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Le Post Rock et le cinéma ont toujours fait très bon ménage. En effet, cette musique aussi contemplative qu’introspective et où le chant n’est souvent qu’un instrument parmi tant d’autres, peut souvent être aussi prenante que certaines pièces de Musique Classique pour certains aspects d’un film. Pour preuve, ces dernières années, Sigur Ros a fait les beaux jours de plusieurs films comme Vanilla Sky de Cameron Crowe, La Vie Aquatique de Wes Anderson, 127 Heures de Danny Boyle et plus récemment, Nouveau Départ de Cameron Crowe, décidément un grand fan (et je ne cite pas tout, hein Audiard ?. Autant d’éléments qui n’étonnent pas que quand un jeune Suisse du nom de Julien Humbert Droz souhaite réaliser un court métrage Dernière Chasse, il fasse appel à Killbody Tuning pour travailler sa bande originale.
Killbody Tuning reste une formation relativement jeune qui a sorti un premier album The French Hunter en 2008 avant de participer au réarrangement de chansons du regretté Philippe Léotard afin de les jouer en live durant les représentations de la pièce Clinique De La Raison Close. Le groupe malgré son jeune âge et son nom rigolo qui pourrait lui jouer des tours, n’est donc pas dépourvu d’expériences pour le moins singulière pour le monde de la Musique. C’est bien pour cela qu’il n’a pas raté la marche mise devant leurs pieds par Julien Humbert Droz. Pour accompagner le film, vient donc la sortie d’un deuxième album au nom aussi déroutant qu’il est impossible à retenir 47°0’40.00‘’N/6°42’20.00’’E.
Si ce nom vous a fait perdre votre chemin, ce n’est pas le cas des Suisses qui délivrent un album qui ne sort pas des sentiers battus du Post-Rock et qui les empêchent de viser les places de groupes du haut du panier du genre qui, avouons-le, se mort un peu la queue. Le groupe ne cherche qu'à apporter un son et un surplus d’émotions sur des images. Dans ce sens, Killbody Tuning est bien efficace et ce n’est pas peu dire tant nous tenons, ici, certains des meilleurs hymnes de cette année de fin du monde aux travers de « Marker Of Change » et de « Bamberg ». La première est un des deux morceaux possédant du chant, féminin en l'occurrence, chose qui n'est pas si commune dans une formation de Post-Rock. Le chant de Valérie Leimgruber est exactement comme je les aime cherchant l'émotion plutôt que la virtuosité, la pureté plutôt que la justesse. En prime, il y a cette montée en puissance dans le final qui vous ferez aimer l'Humanité en à peine une minute. Quand l'homme est capable de créer de telles choses aussi merveilleuse, nous ne pouvons l'imaginer se morfondre (Ca a l'air d'être tout le paradoxe du court métrage). Oui ce genre de morceau tend à vous rendre naïf, à vous donner des frissons de bons sentiments. C'est un peu l'antagonisme d'un « Bamberg » aux rythmiques plus entraînantes, plus casse nuques, plus Metal en somme. Typiquement, le genre de morceaux, pourtant pas révolutionnaire, faisant mouche à chaque fois dans mes esgourdes. Il est le morceau le plus abrasif de cet album et son dernier riff mélodique s'apparente logiquement à un feu qui s'éteint petit à petit. C'est d'ailleurs, le moment opportun pour rendre hommage au travail sur le son des instruments qui rend l'ensemble terriblement humain.
Le reste de l'album est un peu en dessous des deux morceaux sus-mentionnés car si nous le voyons comme un album à part entière (ce qui est le cas, pour moi, tant que je ne mettrai pas la main sur le fameux court-métrage), 47°0’40.00‘’N/6°42’20.00’’E cherche plus à bien réciter ses leçons de Post-Rock qu'à chercher à se démarquer. Laissons leur le temps car cet album s'il n'est pas une perle, est très bon et nous montre le potentiel des Suisses que je trouve un peu bridé sur cet album. La formation me laisse penser qu'elle en a encore beaucoup sous le pied et qu'en avançant un peu, elle pourrait rapidement se bâtir une forte réputation. Pour essayer de me baser sur des faits, je trouve l'album un peu trop court et que la fin des morceaux arrivent un brin trop vite alors que nous venions tout juste de nous envoler ensemble. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si mon titre préféré est le plus long de 47°0’40.00‘’N/6°42’20.00’’E. Je ne sais pas vous mais j'ai bien hâte d'écouter la suite et voir dans quelle direction, ils s'engageront. Nous ne sommes pas à l'abri de surprises.
1. Ara Ubiorum
2. Seestrasse
3. Marker Of Change
4. Porta Capena
5. Bamberg
6. Mountain Home [E/5/1]
7. Muswell Hill