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Après avoir été les chantres d’un power metal rapide mais sensible, Sonata Arctica a évolué ces dernières années vers un metal plus progressif, relativement plus lent sans pour autant abandonner ce qui a fait la réputation du groupe : une solide base rythmique, un clavier lead et des soli de guitare mis en avant mais surtout une musique par et pour Tony Kakko. Comme dans chaque carrière d’un groupe, un virage musical, aussi limité soit-il, entraîne son lot de nouveaux fans tout comme d’anciens fans désabusés, dont je fais partie. Après deux albums The Days of Grays et Stones Grow Her Name qui m’ont laissé de marbre, j’ai été réveillé dans ma torpeur par les déclarations du groupe : le prochain album sera un retour aux sources. Or, il y a certaines déclarations qui ne laissent jamais présager quelque chose de bon. Lorsqu’un groupe a une longue ou relativement longue carrière derrière lui, et qu’il a petit à petit changé son orientation musicale, il ne faut jamais, Ô grand jamais, croire l’affirmation qu’ils vont sortir un album « retour aux sources ». Encore une fois, Sonata Arctica nous a fait tomber dans le panneau en nous ressortant le loup sur leur pochette, des couleurs familières et quelques effets d’annonce. Et pourtant, non, chers lecteurs, Sonata Arctica n’est pas revenu à son power metal rapide d’antan qui a fait sa renommée et mon amour pour leur musique. Et ce à plusieurs titres.
D’une part, bien que certains passages nous rappellent vaguement que le groupe peut encore accélérer les tempos, la musique reste dans la veine de leurs derniers albums avec des hymnes, des refrains fédérateurs mais des rythmiques globalement moins soutenues qu’auparavant (on aura même le droit à des riffs très rock n’roll sur Half a Marathon Man, une ballade sur Love et globalement des rythmiques aux tempo modérés même quand Tony chante de manière dynamique comme sur Cloud Factory).
D’autre part, le groupe a définitivement fait une croix sur sa période mélancolico-tristo-dépressive. Car il faut bien l’avouer, malgré quelques leads endiablés, les premiers albums étaient tout de même teinté de spleen. On peut penser à des titres comme The Power of One, My Land ou d’autres qui, même sous l’apparence de titres joyeux n’en étaient pas vraiment (San Sebastian, Wolf and Raven, etc.), voire même la période Unia.
Ici le groupe nage dans un bassin de guimauve pendant tout l’album. Alors, comme nous le verrons ensuite, je n’ai que très peu de reproches à formuler sur le rendu global. La production est excellente, Tony n’a probablement jamais aussi bien chanté (fini la voix qui déraille un peu dans certaines envolées inutiles façon reprise de couplet après le break de My Land), le jeu de guitare est légèrement simplifié mais très carré et dynamique. Bref, en soi, cet album est tout sauf mauvais. Mais ce changement d’attitude du groupe, d’une musique aux sentiments variés à une musique très enjouée ne me sied guère. L’exemple de Cloud Factory, le single, est flagrant. Le titre est joyeux, entrainant avec un refrain entêtant et c’est assurément un titre agréable. Mais, déjà, je ne suis pas certain de sa durée de vie. Et, surtout, on se croirait sur la bande son du prochain Disney : « There is a factory clouds are made in - They make ‘em big and blue » : vraiment ? Vraiment Tony ? Et cette impression est renforcée sur le titre Half a Marathon Man où Tony répète durant tout le titre : « Life is Beautiful ». D’ailleurs, les paroles de cet album sont d’une mièvrerie rarement atteinte par le passé. Je pense que ce dernier titre va bientôt remplacer « It’s a small world » dans la maison des poupées de Disneyland. Il faudrait vraiment que Tony arrête son trip « magie de l’enfance » / « rêve d’enfants ». Je pense qu’il en a fait le tour.
Au-delà de ces éléments qui relèvent de ma pure appréciation personnelle, il faut tout de même reconnaître que l’album est loin d’être mauvais. Côté instrument, le travail de Pasi Kauppinen à la basse est agréable bien qu’un peu en retrait malgré un joli plan tapping en début d’album, ELias à la guitare fait un travail honorable avec quelques riffs sympathiques comme le très Rock n’Roll Half a Marathon Man ou très power sur Blood. Et Tony nous offre une très belle performance que ce soit dans les titres toniques comme ceux qui reposent quasi exclusivement sur ses épaules (Love notamment). Côté production le son est clair, très défini et surtout le travail d’orchestration et globalement de construction des titres (notamment sur X marks the spot) est très poussé. Le groupe a toujours peaufiné ces albums et là il est difficile de trouver beaucoup d’éléments à leur reprocher. Par ailleurs quelques titres, bien que tout sauf teinté power métal (ce qui avait été en partie annoncé), sont très appréciables. Je pense notamment à la sensible Love, l’épique Larger Than Life, la très progressive Larger than Life où la déjantée X marks the spot.
Au final la note ne peut qu’être moyenne. Certes il s’agit objectivement d’un album de bonne facture, riche car varié mais la déception d’un faux retour aux sources et un album trop mièvre me font douter de sa longévité et du réel rendu live. Si le groupe continue d’évoluer et de murir malgré des apparents enfantines, on aurait aimé que le groupe sorte un peu de son monde féérique et retourne à la réalité.
1 - The Wolves Die Young
2 - Running Lights
3 - Take One Breath
4 - Cloud Factory
5 - Blood
6 - What Did You Do In The War, Dad?
7 - Half A Marathon Man
8 - X Marks The Spot
9 - Love
10 - Larger Than Life