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Débuter, se lancer et finalement rédiger l’écriture d’une chronique d’un artiste tel que Samael se transforme chaque fois un peu plus en un périlleux exercice de style.
Si les termes expérimentation, innovation et évolution avaient un pair commun, Samael en serait surement le digne héritier.
Comment envisager un nouvel opus, le dixième plus précisément (si l’on inclut le purement avant-gardiste "Era One"), qui s’apprête à irradier de sa lumière le monde ("Lux Mundi") après avoir été introduit par le ep le plus décevant d’une carrière aussi prolifique que marqué du sceau d’un élitisme et d’une fervente éthique depuis sa genèse ?
Ils semblent désormais appartenir à un autre monde, une galaxie lointaine les instants purement black metal, simplistes, crus et stellaires de "Worship Him" et "Ceremony of Opposites". Les expériences spatiales, initiées par un clavier prenant le pas sur les guitares, des magistraux "Passage" et "Eternal", trouvant leurs limites sur le monstrueux" Reign of Light", aboutissement artistique complet, apparaissent néanmoins elle-aussi comme un passé déjà glorieux et parsemés d’étoiles bien que plus proche temporellement.
Et là où "Solar Soul" semblait dresser le bilan, l’heure d’une vision d’ensemble (quelque peu, voir complètement, décevante de ce manque flagrant d’identité), "Above" avait dévoilé le travail le plus animal, bestial, sauvage et hystérique du groupe. Les suisses semblaient alors sur un autre astre, s’évertuant à écraser ce qu’il restait d’humanité sur notre pauvre Terre…plus que jamais…la boucle semblai se boucler tout en laissant entrevoir un nouveau cycle, plus terrifiant et annihilateur encore…"Lux Mundi" pouvait voir le jour.
Comme nous pouvions nous y attendre, loin de s’apposer comme une continuité de l’œuvre précédente, "Lux Mundi" continue plutôt là où "Solar Soul" s’était arrêté, emportant ainsi son lot d’adhésion et de déception selon lequel des deux précédents opus, radicalement différents, vous aviez préféré.
La furie, la rapidité et le chaos s’est atténué, a même disparu pour retrouver les ambiances et atmosphères parfois arabisantes, égyptiennes ou caractéristiques des Dieux Olympiens propres à "Solar Soul". "Antigod", offrant son nom à l’ep préliminaire, est un représentant idéal du retour à cette orientation, sans grande inspiration, émotion ou vie. Seul le chant de Vorph, une nouvelle fois, surnage dans ce mix puissant mais lisse et curieusement linéaire.
Ce que l’on retrouve dans cet opus, c’est avant tout une forêt d’ambiances, d’atmosphères et de paysages si explicitement opposés qu’ils ne parviennent jamais à former une once de cohérence entre eux. Samael navigue entre différentes eaux, tentant de percer des velléités beaucoup plus sombres que sur "Above" ou "Eternal", mais perdant aussi l’impact de ces créations, et même, la plupart du temps, leur intérêt.
Chaque composition est opiniâtrement différente de son homologue, comme par volonté de se démarquer de ses congénères, sans prendre la peine, à un moment ou un autre, de s’unir pour former un ensemble cohérent. Les morceaux s’enchainent sans passion, sans vie parfois, du martial et très prévisible "Let My People Be" à un "Of War" semblant être un "Olympus" bis, en passant par un presque atmosphérique "Mother Night" que ne renierait pas les portugais de Moonspell. Mais toujours habillé de cette tenue maladroite et pesante d’arrangements superficiels, artifices inutiles dont Samael ne semble vouloir se défaire depuis quelques temps, reléguant loin derrière le minimalisme de ses œuvres précédentes.
Néanmoins, on retrouvera une bête rageuse et vicieuse quelques instants, particulièrement sur les brutaux "The Shadow of the Sword" et "The Truth".
Le premier, si son ouverture électronique peut surprendre, ne sera desservi que par une production bien trop lisse (proche du death mélodique suédois…) car surprendra de secondes en secondes, par cette narration vocale à la noirceur abyssale, ces arrangements catchy mais insidueux, ces accélérations de toms proche du blast et surtout de nouveau cette sensation d’être littéralement broyer et de suffoquer sous une créature horrifique, non pas bestiale, mais à l’intelligence glaciale, au poison lentement létal.
Quand à "The Truth", il est l’égal d’une attaque nucléaire, précise et incroyablement intense. Composition la plus rapide de l’album, reprenant exactement là où "Above" s’était arrêté, les blasts s’enchainent dans une tension palpable, comme si l’explosion de notre propre système était imminente. Les riffs, saillants et saignants, rendent l’atmosphère plus violente encore lorsque les claviers distillent des nappes malsaines et emplis de nervosité. La vie de la composition nous saute à la gorge, à l’instar d’une monstruosité vivante ne prenant pas le temps de nous contempler pour nous dévorer. La violence est soutenue, mais le ressenti l’est plus encore, tant cette ultime composition est jouissive et décevante à la fois.
Jouissive car elle est, intrinsèquement, un pur joyau. Décevante car elle est malheureusement incroyablement seule dans son cas…à tel point qu’on ne peut que penser à l’ampleur du résultat si chaque nouveau morceau avait été de cette ampleur, autant dans le fond que la forme.
Samael semble ici en pleine panne de créativité, comme ce fut le cas voici quatre ans. "Lux Mundi" n’apporte rien de plus, ou bien peu, à la discographie si riche et historique des géants suisses de l’extrême. Vorph et Xy, encore une fois âmes pesantes de cet opus, déclarent avoir eu la volonté de créer un énorme trou noir avec cet opus, comme le démontre d’ailleurs la très intéressante pochette de l’album. Ils ont partiellement obtenu le résultat qu’il désirait…mais probablement pas dans le sens désiré…un immense trou noir…
Evolution ? Non…juste un retour aux sources doté d’éléments bien connus (surtout) et d’autres nouveaux (bien peu…).
1. Luxferre
2. Let My People Be!
3. Of War
4. Antigod
5. For a Thousand Years
6. The Shadow of the Sword
7. In the Deep
8. Mother Night
9. Pagan Trance
10. In Gold We Trust
11. Soul Invictus
12. The Truth Is Marching on