
Raton et la bagarre #31
lundi 10 mars 2025
Amateur de post-musique, de breakdowns et de gelée de groseilles.
Il va falloir encore un peu attendre pour voir les prémices des albums de l’année. Fidèles à la coutume, janvier et février sont des mois assez calmes pour le hardcore, surtout meublés par des EPs de groupes à la popularité assise ou croissante (SPY, Darko, God’s Complex, Domain, Final Resting Place). Qu’à cela ne tienne, ça nous laisse le temps de digger pour des groupes plus underground et qui ne jouent pas le jeu du calendrier. Dans cet épisode, beaucoup de belles surprises, de nouveautés et de pépites, que je vous laisse feuilleter à votre rythme !
Coup D'état | Stick to Your Guns | Cohésion | Fatal Realm | God Complex | SPY | À Terre | GLOW | Final Resting Place | Lead Spirit | Mentions bonus
Coup D'état – What Happens After the Epilogue...?
Screamo – Canada (Tomb Tree)
Une fois n’est pas coutume, je me permets une petite entorse à la temporalité de la sélection avec un EP sorti en décembre dernier, mais que je n’ai pu rattraper qu’en janvier. Coup D’état est un tout jeune groupe canadien, formé par trois personnes trans en mars 2024 et qui n’a mis que 9 mois pour sortir un EP d’une qualité saisissante et qui vient incarner tous les tourments et l’impudeur du screamo.
Auto-qualifié de « real fake emo », le groupe compose une musique à la croisée de multiples références et scènes. Après une introduction jazzy minimaliste au piano, l’EP s’ouvre sur le screamo métallique de « New Hampshire Does Not Exist » et son excellent break émotif. On retrouve sur tout le disque des sensibilités prononcées pour l’emo des années 90 de Saetia à Indian Summer. Sur l’avant-dernier morceau, le saisissant « [] **** », j’y vois aussi beaucoup de Dreamwell. Quant à la conclusion, « A Promise From the Barrel of a .357 », elle nous transporte en plein territoire pop screamo avec des références appuyées à Thursday, Alexisonfire ou les premiers Underoath.
Malgré la jeunesse du groupe et de ses membres, Coup D’état propose un hardcore émotif d’une grande maturité, d’une finesse dans ses tournures musicales et des paroles parfois assez naïves, mais aussi avec des vraies fulgurances, comme sur « Head, Meet Pavement! » : « I guess I'll rot / in bed again / thinking of everything I could have been / I am my father's son ».
------
Stick to Your Guns – Keep Planting Flowers
Metalcore – USA (Sharptone)
Stick to Your Guns est un peu au hardcore ce que Volbeat est au metal, c’est-à-dire un groupe avec une grosse fanbase mais boudé par les irréductibles du style. En même temps, STYG est la représentation absolue du hardcore 101 : une énergie indéniable balancée sans grande direction, ni clair parti-pris esthétique ou instrumental. Ça n’en fait pas pour autant un mauvais groupe, mais il est compréhensible que les adeptes du hardcore n’y trouvent pas nécessairement leur compte.
Car si vous analysez le groupe à froid, rien n'est vraiment manqué, c’est jamais d’un mauvais goût criard, c’est juste un peu fade. Avec Keep Planting Flowers, les Californiens poursuivent dans la direction impulsée par True View en 2017 avec une métallisation de leur son, tout en gardant leurs réflexes mélodiques sur les refrains. L’album se déroule alors sur un modèle bien rodé : des couplets solides et efficaces et des refrains en chant clair qui se veulent fédérateurs mais qui sonnent juste datés à mes oreilles. « Spineless » en est le meilleur exemple, mais vous retrouverez aussi des refrains moyens sur « Invisible Rain » et « Severed Forever ».
Et pourtant, au milieu d’un d’un disque qui sent quand même beaucoup le réchauffé, on trouve une idée excellente. C’est sur le morceau « Who Needs Who » en feat avec les grands intellectuels de Terror, et qui propose un break qui a de grandes chances de finir au panthéon de fin d’année. Le titre dure 54 secondes donc si vous n’avez pas de temps à perdre, limitez vous à ça - et peut-être à la rigueur au chouette morceau juste après, en feat avec SeeYouSpaceCowboy.
------
Cohésion – Plagued by a Cancer Called Greed
Metalcore – France (indépendant)
Il y a un peu moins de deux ans, Cohésion offrait au monde sa première parution, A Hill to Die On, un EP puissant et authentique, témoin d’une véritable ferveur pour le hardcore métallique dans sa pluralité. Après l’EP, Cohésion a fait sa première date en première partie de Speed et Zulu (une aventure narrée par le documentaire de Violent Motion) puis s’est un peu baladé en France et en Belgique.
Ce qui me plaît beaucoup avec Cohésion, c’est la passion brute et sans filtre de ses membres principaux pour la scène hardcore et ses différentes chapelles. La musique du groupe est un metalcore bagarreur, nourri autant par la culture straight edge et positive hardcore (le très Magnitude « what we need is cohesion » scandé sur l’intro) que par le metalcore mélodique de la fin des années 90 et le edge metal, ceux qui tricotent des leads métalliques et des breakdowns batailleurs.
Sur ce Plagued by a Cancer Called Greed, on sent que les musiciens ont beaucoup écouté les sorties Ephyra des dernières années, que ce soit dans les leads épiques de guitare (« Dominion ») ou la petite touche gothique apportée par les claviers de « Chains of Inaction ». On le ressent aussi dans la grande variété des styles de chant de Josselin, le chanteur. J’aime particulièrement sa voix criarde, gobelinesque, qui rappellera l’évidence Kickback ou Arkangel. Sur « Chains of Inaction », on retrouve également le chanteur de Kibosh pour un feat particulièrement bien senti.
Alors que le mastering du premier EP était signé Brad Boatright, les Franciliens vont cette fois chercher un autre très grand nom de la scène, qui témoigne de l’influence de la scène floridienne sur Cohésion, en la personne de Anthony Burke (membre de feu xElegyx, Envision, Seed of Pain, Magnitude et derrière le son de beaucoup de tueries récentes, dont Despize, Impunity et Mourning en Europe). Un des nombreux points de détail qui font de cet EP, une sortie précieuse pour la pluralité et la vivacité de la scène nationale.
------
Fatal Realm – Demo
Brutal death metal pour coreux – USA (DAZE)
Sorti en août 2024, mais publié chez DAZE début janvier, la première démo de Fatal Realm est un bijou absolu de brutalité et de justesse dans l’agressivité. Si Final Resting Place a marqué le début 2024 avec son brutal death fait par (et souvent pour) des hardcore kids, c’est au tour de Fatal Realm d’entretenir le pont entre les deux scènes.
Car sur cette démo la forme a beau être brutal death, toute la sensibilité est beatdown. On se retrouve donc avec un festin de gourmets et le meilleur des deux styles : les blasts avec la caisse claire ultra tendue, les riffs en palm mute avec dissonance, le chant saturé dégoulinant en arrière du mix et les breaks saccadés d’homme des cavernes. Plutôt que de se perdre dans la référence voire le pastiche, le riffing comme les parties mid-tempo sont composés avec goût et intelligence (« Hammer of Heresy » en feat avec le chanteur de Cross of Disbelief). Car tout en s’inspirant de la porosité death metal - hardcore de la fin des années 90 avec des groupes comme Abnegation, Deformity ou End of One, Fatal Realm parvient vraiment à créer ses propres singularités et sa propre identité sonore.
Ça dure moins de dix minutes, donc une raison de plus pour mettre cette démo entre les mains des fans de Suffocation (le slam sur « Descent to Suffer » est absolument dément) et Ripping Corpse comme ceux de Bulldoze ou plus récemment Simulakra.
------
God Complex – He Watches in Silence
Metalcore – Angleterre (Sharptone)
Liverpool est plus que le foyer des Beatles et de l’accent le plus rigolo du pays, c’est aussi la ville d’origine de God Complex, un des groupes les plus prometteurs du metalcore britannique. En 2021, l’album To Decay in a Deathless World incarnait avec son metalcore dissonant rappelant Chamber une intéressante troisième voie entre le mathcore strident et le metalcore qui lorgne toujours plus vers les riffs death metal. Mais le groupe s’était séparé juste avant la sortie du disque et tout le monde s’était dit que la promesse s’arrêtait là.
Mais finalement, surprise, God Complex se reforme avec panache, signe chez Sharptone et annonce un EP, un peu plus de trois ans après la tombée du rideau. Le groupe déclare à propos de ce retour : « comme c’est un EP de reformation, nous avons estimé qu’il était important de faire les choses différemment [… d’éviter] une longue pré-production et […] d’embrasser le désordre et le chaos qui sont au cœur de notre son. […] une image plus juste pour cet EP est celle d’un animal acculé. Quelque chose d’un peu sauvage, dont l’instinct de survie s’exprime sans retenue. »
He Watches in Silence est en effet un EP beaucoup plus instantané que l’était l’album. Sur la même base metalcore, God Complex conserve de la dissonance mais ajoute des nettes influences deathcore dans le chant et les rythmiques (« Ba’al’s Trick » ou la fin dantesque de « Flooded Lungs »). Le morceau « The Judge » va même puiser dans une urgence et une pression grindcore pour la courte minute qu’il couvre. La présence de trois guitaristes ajoute inévitablement à ce caractère chaotique et massif qui démontre avec force que le groupe est de retour avec encore plus de pertinence qu’à son départ.
------
SPY – Seen Enough
Hardcore – USA (Closed Casket)
SPY finalement c’est quoi ? Un groupe californien dont les super deux premiers EPs avaient redémocratisé la partie punk du punk hardcore, avec une énergie furibonde, un son volontairement cacophonique et un chant aboyé du meilleur effet (d’ailleurs, n’oubliez pas que le chanteur était aussi le tout premier de Rings of Saturn). Malheureusement, SPY c’est aussi un premier album en 2023 vraiment raté qui perdait toute la dangerosité de sa musique, avec des riffs peu inspirés et une réelle sensation d’engourdissement.
Deux ans plus tard, retour au format EP avec des promesses engageantes comme le fait qu’il a été enregistré dans les conditions du live, sans passer par du piste par piste, afin de privilégier « une approche plus immédiate et viscérale », soit exactement ce qui manquait sur le LP. « On the Brink », le premier single et morceau introductif, était également bien efficace avec un ralentissement final plaisamment régressif.
Au départ, « Stay in Your Lane » maintient plutôt le rythme, avec un riff batailleur et lancinant, mais qui manque encore un peu de nervosité. « Dim » contient quelques mesures efficaces, puis le reste de la tracklist sombre progressivement. « Void of Passion » est ultra fainéant avec deux riffs parmi les plus outrancièrement basiques, suivi par l’insipide « Overlord » qui poursuit la dégringolade instrumentale, avant de conclure avec « Quit the Act », où le chanteur, jusqu’ici le seul pilier de menace, semble faire une parodie de Taz, le diable de Tasmanie.
De toute évidence, SPY n’est plus inspiré. Même si le dispositif d’enregistrement permet à l’EP d’être mieux que le flop qu’était Satisfaction, difficile de trouver de quoi s’enthousiasmer ici. L’écoute ne sera pas désagréable, mais vous n’y reviendrez très probablement jamais.
------
À Terre – Embrasser la nuit
Post-metal / Post-hardcore – France (indépendant)
« Et si le renouveau du post-metal venait de la Gascogne et du Pays Basque ? » Voici comment on est accueilli sur le Bandcamp d’À Terre. Cette promesse a de quoi intriguer, car s’il y a bien une scène où il faut actuellement souvent écumer des dizaines de disques pour trouver une seule pépite, c’est celle-ci. Depuis son âge d’or, le post-metal a une tendance à la redite et à la reconfiguration éternelle des mêmes thèmes. Mais À Terre ne veut pas être de ceux-là.
Je suis d’ailleurs bien obligé de leur reconnaître : le groupe ne sonne pas comme le premier venu et entreprend beaucoup pour se distinguer de la masse. Leur musique sonne exactement comme la rencontre entre Amenra et un chant screamo français à la Daïtro, une synthèse curieuse entre les textures et l’ampleur du post-metal / post-hardcore et une urgence hardcore maladive.
Mais à ce noyau, À Terre rajoute une myriade d’influences qui permet à chaque morceau d’avoir son identité distincte. « Prophétie » et « L’Appel de la nuit » sont les deux titres qui collent le plus à la tradition post-metal avec une instru très réminiscente de Cult of Luna sur le dernier. « ÂCÂB » (pour « Âmes condamnées âmes brisées »), le morceau introductif, propose des boucles synthétiques qui mènent à un premier riff au timbre saisissant de largeur et de puissance. Des touches industrielles parsèment aussi le disque, comme sur « Tous morts », pouvant rappeler le travail des beaux bretons de Fange. Puis il y a le fascinant single « Paris sous les tombes » et son leitmotiv en tapping, ainsi que le scandé et fédérateur « Nous sommes la nuit » avec son passage rappé qui évite le mauvais goût.
Toutes les influences électroniques, hip-hop et industrielles ne se mêlent pas de façon homogène et le chant de Grégoire Caussèque peut parfois être un peu répétitif (« Prophétie »), mais ça ajoute aussi à l’étrangeté séduisante de l’album. Embrasser la nuit est un disque avec une vraie identité, qui assume ses imperfections et son hyperactivité, en étant bourré de sensibilité et de volonté d’expérimenter avec un matériau pourtant usé jusqu’à la trame. Bravo le Sud-Ouest.
------
GLOW – Promo '25
Metalcore – Allemagne (indépendant)
Pas toujours besoin de douze titres, d’un concept et d’une promo bien anticipée pour bien chroniquer une sortie. Parfois le bonheur de la découverte aléatoire suffit. Et aujourd’hui, comme vous savez que la scène européenne est pleine de trésors, la découverte aléatoire nous emmène outre-Rhin avec un tout jeune groupe, formé en octobre dernier, GLOW.
D’ailleurs, fait très amusant, deux groupes s’appelant Glow et provenant tous les deux d’Allemagne ont sorti à cinq jours d’écart une toute première démo. Les premiers font dans le punk aux feelings oi un peu basique, mais les seconds livrent un hardcore métallique furibond et possédé. Clairement influencé par Dying Wish première période, dans toute sa dissonance et sa hargne débridée, GLOW n'a besoin que de deux titres pour faire montre de son talent et de son ambition. Chaque morceau tourne autour des trois minutes avec un cahier des charges scrupuleusement rempli, mais accordant une attention (justement) démesurée aux breaks et aux panic chords. Ça wee wee de partout et je suis loin de m'en plaindre. Les fans d'Iron Deficiency, Days Spent ou Divine Sentence y trouveront notamment leur compte (le groupe cite aussi Lifecrusher ou Force of Denial).
Avec cette demo prometteuse, GLOW veut placer sa marque sur le metalcore vieille école européen tout en abordant des thématiques militantes (« Leeches » parle de violence de classe et de répartition des richesses) et c'est sans surprise qu'on constate que leur première date sera avec la tournée Life Force, Moral Law et Escalate. Prenez donc le train en marche pour pouvoir dire que vous étiez parmi les premiers-es.
------
Final Resting Place – Bound by Affliction
Brutal death metal / Slam – USA (DAZE)
Je vous en parlais il y a cinq numéros, le premier EP de Final Resting Place avait été un carton plein pour qui aime la rencontre sanguinolente entre brutal death metal et hardcore beatdown. Le groupe est composé de membres éminents de la scène hardcore US actuelle (Simulakra, Sanction, Discontent…) et est la tête de gondole pour l’ouverture du label DAZE vers le brutal death (cf juste au-dessus avec Fatal Realm).
Presque un an pile après leur premier méfait, les Etasuniens remettent le couvert avec un deuxième EP expéditif composé de quatre morceaux et une intro. La recette est, à peu de choses près, globalement la même : un death metal sourdingue, brutal à souhait, avec un chant caverneux lointain dans le mix, des riffs sanguinolents, des basses boostées, une caisse claire extrêmement tendue et l’impression générale d’écouter une répétition depuis l’intérieur de la grosse caisse (« Forbidden Knowledge »). Final Resting Place s’amuse également toujours à prétendre être un groupe oublié de la période qui vit les premiers croisements entre brutal death metal et breakdowns hardcore. Sur Spotify, l’EP est donc renseigné comme sorti en 1999.
Mais là où c’était une influence moins prégnante sur le premier, les touches slam death sont plus marquées sur ce deuxième opus (« Burning Revelation »). Ça ne vient évidemment pas rendre le tout plus intelligent, mais au moins ça a l’effet escompté : faire froncer les sourcils et serrer les poings. A cet exercice, le morceau titre est absolument phénoménal avec un break bestial à 1:00, puis un second encore plus assassin à sa fin. Mais après les 13 minutes de durée (je vous avais prévenu, c’est pas du prog), il faut admettre que les compositions sont moins marquantes dans l’ensemble que sur Prelude to Extinction.
------
Lead Spirit – Lead Spirit
Hardcore / Youth crew – USA (From Within)
From Within Records est un label très sous-côté alors qu’il est très fort sur le hardcore étasunien et toute cette scène qui conserve l’énergie positive hardcore et/ou straight edge alors que la course aux breaks est plutôt la norme. Le label floridien avait sorti notamment dans les dernières années Envision, Burning Strong et les excellentes compilations One Scene Unity.
Après avoir sorti leur première démo en 2023, le label publie le premier EP de Lead Spirit, un très prometteur groupe du Nebraska qui vient émuler le youth crew straight edge des années 2000, avec un soupçon de hardcore mélodique au milieu. On pense directement à Wreckage, One Step Closer première démo, ou Berthold City. Même si ce n’est pas la chapelle du hardcore avec le plus de fidèles, Lead Spirit l’approche avec authenticité et surtout de très bonnes idées de riffs (« A New Fire »).
Lead Spirit enchaîne ses six titres avec une aisance déconcertante, conciliant maturité de composition et fougue intrinsèque au style. Difficile de ne pas être directement emballé par un titre comme « Diane » qui vient clore l’album avec trois idées à la minute, une réelle ferveur hardcore et l’immersion immédiate dans une salle blindée et surchauffée où les fans en tshirt trop large avec un lettering universitaire viennent multiplier les two-steps (« Release (Hounds of Hope) ») et mettre des kicks dans le faux plafond.
Pantagruels du hardcore, vous avez encore faim ? Et bien voici, je l’espère, de quoi vous rassasier :
Riffs façon crans d’arrêt et dangerosité metalcore début de siècle : c’est le retour de Domain après le très solide Life’s Cold Grasp. Avec un tout petit mais non moins excellent EP composé de trois titres, les Floridiens insistent surtout sur leurs influences thrash et j’en tiens pour preuve l’excellente reprise de « Propaganda » de Sepultura en guise de clôture. Avec ces morceaux, Domain témoigne de sa « solidarité avec la classe ouvrière et toutes les personnes marginalisées ». Carton plein !
Volcano revient avec un deux titres, TROIS ANS après la grosse tartine qu’était Fool 2 tha Game, sa première sortie. A l’époque, je disais à son propos, « le front au sol, Volcano avance les poings en avant ». C’est toujours le cas, avec cette inventivité dans les riffs qui lui permet de se différencier du tout venant du metalcore beatdown. Le morceau « Time and Distance » est excellent, c’est très stupide, j’ai si hâte de la suite.
Zegema Beach a encore sorti une pépite avec le tout premier EP de athousandangelsandseven. Le groupe de Denver fait dans le mathcore frénétique et insolent, très marqué par la scène white belt (mathcore + grind + sass). Ça dure 10 minutes et le chant perçant et anxieux de la chanteuse Elle Reynolds fait la grosse force du disque. Le label compare le groupe au premier LP de Closet Witch et c’est vrai que les deux partagent cette approche viscérale des musiques extrêmes et émotives.
J’ai aussi bien aimé le premier album de Vertex, groupe de Lyon qui produit une musique à mi-chemin entre Meshuggah et un mathcore moderne Gojiresque. Derrière les fûts, on retrouve un membre d’Hypno5e qui livre un gros travail, concurrencé par l’attention accordée aux riffs (« Leviathan »), qui ne sombrent jamais dans la démonstration stérile. Mention bonus au break barbare de « Next Age ».
Pour les plus malins-es d’entre vous, il y a le deuxième EP de Mongrel. Comme sur le premier, c’est du death metal pour fans de hardcore avec un chant rappelant celui de Max Cavalera. Moins beatdown que le premier EP, probablement plus metal, avec des solos stridents, c’est une solide proposition qui continue à revisiter le pont entre metal extrême et hardcore de pit.
Le metalcore mélodique tel que revisité par Balmora ou A Mourning Star continue à égrainer, cette fois avec un groupe de Newcastle, Pieces of Eden et un autre de Minneapolis, xSeraphx. Pour les premiers, c’est assez classique, bien fait, avec un chant saturé façon corbeau, des riffs volés au death mélo, des breaks sourds (« you turned away ») et des leads mélodiques parsemés. Les seconds sont un peu au-dessus, avec un metalcore straight edge particulièrement mélodique et nerveux, des compositions inspirées et une réelle énergie va-t-en-guerre.
Dans le côte plus lourd du metalcore, Flatspot Records fait du DAZE avec le nouvel EP de Day by Day. Metalcore beatdownisé de Floride, l’EP se déroule de façon très classique avec tout de même une ambiance horrifique et misanthrope qui n’est pas sans rappeler les prêches du Holy Terror ou la noirceur vicieuse d’un Kickback (« Until Then… It’s War »).
Les moins jeunes ont peut-être des souvenirs plaisants de Bleeding Through, groupe de metalcore mélodique californien grandiloquent qui avait sorti des albums remarqués début 2000s. Un neuvième album vient de paraître et c’est pas terrible, car malgré quelques bonnes idées, c’est du metalcore vieillissant, souvent ringard et pompeux.
Pour les diggers de la cinquième vague d’emo, un gros split réunissant des gros noms étasuniens de la scène vient de sortir. On y retrouve Aren’t We Amphibians, awakebutstillinbed, California Cousins et Your Arms Are My Cocoon. Le premier fait du midwest emo enthousiaste mais attendu, le deuxième assure le temps fort du split avec un midwest screamo très incarné, le troisième poursuit dans le même style un petit cran en dessous, et le dernier, star de l’EP, livre un morceau prévisible à la rencontre habituelle du screamo et de la bedroom pop.
A l’agenda du screamo européen, un split 100% italien avec Reverie et Put Pùrana vient de sortir. La partie des premiers est bien construite mais très classique, quant aux seconds ils continuent de développer un screamo intelligent, mouvant et sophistiqué, pas si loin de ce que font nos Birds in Row.
Les hyperactifs du screamo continuent à s’amuser avec une collaborationComa Regalia / Apostles of Eris, sous le nom de Coma of Eris. C’est du screamo goût screamo, le plus conventionnel possible, pas désagréable mais vraiment pas du tout prioritaire si vous voulez vous concentrer sur des sorties intéressantes.