Nile + Krisiun @ Lyon
CCO - Lyon
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Sleap : Cela faisait respectivement trois et quatre ans que Krisiun et Nile n’étaient pas revenus fouler les planches de nos salles françaises. Dans le cas de deux groupes américains comme ceux-là, un tel délai entre deux tournées européennes peut sembler normal, mais pour ma part il a semblé durer une éternité. J’avais heureusement pu revoir Nile aux côtés d’Hate Eternal à Londres en 2019 pour ce qui restera l’un des meilleurs concerts de ma vie, mais en ce mois de novembre 2022 le manque se fait déjà plus que ressentir. Qui plus est, cela faisait 13 ans (depuis le fameux quadruple plateau avec Grave et Ulcerate) que Nile et Krisiun n’avaient pas tourné ensemble en Europe ! Ni une ni deux, je décide donc de tailler la route depuis Montpellier pour aller revoir l’un de mes groupes favoris en terres lyonnaises.
Krisiun
Sleap : Mon arrivée tardive sur les lieux ne me permet pas d’assister aux premières parties. J’investis donc le CCO de Villeurbanne alors que résonnent les premières notes du classique « Kings of Killing ». Je n’avais pas remis les pieds ici depuis au moins quatre ans et c’est un vrai plaisir de retrouver cette salle. Les premiers rangs sont bien remplis mais il faut reconnaitre que l’affluence n’est plus du tout la même qu’auparavant pour des plateaux death metal de cette qualité. Qu’à cela ne tienne, je me faufile sans difficulté jusque dans la fosse et constate que celle-ci est déjà bien animée.
La setlist du jour traverse un peu toutes les périodes de la discographie des Brésiliens. J’ai évidemment une préférence pour la première moitié de carrière mais les nouveaux titres interprétés ont l’air de faire mouche au vu des réactions du public. Je constate d’ailleurs que l’essentiel du petit mosh pit central est constitué de beaucoup de jeunes. Malgré l’affluence moins importante qu'à l'époque pré-covid, on peut au moins se réjouir du relatif renouvellement du public. J’apprécie particulièrement l’énorme « Apocalyptic Victory » (pour moi le point d’orgue du concert) mais aussi l’excellent « Hatred Inherit » joué en final. Je suis tout de même très étonné de l’absence de « Black Force Domain » pour clore le set.
Sur une note moins positive, le jeu de lights est ce soir assez désagréable. Les spots latéraux sont poussés au maximum et ne font qu’osciller de haut en bas pendant tout le show, éblouissant ainsi tout le monde par intermittence sans que ce soit non plus du stroboscope – ce qui au moins collerait aux blast épileptiques du batteur. Ce dernier est toujours aussi impressionnant avec son jeu ternaire si typique de cette école death metal sud-américaine. Et plus globalement, je suis toujours admiratif de voir ce power trio – trois frères, ne l’oublions pas – intact après plus de trente années de carrière et une douzaine d’albums au compteur. Éternel respect ! Le set est un peu trop court à mon gout mais le guitariste nous tease déjà pour la tête d’affiche en jouant un riff à gammes orientales. La descente du Nil est à présent inévitable…
Nile
Sleap : Depuis le départ du frontman Dallas Toler-Wade – dont je ne me suis qu’à moitié remis –, le line up de Nile ne cesse de changer, du moins en live. Après Brad Parris et Brian Kingsland, ce sont donc deux autres petits nouveaux, Scott Eames et Julian David Guillen, qui viennent occuper les postes de second guitariste et de bassiste, mais tous deux épaulent également Karl Sanders au niveau des vocaux. Et même si c’est encore leur baptême du feu, les deux jeunes se débrouillent fort bien tant au niveau de l’interprétation que de l’attitude scénique. J’apprécie particulièrement le sérieux de Scott Eames en tant que frontman. Tenue noire très sobre, facies imperturbable mais regard perçant. Ses vocaux sont tout de même un peu en retrait dans le mix global, tout comme ceux de Karl d’ailleurs, dommage. Est-il besoin de dire encore quelque chose du jeu impérial de George Kollias ? Il s’agit toujours d’un de mes batteurs préférés et, au fil de mes live reports, je pense avoir fait le tour de tous les éloges possibles le concernant. Je note tout de même ce soir son jeu de double ride pendant « Sarcophagus », du travail d’orfèvre !
Placé au premier rang, je n’ai pas de visuel sur ce qui se passe dans la fosse, mais quelque chose me dit qu’elle est en effervescence, notamment pendant le missile nucléaire « Lashed to the Slave Sticks » qui, d’après le frontman, est revenu dans la setlist car c’est un fan-favorite (bah oui, un peu mon n’veu) ! À mes côtés, un vieux briscard de la première heure – ayant vu Nile une trentaine de fois – ne perd pas une miette du jeu de guitare de Karl Sanders. Celui-ci ne manque pas de le saluer en évoquant leur date au Gibus en 1999 avant de congratuler le public français en général. Mis à part le moment fédérateur sur le chorus de « 4th Arra of Dagon », la setlist de ce soir reste malheureusement assez attendue. Quelques morceaux du dernier album et un du tout premier, mais mis à part ça ce sont toujours les sempiternels « Sacrifice unto Sebek », « Kafir! » ou « Sarcophagus». Je ne boude évidemment pas mon plaisir, mais j’avoue en avoir un peu marre d’entendre ces mêmes titres en live au fil des ans. Un peu de diversité serait plus que bienvenue, surtout en ce qui concerne la grande période des années 2000. Au-delà de ça, c’est une nouvelle fois un carton pour la bande à Sanders qui se retire sous les applaudissements après un classique « Black Seeds of Vengeance » d’anthologie. Même si ce n’est pas la meilleure fois que je vois le groupe, je souligne tout de même la performance d’avoir calé tous les titres du set en à peine une heure, là où cela prenait au moins une heure quinze lors des autres dates. Merci à Garmonbozia et Sounds like Hell pour l’organisation, à peine le concert fini il est déjà temps pour moi de reprendre la route direction Montpellier, eh oui on se lève demain !