Vormela Fest II
CCO de Villeurbanne - Lyon
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Pour notre plus grand plaisir, les concerts de metal extrême sont légions ces temps-ci sur Rhône-Alpes. Les hyperactifs de Dream Factory nous ont concocté ce samedi 8 mars un alléchant programme au CCO de Villeurbanne, pour ce Vormela Fest, deuxième du nom. Pas moins de huit groupes de quatre nationalités différentes, entre Black et Death Metal.
MALEPESTE
Les locaux de Malepeste ont la lourde tâche de lancer les hostilités, à 16 heures tout pile. Les habitués de la salle savent l’importance de tenir les délais ici, les spectateurs en feront d’ailleurs les frais ce soir. Notons le peu de monde dans le public pour accueillir le combo…
Les lumières virent au rouge, le groupe, dos au public, est prêt à l’assaut. Les quatre membres arborent une imagerie dans la plus pure tradition Black : clous, chaînes, corpsepaint…de quoi mettre dans l’ambiance. Les lyonnais nous délivrent cet après-midi leurs morceaux issus de leur dernier album Dereliction, paru en 2013, ainsi que deux titres inédits dont un qui figurera prochainement sur un split avec Krowos. L’atmosphère se veut lourde, pesante, voire oppressante, par cette musique globalement mid-tempo. Ce côté maladif et tourmenté me rappelle par moment Nahar, une comparaison synonyme de qualité pour ce qui me concerne. Une formation à suivre avec attention à l’avenir. Pour la petite histoire, c’est avec leur seule production que je repartirai du merchandising pour cette soirée.
Set-list : Dereliction (White Part) // Waiting For // Cosmic Crypt // Metaphysical Delirium // Untitled
REGARDE LES HOMMES TOMBER
A peine quelques minutes après la fin de Malepeste, on enchaine sur une autre formation française : Regarde les hommes tomber. Leur nom plutôt atypique, est à l’image de leur musique, défiant le cadre ultra-normé du Black Metal. Avec pourtant un seul album éponyme paru l’année dernière, les français se sont rapidement faits un nom dans la scène française. Les différents membres ne sont cependant pas totalement sortis de nulle part. Leurs origines respectives expliquent sans doute cette mixture sludge / post-Black Metal, quelques uns étant issus d’un groupe de Hardcore (Tromatized Youth), tandis que le chanteur provient d’une formation plus connue d’entre nous : Otargos. Cette croisée des genres donne à leurs compos une toute autre approche, que les cinq musiciens sont venus nous présenter aujourd’hui.
Les premières minutes, nous pensons tous que le gars des lights a déserté son poste, le groupe jouant dans la totale obscurité. On se rendra compte au cours du temps que c’est une volonté assumée des cinq musiciens de jouer dans la pénombre. Les différents photographes de l’assemblée auront d’ailleurs apprécié le challenge offert par la horde ! Quoiqu’il en soit, le groupe prend son temps pour développer ses ambiances, montant crescendo, jusqu’à atteindre un côté extatique. Ils nous proposent ici l’interprétation de la totalité de leur seul album, rondement bien mené. Une bonne surprise pour ce qui me concerne.
Setlist : Prelude // Wanderer Of Eternity // Sweet Thoughts And Visions // Ov Flames, Flesh And Sins // Regarde Les Hommes Tomber // A Thousand Years Of Servitude // The Fall
DARKEND
La troisième prestation de la soirée est assurée par les italiens de Darkend. Autant le dire tout de suite, nos amis transalpins ont redécoré la scène : têtes de mort, ferronnerie, symboliques sataniques, encens, chandeliers, bannières…la totale. A cet instant, je me pose la question suivante : « va-t-on avoir affaire à un groupe où tout est basé sur l’imagerie ? ». Les différents musiciens sont en place, une musique lugubre retentit, puis arrive le vocaliste Animae, vêtu tel le Christ ressuscité, dans un linceul maculé de sang, la couronne d’épines, les traces de stigmates sur les mains. Cela surprend, sinon amuse le public ; too much ? Peut être, cependant la formation a le mérite d’assumer et de proposer quelque chose. Et la musique dans tout ça me direz-vous ? Et bien les craintes formulées au début s’estompent rapidement, les italiens offrent un Black Metal mélodique, rapide, ritualistique, lorgnant parfois sur le symphonique, qui n’est pas sans rappeler les vieux Cradle of Filth, essentiellement au niveau du jeu de guitares. On regrettera que les parties de clavier soient jouées par un ordinateur placé sur la scène.
Pour cette soirée, Darkend nous propose quatre titres, trois étant extraits de leurs deux albums studio « Assassine » et « Grand guignol – Book I », ainsi qu’un nouveau morceau à paraître prochainement sur leur troisième opus. On aime ou on n’aime pas, il n’empêche que la cérémonie offerte par Darkend ne laisse pas indifférent.
Setlist : Mater terriblis // Doom- and then death scythed // Clavicula salomonis // Decrepitude - One last laugh beside your agonies
SVART CROWN
Le temps de débarrasser l’autel, voilà que s’installe les niçois de Svart Crown, qui eux n’ont besoin d’aucun artifice. Le quatuor, avec bientôt 10 ans d’existence au compteur, nous montre toute leur expérience de la scène. Nos compatriotes nous proposent un Black/Death sans concession, direct, avec des grattes lourdes et grasses, avec des influences Thrash. Assurément, Svart Crown souhaite foutre le bordel dans le public, malheureusement, ce dernier a du mal à répondre à l’appel, préférant écouter religieusement. J’avouerais pour ma part que leur musique n’est pas trop à ma convenance, mais bon on connaît l’expression : les goûts et les couleurs…
Setlist : Manifestatio Symptoms // Genesis Architect // ?...
SETH
C’est maintenant au tour de Seth de monter sur scène. Le groupe fait un peu partie des murs du Black Metal français, avec bientôt 20 ans d’existence. Tout le monde a en tête leur album de 1998 « les blessures de l’âme », c’est d’ailleurs le seul que je connaisse de leur discographie, pour ce groupe mort en 2005 avant de renaître de ses cendres en 2013 avec leur opus « The Howling Spirit » paru chez Season of Mist. J’en étais donc resté à leur Black mélodique/sympho. Le changement est plutôt notable, on a affaire ici à un Black Metal relativement commun, à tel point que j’ai trouvé ça plutôt linéaire. Les quatre membres nous ont envoyés neuf titres, piochés sur leurs différents opus. A part quelques bons passages, je dois me résoudre à rester indifférent devant leur prestation, il y a des jours comme ça…
Setlist : In aching agony // Let me be the Salt in Your Wound // Addicted to Psychotropic Angeldust // Ten barrels // Die weihe // Scars // Kill my eyes // Acid Christ // Umbilical cutting
AZARATH
Alors là, on peut dire que je les attendais de pied ferme. On ne pense par forcément à eux lorsque l’on évoque le Death Metal, pourtant voilà bien une quinzaine d’années que les polonais répandent leur venin sur la scène avec leurs cinq albums studio, tous de bonne facture. Pas mal de remaniements depuis leur début, mais toujours cette envie de bien faire. Et pour ce soir, ils ne vont pas déroger à la règle. Nos quatre compères envoient littéralement la sauce, c’est brutal, carré, direct, sans concession. Ca part dans tous les sens, avec un Stormblast des grands soirs derrière ses fûts, officiant également chez Infernal War, tandis que Necrosodom (guitare / voix) semble complètement possédé, levant les yeux au ciel pour ne faire apparaître que ses orbites blanches. Quelle puissance délivrée par le combo, malsain à la Belphegor, technique à la Krisiun, les dix titres joués sont passés à la vitesse de la lumière. Grosse claque dans la gueule !
Setlist : Supreme Reign of Tiamat // Baptized in Sperm of the Antichrist // Beast Inside // Firebreath of Blasphemy and Scorn // christscum // Holy Possession // Devil's Stigmata // Whip the whore // Azazel // Legacy of Tyrant Goat
THE RUINS OF BEVERAST
Eux aussi on pourra dire que j’étais impatient de les voir se produire ce soir, moi qui suis un inconditionnel du groupe depuis longtemps, chacun de leur album étant un chef d’œuvre. Derrière The Ruins of Beverast se cache en réalité une seule entité, le génie Alexander Von Meilenwald, homme à tout faire, maître à penser et exécutant de chaque opus. Pour les prestations live, celui-ci s’entoure de plusieurs musiciens issus de groupes allemands plus ou moins réputés : G.ST à la basse (Essenz), Helvegr à la batterie (Kathaaria) et Arioch (Secrets of the Moon).
Mais dès le premier morceau, stupeur en ce qui me concerne. Je trouve les balances pas du tout adaptées : la guitare écrase tous les autres instruments, la voix d’Alexander est juste inaudible et le clavier trop en retrait. Ces réglages seront par la suite un peu améliorés par l’ingé son, mais cela reste bien en deçà de mes attentes, j’ai beau aller dans les quatre coins de la salle pour vérifier, pas mieux. Ca me fait du mal de dire ça, mais leur prestation fut juste pénible, leur musique pachydermique a bien eu du mal à se fondre dans le programme de la soirée. Complètement écœuré je fus à l’issue du show. Je me rends à l’évidence : pour ce genre de groupe où tout est basé sur les ambiances, rien ne vaut d’écouter leur production tout seul chez soi afin d’apprécier à leurs justes valeurs les qualités de compositions. En live, ça ne passe pas. Du moins, ce ne fut pas le cas ce soir. Grosse déception…
Setlist : Apologia // Daemon // I Raised this Stone as a Ghastly Memorial // ??...
AETERNUS
L’heure tourne, il faut vite enchainer. Nous avons l’honneur d’accueillir ce soir en tête d’affiche les norvégiens d’Aeternus, vieux briscards avec 20 ans d’âge au compteur. Officiant dans le Black Metal à ses débuts, la horde joue désormais dans le registre Death Metal. La bande à Ronnie n’a cependant rien perdu à sa fougue, à l’instar d’Azarath, les musiciens envoient également du steak. Le son est excellent, un véritable mur auditif, mettant en valeur le répertoire sélectionné pour ce soir. La plupart des albums de la riche discographie est passée en revue, avec une part belle pour leur dernier opus « ...and the Seventh His Soul Detesteth » (trois titres). A vrai dire, cela fait des années que je ne m’étais plus intéressé aux productions du groupe, leur revirement Death ne m’attirant guère. Mais autant le dire, nos amis scandinaves nous ont mis là une bonne fessée, c’est pro et accrocheur. Je salue au passage ce courageux (et imbibé) slameur qui, avec un public clairsemé, a réalisé un magnifique saut de l’ange sur le carrelage, R.I.P.
Au CCO, on ne rigole pas avec l’heure. 23h30, alors qu’Aeternus s’apprête à jouer son avant-dernier morceau, la salle s’éclaire et on leur informe que leur show doit s’arrêter. Voilà qui n’est pas très respectueux pour un groupe qui s’est déplacé de loin, même si Dream Factory n’est pas responsable de cela. On soulignera au passage que l’organisateur a, tout au long du festival, écourté la setlist de quelques groupes pour rentrer dans les délais, ce fut notamment le cas d’Azarath, TROB et Aeternus. Au final, Aeternus a pu jouer 80% de son programme, pas de quoi crier au scandale non plus, n’en déplaise à certains.
Setlist : There's No Wine like the Blood's Crimson // The confusion of tongue // Descent to the underworld // The lair of Anubis // There will be none // Sworn revenge // ...and the Seventh His Soul Detesteth
Malgré cette fin en queue de poisson, on retiendra la bonne prestation générale des acteurs. On regrettera cependant la faible affluence au CCO, au maximum 200 entrées. Il y a un mois, Behemoth faisait salle comble avec une salle pleine à craquer (550 personnes). Merci aux groupes et à Dream Factory de nous avoir pondu cette affiche ! En espérant avoir un troisième volet du Vormela l’année prochaine…
Pour les photos, ça se passe ici :
www.u-zine.org/photo.php?id=368