au contact des spectateurs, poignée de mains, accolades, dialogues (et même présence au stand de merchandising après le concert !). Cela dit, c’est bien au niveau musical que l’intérêt est décuplé. Le quatuor nous a proposé un set de haute volée, avec leurs meilleurs morceaux… Ótta, Lágnætti, Djákninn, Rismál, Svartir Sandar…chacun d’entre eux a son histoire, ses émotions. Ils ont tous été interprétés avec talent, virtuosité et surtout avec passion. Le temps s’est arrêté l’espace d’une heure et demie tant l’hypnose était totale. Le public est sorti du CCO comblé, du moins c’était le cas pour ma part. Merci, merci pour cette expérience magique.
Setlist :
Náttfari (intro)
Köld
Lágnætti
Rismál
Ótta
Þín Orð
Dagmál
Svartir Sandar
Djákninn
Fjara (rappel)
Goddess of the Ages (rappel)
Une salle quasi pleine, une tête d’affiche magistrale, de belles mises en scène notamment au niveau des jeux de lumière…les ingrédients parfaits pour une soirée réussie. Merci à Dream Factory Music pour l’organisation et merci à tous les acteurs.