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2012 marque le retour de Neurosis en studio et, avec lui, les migraines du chroniqueur qui va devoir passer de longues heures d'écoutes et de réflexions pour répondre à la question la plus importante qui soit : Est-ce que cette nouvelle mouture intitulée Honor Found In Decay des Américains est au niveau d'une discographie sans faute majeure depuis ses débuts ? Vous imaginez bien que si je pose cette question dès l'introduction, c'est que moi-même, je suis passé par tous mes états comme pour une grosse partie des albums que j'ai aimés.
Dans un premier temps, c'est plutôt de l'indifférence qui se dégage des écoutes parce que Honor Found In Decay ne contient pas des passages qui vous soufflent rapidement comme ça pouvait être le cas du riff principal de « Given To The Rising » - Pour vous faire rentrer dans un album, il n'y a rien de mieux. A contrario, ce nouvel album est plus proche d'un A Sun That Never Sets qui ne se laisse dompter qu'après un gros travail au corps. Le titre d'ouverture « We All Rage In Gold » passe tout seul sans ennuyer mais sans sommet non plus. Pourtant, il émeut sans que l'on comprenne vraiment ce qu'il s'est passé. Il n'y aura que la fin de « At The Well » qui ressortira du reste (« In A Shadow World »). Il est alors facile de transformer cette indifférence en une grosse déception qui nous permettrait de déverser notre haine du monde à la gueule d'un Neurosis vieillissant. A l'image du seul album de Shrinebuilder dans lequel est présent Scott Kelly, il y a un sentiment de mollesse qui se dégage des compositions comme si Neurosis acceptait son destin de devenir un groupe de séniors - pour être politiquement correct - tout en affichant de la mélancolie plutôt que de la rage. Les Californiens n'ont plus la volonté de changer le monde avec rage mais se décident à l'accepter avec beaucoup de regrets. Les influences Folk tristounettes de Steve Von Till et Scott Kelly se sont rarement autant faits sur un album de l'entité Neurosis.
On se rend compte que si Neurosis n'a pas vraiment décidé de nous surprendre, il n'en est pas moins un groupe encore au dessus de la moyenne capable de proposer des morceaux qui vous feront frémir bien que Honor Found In Decay ne contiennent pas de classiques en puissance à l'exception de « My Heart For Deliverance » qui devraient rester dans les setlists du groupe un long moment grâce à sa singularité avec son final empli de plénitude (la narration rend merveilleusement bien), ce qui semble quand même incroyable pour un tel groupe. Les détracteurs iront même jusqu'à parler de mièvrerie, ce qui est injuste vu la profondeur du morceau. A force d'acharnement sur la bête, on se rend lentement compte que les quatre premiers morceaux tiennent largement leur rang (L'explosion sonore par dessus les rythmes tribaux de Jason Roeder sur « Bleeding The Pigs » est un grand moment bien qu'un peu prévisible pour du Neurosis). Je suis plus mesuré sur les trois derniers titres qui sont au dessus de beaucoup de morceaux dans le même genre mais qui paraissent laisser des Californiens en roue libre n'ayant plus envie de percuter l'auditeur. Ce n'est d'ailleurs pas anodin si le groupe n'a joué que les quatre premiers morceaux lors de son show pour présenter l'album en terre britannique...
Dans l'ensemble très plaisant voire excellent (« My Heart For Deliverance »), Honor Found In Decay laisse un goût d'inachevé d'autant plus grand qu'il s'est fait attendre cinq longues années. Il possédera le titre honorifique du moins bon album de la carrière de Neurosis. Mais quand même, bien que vieillissant, Neurosis vous fera plus d 'effets que d'autres groupes de Post-ce que vous voulez.
1. We All Rage In Gold
2. At The Well
3. My Heart For Deliverance
4. Bleeding The Pigs
5. Casting Of The Ages
6. All Is Found In Time
7. Raise The Dawn